Exivious - Exivious

Sorti le: 28/07/2009

Par Nicolas Soulat

Label: Autoproduction

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C’est toujours un véritable bonheur de saluer le coté prolifique de musiciens qui, dans le marasme ambiant, se réunissent afin de mettre à profit leur points communs. Ces escapades sont souvent l’occasion de faire plus ample connaissance avec des personnages aux talents multiples s’aventurant parfois plus ou moins loin de leur champ d’action habituel.

A regarder de plus près la constitution d’Exivious, il y a de quoi se lécher les babines et faire preuve d’une impatience toute justifiée à l’idée d’une telle collaboration, même si la rencontre semble presque incongrue. Les membres de Cynic et de Textures ne jouent pas vraiment dans la même catégorie et affichent des états de services singuliers pour les uns, ordinaires pour les autres. Mis à part Michel Nienhuis (ex-Sengaia), Tymon et Robin Zielhorst n’officient que depuis peu dans un groupe qui compte deux albums en dix-sept ans de carrière, tandis que Stef Broks et sa formation publient avec régularité et qualité des albums plébiscités.

Le propos s’adresse donc à un public averti et habitué à naviguer dans des océans tourmentés, aux mélodies particulières et imprévisibles directement affiliées au jazz fusion. Les structures complexes sont savamment développées et s’entrechoquent avec douceur sur quelques ambiances nappées de claviers et de sons clairs délicatement travaillés. L’indéniable classe des instrumentistes est mise en valeur par une production soignée et un espace sonore géré avec tact. Les instruments sont liés et dépendent intelligemment les uns des autres ; une prouesse pour un genre musical dont la tendance naturelle incite les musiciens à rester dans leur coin.

Mais alors, sacrebleu, s’agit-il ici d’un énième album de Cynic ou bien avons-nous un véritable mélange de deux genres distincts ? Question capitale car les influences guitaristiques et rythmiques hollandaises peinent au final à prendre le dessus face à la patte américaine. Dommage, vu le potentiel de composition dont peuvent s’enorgueillir les Néerlandais. Exivious parvient toutefois à affirmer sa propre identité par ses accents de riffs de guitare incisifs, ses soli posés qui s’éloignent avec brio du titanesque travail de Paul Masvidal, ou encore par la puissance et la droiture générées par les patterns de batterie.

Le terrain reste balisé et il faut bien se résigner à oublier d’éventuelles escapades ambiantes à la Ocean Machine au profit du jeu plus sensationnel d’un Alan Holdsworth. L’auditeur réussit ainsi et malheureusement à anticiper le contenu musical sans avoir à jeter une oreille au préalable sur l’album. Faible de cette imperfection, il faudrait cependant être fou pour ne pas se laisser bousculer par ce superbe premier effort, autoproduit de A à Z et qui reste une belle réussite riche en rebondissements.