Raimundo Rodulfo - Mare et Terra

Sorti le: 21/04/2009

Par Jean-Philippe Haas

Label: Musea

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Le rock prog’existe bien en Ouzbékistan, alors pourquoi pas au Venezuela ? C’est précisément dans ce pays d’Amérique du Sud que Musea est allé dénicher le guitariste Raimundo Rodulfo, qui défend avec Mare et Terra les nombreuses couleurs d’un progressif ensoleillé.

Cet album, conceptuel est-il besoin de le préciser, fait appel à tout l’attirail mélodique d’un art rock classique, à la fois complexe et aérien. La reine de cette fête colorée s’appelle Guitare. S’il est fortement marqué par des origines latines évidentes, le jeu de Raimundo Rodulfo parcourt bien d’autres horizons musicaux, acoustiques et électriques, et plus particulièrement le jazz. Le maître de cérémonie s’est entouré, comme sur ses deux précédents albums, d’un wagon entier d’invités. On retiendra la présence de Carlos Plaza, claviériste du groupe espagnol Kotebel, ainsi que la prestation rafraîchissante de plusieurs musiciens classiques. Les conversations entre la six-cordes et les instruments acoustiques, flûte, piano, violon, trompette et autres saxophones, renforcent le charme particulier de ce prog’mi-exotique, mi-canonique au sens « Colossus Project » du terme ! Raimundo Rodulfo figurera d’ailleurs sur le prochain épisode de la série, un quadruple (!) album basé sur « L’Enfer » de la Divine Comédie de Dante.

Les trente-six minutes d’ouverture (« Náufrago ») donnent toute la mesure de la richesse instrumentale développée sur Mare et Terra. Le chant en espagnol, discret et souvent bienvenu, est assuré par trois vocalistes et n’envahit jamais des titres essentiellement instrumentaux. Seuls « Libertad » et la première partie de « Thoughts » font la part belle au chant, et plus particulièrement à la voix de Pedro Castillo. Le disque s’ouvre avec douceur et chaleur, par les notes délicates d’une guitare et d’une flûte, et se referme dans un éclat de joie. Enlevé, sautillant, joyeux, « Thoughts » ravira tout autant les amateurs de Yes que ceux d’un néo-progressif festif.

Le seul regret concerne la production. Le mixage, irrégulier, déséquilibré, laisse parfois à désirer. Les instruments sont tour à tour trop et trop peu présents, à tel point que c’est à se demander parfois s’ils ne jouent pas chacun dans leur coin. Ce défaut n’apparaît heureusement qu’à quelques occasions précises et ne gâche pas outre mesure l’écoute d’un album aux multiples rebondissements.