Cigüe - Swallow the Pain

Sorti le: 13/04/2009

Par Jérôme Walczak

Label: Manitou Music

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Un chroniqueur a parfois une vie personnelle quand la patronne le libère après un stage commando de balisage obligatoire dans l’Essonne. Il lui arrive même d’avoir une vie sociale et d’avoir le temps (rare au demeurant) de boire un verre et d’écouter de la musique normale. Ce verre, il le but dans un bar relativement connoté où la musique qui règne habituellement laisserait n’importe quel lecteur assidu et mélomane à l’orée de la rupture d’anévrisme. Quelle ne fut donc pas sa surprise, au milieu de toutes ces lesbiennes glamour et gracieuses, de dénicher un flyer inhabituel vantant les mérites des ci-devant Ciguë, en évoquant des atmosphères indus, voire un rapprochement des plus probants avec Marilyn Manson ou encore Nine Inch Nails.

Un tantinet lèche-botte, le chroniqueur se hâta de propager la bonne nouvelle auprès de sa bien aimée patronne et il fut bien évidemment question de chroniquer la chose et donc de l’écouter. Et c’est là que le bât blesse. Une obligation : ouvrir son esprit, ses chakras, enfin, ouvrir tout ce que votre corps comporte d’orifices, il faut aérer la cervelle et se mettre en condition. La chose est, comment dire… Le seul mot qui vienne à l’esprit et qui va encore donner des spasmes à la correctrice serait « rigolote ». Oui, ils sont vraiment amusants, ces trois petits (enfin, deux petits et une petite), avec leurs sourires aussi primesautiers que ceux d’un Vladimir Poutine décidé à envahir la Géorgie. L’album est calibré, une introduction guillerette de quarante secondes et douze titres de trois minutes.

Ce n’est pas varié, loin s’en faut, c’est même carrément linéaire. Rien ne se détache, ça hurle bien, avec des effets de voix au vocoder et tout ce qui nécessite de postures ronflantes et jaillissantes. Mais la mélodie habituellement si chère à nos doux tympans est désespérément absente. En se renseignant un peu, on perçoit quelque influences de Rammstein ou Marylin Manson effectivement. On se croirait un peu dans un garage berlinois, et en prenant quelques acides, il est probable que ce curieux objet fasse un vague effet. Il y a encore du chemin à parcourir avant d’égaler les nobles influences sus-citées. L’écriture et la composition sont un peu trop rapidement menées. Les amateurs de cette musique en imperméable noir devraient y trouver un certain plaisir même si l’ensemble manque de consistance. Vous pouvez maintenant desserrer les fesses.