Gazpacho - Tick Tock

Sorti le: 13/03/2009

Par Jérôme Walczak

Label: HWT Records

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Avec Night, les Norvégiens se sont employés à mûrir et valoriser l’art de la mélodie mélancolique et nocturne. Depuis ce précédent album qui avait charmé par ses morceaux longs et reposants, dans lesquels la voix Jan Henrik Ohme s’intégrait de manière veloutée aux constructions simples et esthétiques. Tick Tock parachève ce mouvement. Bien plus construit et structuré, sa faible durée reste néanmoins imputable à la densité de l’ensemble. Une petite heure environ maos ô combien intense, où impressions, quiétude, douceurs et voyages s’entremêlent avec passion.

Le concept du disque est emprunté à Antoine de Saint Exupéry qui, dans Terre des Hommes, racontait son crash dans le désert du Sahara. Le champ lexical relate donc la solitude, l’ineffable du temps qui passe sans suspendre son vol et détruit comme chaque tic-tac de la montre qui nous rapproche de la fin. Tick Tock exprime ainsi le désir de mener sa barque seul et sans attaches. Cette dimension existentielle est parfaitement restituée dans un disque où chaque rythme est minutieusement travaillé et arrangé, où rien ne vient brutaliser l’auditeur qui gravitera ici dans des terrains déjà débroussaillés par Marillion et Essence, auquel ce disque fait songer.

Difficile de trouver des mots tant les écoutes réservent graduellement, à mesure qu’elles s’empilent dans nos esprits, leurs lots de surprises : les violons de Mikael Krømer accompagnent en toute discrétion chacun des volets de cette marche lumineuse et tranquille. La mélancolie qui nous submerge est ici positive, et Gazpacho, contrairement peut-être à Radiohead auquel ce groupe fait parfois penser, a su délivrer un élixir puissant et atmosphérique sans s’encombrer de rythmes bruyants ou dissonants.

Les amateurs de Marillion, Muse ou encore Steven Wilson (celui de « Lazarus ») seront comblés. Juste un dernier mot à l’attention de la rédaction : il est temps d’arrêter de nous envahir de bons disques, nos budgets ne vont pas suivre… Le rock néo-progressif a trouvé ici un met de choix à se mettre en bouche, et ce n’est pas du réchauffé… (oui, j’ai honte). Un grand et beau disque qui vient confirmer une résurgence certaine du néo en cette année 2009 !