Klaus Schulze - La vie électronique 2

Sorti le: 12/03/2009

Par Mathieu Carré

Label: Revisited Records

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Il est étonnant de constater à quel point la mis en valeur d’un objet peut changer la perception de celui-ci. Cette énième exhumation, pour une fois chronologique de l’œuvre pharaonique de Klaus Schulze aurait pu rapidement tenir du calvaire ultime. A coups de morceaux de dix minutes et de sonorités qualifiées de vintage par ceux qui vendent les disques et de ringardes par tous les autres, le musicien symbole de la musique allemande des années 1970 (comme Papa Schulz peut l’être pour son armée) aurait vite fait de dégouter les rares non aficionados qui croiseraient cet album.

Pourtant, en mettant en avant le visage poupin de Klaus Schulze et grâce à ce titre empreint de nostalgie, Revisited Records réussit presque à modifier la perception de cette « Kolossale » réédition de deux jolis digipack composé de trois disques. Pourtant, tous les poncifs de la musique électronique sont ici ressassés, des vibratos interminables de l’hyperespace aux pulsations irritantes, le tout dans un océan sonore à marée basse. On vibre peu, on se liquéfie. Parfois, quelques guitares supplantent agréablement les oscillations synthétiques, et parfois, on tombe dans une transe assez fascinante, voire dérangeante. Un certain plaisir, une certaine peur aussi, celle d’aimer cela, au risque de ne plus pouvoir en sortir. Pendant « Das Große Identifikationsspiel », on ressent cet aspect finalement très organique, vivant, presque religieux de la musique de Schulze, un homme qui a dédié son existence à cette œuvre singulière, pour effectivement en faire une vie électronique.

Que cherchait-il, au milieu de ces surexpositions, en innovant en même temps qu’il découvrait tout ce que ces « machines absurdes » (comme dirait William Sheller) pourraient faire pour lui ? A la fin de l’interminable voyage, et malgré les caractéristiques presque rédhibitoires de cette œuvre, il est difficile d’en écrire autant de mal qu’on l’envisageait. Sans doute avait-t-on trop pris l’habitude de voir en Schulze et sa musique quelqu’un qui ressassait maladroitement ses certitudes, alors qu’il ne faisait que poser des questions.