Alex Maguire Sextet - Brewed in Belgium

Sorti le: 10/02/2009

Par Nicolas Soulat

Label: Moonjune Records

Site:

Pour les amis réfractaires d’un jazz empressé de vous perdre dans des méandres d’improvisations difficilement accessibles pour celui qui recherche de la stabilité musicale, il est temps de se réjouir. Ce sextette fait manifestement parti de cette catégorie de virtuoses habiles, tant sur la composition que sur l’instrumentation. Sans aller jusqu’à affirmer que tout est ici simpliste, bien au contraire, les couleurs musicales sont tellement belles qu’on se laisserait mener par le bout du nez sans l’ombre d’un remords. Tout est à disposition pour nous faire swinguer sans complexe, nous captiver sur des ambiances de sulfureux cabarets rétro. Comme l’enregistrement s’est déroulé en live au De Singer en Belgique, il est d’autant plus aisé de se retrouver enivré par quelques fragrances chaudes et suaves, grâce aux résonances de la salle opérant quelques magies agréables mêlées aux efforts de nos érudits Belges.

Nul besoin de s’appesantir sur les qualités des musiciens puisqu’elles sont justes parfaitement retranscrites à l’écoute de ce disque. Le charme agit d’un bout à l’autre du concert, le métier transpire et les improvisations sont racontées et vécues avec grande conviction. Le mixage de Henk Weltecreden et la production de monsieur Maguire sont d’une grande efficacité, et malgré une basse un peu en retrait comparée aux incroyables attaques des autres instruments, les dynamiques attrapent l’auditeur sans erreur, ni faute de goûts : un vrai régal. Le propos musical est foncièrement varié. Les musiciens alternent entre discours intimistes et cadences prononcées (quelle section rythmique !), entre piano et saxophone puis envahissent l’espace sur des thèmes aux ritournelles entêtantes.

En revanche et pour trancher avec ces qualités indéniables, il manque ce petit goût d’aventure, qui aura tendance à laisser sur sa faim le plus averti des collectionneurs et autre vétéran des clubs. Si est tout est admirablement interprété, peu de démarques notables à souligner pour réellement parvenir au paradis de la nouveauté. La brèche ouverte par la présence des discrets claviers aurait, pour exemple, pu fort bien trouver sa place dans cette ambiance chatoyante sans pour autant tomber dans une caricature d’Alan Holdsworth ou même d’un Pat Metheny. Qu’importe, beaucoup de portes restent ouvertes et chacun y trouvera son compte, du jeune novice à l’expert grabataire. Bref, on écoute, on en parle après…