Aviva Omnibus - Nutcracker in Fury

Sorti le: 22/12/2008

Par Christophe Gigon

Label: Musea

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Aviva est le bébé du claviériste russe surdoué Dmitri A. Loukanienko qui nous avait déjà proposé, en 2006, un premier album sous le patronyme raccourci d’Aviva. Il était alors seul et s’était seulement adjoint les services de quelques mercenaires pour le seconder dans sa lourde tâche consistant à mixer l’influence non digérée de Emerson, Lake et Palmer avec la musique classique. Le résultat fut Rokus Tonalis, un album confondant de maîtrise mais péchant par une pénurie flagrante d’autonomie créatrice tant l’impression diffuse d’écouter un album inédit d’ELP était prégnante.

Deux ans plus tard, notre musicien venu du froid a constitué un vrai groupe (d’où le changement de nom de la formation) et nous propose rien de moins qu’une fantaisie musicale débridée inspirée de deux oeuvres majeures de la musique classique : Casse-Noisette de Petya Tchaïkovski et Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, le tout passé à la moulinette Planet X ou Dream Theater. Imaginez le topo : une débauche totale d’extravagances instrumentales flirtant dangereusement avec un mauvais goût qu’heureusement il n’aborde jamais vraiment. Le mélomane averti reconnaîtra ici ou là une séquence bien connue des œuvres classiques précitées ou des influences des maîtres du genre progressif classique qu’Aviva Omnibus se contente de citer. En effet, vous ne trouverez pas de parties clairement reprises, ni du ballet de Tchaïkovski, ni du conte de fée d’Offenbach. Le thème global (le concept, aïe, on ne devait pas le dire !) consiste en la suggestion d’un combat entre le Pouvoir et le peuple figuré par des poupées. L’ensemble est assez étonnant, il faut bien l’avouer et plus réussi qu’on ne pouvait le craindre. La production est « hollywoodienne » et les musiciens ne sont pas manchots, loin s’en faut. Des parties de chant et une certaine homogénéité de l’ensemble concourent à ne pas faire de ces neuf pièces une collection décousue de moments épiques casse-pieds.

Ce second album est plus intéressant que le premier même si très différent, tant dans sa forme que dans son propos. Les amateurs de metal progressif apprécieront à coup sûr. Les spécialistes de la musique classique, quant à eux, risqueront fort de faire la moue. Comme ils l’avaient probablement déjà fait dans les années soixante-dix quand ELP osa revisiter Pictures of an Exhibition de Moussorgski.