Psykup

22/12/2008

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Par Brendan Rogel

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Site du groupe :

CONCERT : PSYKUP

  Artistes : Mindslaved + Lethal Unraveling + S-Core + Psykup
Lieu : Bourges, 22 d’Auron
Date : 6 décembre 2008

C’est à Bourges, dans le 22 d’Auron que se sont rencontrées les scènes métalliques de Strasbourg, Toulouse et de la région Centre. Dans la salle, les quelques chanceux qui ont pu entrer dans la journée en même temps que les groupes ont pu assister à une entrevue de Ju et Milka, un peu écoeurés par l’effet internet, que ce soit à propos du téléchargement ou la critique facile des internautes sous couvert d’anonymat. Après quelques frayeurs pour les organisateurs, le concert commence donc bien à 20 heures 30 dans une salle moyennement remplie.

Mindslaved

Pour ouvrir le show, Mindslaved affronte le manque de public. Peu importe, les personnes présentes sont réceptives aux compositions pour le moins complexes et déstabilisantes, qui mélangent breaks inattendus et ambiances post hardcore du plus bel effet. Une musique très « cérébrale » qui ne parle pas forcément à l’ensemble des auditeurs, mais le groupe compense par un dynamisme flamboyant, occupe au mieux la scène et se met en quatre pour chauffer le public. L’énergie et l’imbroglio technique de Dilllinger Escape Plan semble avoir contaminé la formation tourangelle, à l’instar du chanteur (évidemment plus chétif que Greg Pucciato), véritable électron libre pendant les quarante cinq minutes du concert. Il ne manquait qu’un son propre, réellement indispensable pour saisir au mieux une musique aussi riche. Le quintette gagnerait en outre à être plus ramassé et sobre dans ses compositions. Même s’ils tombent pour le moment dans le piège du déballage technique, il est clair que leur volonté est de se repousser eux-mêmes dans leurs derniers retranchements. Et rien que pour cela, ils méritent d’être salués.

Lethal Unraveling

Second groupe local de la soirée, Lethal Unraveling officie dans un hardcore bien plus simpliste mais ô combien efficace. Au micro, une demoiselle au coffre impressionnant qui ne ménage pas ses poumons ! Passé ce détail, la musique de la jeune formation se démarque par une section rythmique très fleurie. Mention spéciale au bassiste qui arrive à groover à la façon de Marcus Miller dans les passages les plus violents. Un groupe qui fait déjà preuve d’un certain savoir-faire, dont il ne manque plus qu’à tirer un peu moins certains riffs sur la longueur et à s’affranchir de ce hardcore parfois trop conventionnel.

S-Core

La première tête d’affiche de la soirée, S-Core, apparaît à 22 heures. Toujours au rayon hardcore encore plus sommaire, il faut leur concéder qu’ils en maîtrisent les règles à la perfection. Surtout que ces Strasbourgeois bénéficient d’un son massif qui leur permet d’être efficace. Massif, c’est bien le mot qui vient à l’esprit quand on voit le gabarit de ces musiciens taillés comme des bûcherons. Ils ont d’ailleurs profité de leur succès ce soir-là pour reprendre « Roots » de Sepultura. En bref, S-Core n’avait peut-être pas sa place sur l’affiche en raison de son cruel manque d’originalité mais cela ne les a pas empêchés de se faire acclamer par le public berruyer.

Psykup

Setlist : Your vision – Love Is Dead – My Toy My Satan – Do It Yourself – Birdy – Rock’n’roll Assistance – Libido – Rappel : To Be (tray) – Color Me Blood Red

Peu avant minuit, le dernier groupe monte sur scène. Ne pas se fier aux apparences, les Psykup n’ont visiblement rien de metalleux. Ces gringalets qui se sont toujours moqués de l’esthétique metal paraissaient bien inoffensifs, de prime abord… et sur les planches, c’est tout autre chose. Cinq larrons aussi barjos que leur musique. La signature de Psykup est sûrement de ne pas en avoir : une éternelle palette sonore extra large pour une musique multiforme, qui entremêle death metal et jazz, growl et envolées vocales. Une prestation de haut niveau avec un groupe d’être parfaitement à l’aise et communicatif avec le public. Au micro, Milka et Ju se complètent à merveille, se donnent la réplique en chantant et ponctuent les morceaux d’interventions humoristiques. Tout cela sans jamais faire de l’ombre à leurs camarades. Seul Brice ne semble pas frais et très présent… il a même dû quitter sa batterie entre deux morceaux pour aller regarder la setlist, ce qui n’a pourtant pas affaibli ses parties de batterie pour le moins délicates ! Pour les plus connaisseurs de nos lecteurs, le répertoire n’a pas tellement été dédié à la promotion du dernier album et a préféré mettre en lumière les meilleurs moments de L’ombre et la proie. Pas d’autruche ce soir, mais peu importe, « Color Me Blood Red », nouveau morceau culte des Toulousains, a bouclé le show de manière sensationnelle !

A la sortie, Psykup ne vend que des affiches et des T-shirts au comptoir merchandising, une pancarte indique sarcastiquement que « les disques sont disponibles sur Emule ». A croire que ceux qui étaient si engagés contre le téléchargement ont abandonné leur combat. Alors la prochaine fois, pensez à venir cautionner ces musiciens qui tentent tant bien que mal de vivre de leur musique tout en restant intègres.

Financièrement, la soirée aura été déficitaire pour les associations Faut qu’ça Bourges et Mindstage (tenue par Mindslaved) qui ont néanmoins mis du coeur à l’ouvrage pour organiser un concert loin d’être un échec artistiquement parlant pour les musiques extrêmes. En espérant que ça ne les refroidisse pas de réitérer ce genre d’initiative !

Brendan Rogel

site web Mindslaved : http://mindslaved.free.fr
site web Lethal Unraveling : http://www.myspace.com/lethalunraveling
site web S-Core : http://www.processengaged.com/
site web Psykup : http://psykupreflexion.free.fr/

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