Papier Tigre

06/11/2008

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Par Brendan Rogel

Photos:

Site du groupe :

Artistes : Super Club Adventure, Mr Protector Papier Tigre
Lieu : Tours, Donald’s Pub
Date : 14 octobre 2008
Photos : Brendan Rogel
(merci à Nanü pour l’appareil)

Dans une ville qui possède aussi peu de structures pour accueillir les groupes que Tours, le Donald’s Pub n’est ni plus ni moins que le meilleur endroit où peuvent se produire les musiques alternatives (que ce soit du rock ou du hip hop) ainsi que toutes les formations musicales confidentielles. Ce soir, le petit bar et l’association tourangelle Up Your Ass nous en propose trois, justement inconventionnelles.

Le concert commence avec quarante-cinq minutes minutes de retard, comme d’habitude, le temps que le petit bar se remplisse de quelques curieux aguerris ayant pris la peine de venir. Le manque de place permet néanmoins une certaine promiscuité entre les groupes, sur la minuscule scène, et son public non-averti, et empêche également de s’éloigner un tant soit peu des enceintes.

Dix heures moins le quart, et voilà que montent sur scène trois Ecossais qui se présentent comme le Super Adventure Club – pas même annoncé sur l’affiche du concert – et première surprise de la soirée. Une fois armé de ses instruments, le trio nous gratifie d’une intro façon « trip psychédélique » envahissant tout l’espace sonore de la salle. Sans transition, le groupe nage vers des eaux de plus en plus progressives et se joue des étiquettes, en mélangeant aisément blues, psychédélique, pop et math rock sans jamais crisper l’oreille. Cette mixité des genres apporte beaucoup au second degré du groupe. Au fil des morceaux, on remarque que le batteur garde une certaine sobriété mais n’hésite pas à déployer sa technique et à être aventureux lorsque la musique le nécessite. A sa gauche se tient Mandy Clarke, une petite demoiselle aux cheveux bleus qui, contrairement aux apparences, pourrait ridiculiser bon nombre de bassistes de la gente masculine. A sa droite, c’est le second guitariste et leader Bruce Wallace qui assure au micro devant un véritable tapis de pédales d’effets, qu’il laissera néanmoins de côté pour mieux jouer de sa prestance sur scène. Éclectique sans tomber dans le piège du « patchwork » des genres musicaux, expérimental sans jamais être futile, le Super Adventure Club fut bien le groupe le plus progressif de la soirée. Ces illustres inconnus, tout droit venus d’Edinburgh, mériteraient plus d’attention pour un groupe aussi polyvalent, aventureux et à l’humour so british.

Pour la seconde partie de soirée, les jeunes musiciens de Mr Protector sont venus de Gondeville pour une petite séance de « noise hardcore » (selon l’affiche). On se prépare, protections auditives en place, à recevoir du décibel dans les oreilles, d’autant qu’on peut difficilement s’éloigner à plus de deux mètres des baffles. Malheureusement, ce ne sont que deux musiciens présents sur scène, leur second guitariste était absent après s’être apparemment bloqué le dos. Le trio amputé doit ainsi faire face à plusieurs difficultés. Premièrement, afin de bien occuper la scène à deux, ils doivent redoubler d’énergie : le guitariste coiffé comme un Mars Volta s’en donne à coeur joie et donne le meilleur de lui-même, tandis que son batteur frappe avec nettement moins de retenue que le précédent. D’autre part, leur balance, n’étant pas particulièrement au point, met en retrait les voix des deux acolytes qui ne sont, de toute manière, pas très convaincantes.

Outre les détails techniques, l’ardeur des deux compères (impressionnants de technique pour leur âge) fait plaisir à voir, même si cela manquait parfois de retenue, tant dans la prestation que dans les compositions. Néanmoins, les riffs fouillés ultra efficaces étaient là et c’est bien l’essentiel. Difficile de donner un avis objectif au regard des facteurs précités qui les pénalisent ce soir, un groupe manifestement aussi complexe que brut de décoffrage. Cette prestation reste un bon avant-goût pour un groupe qui pourrait s’avérer très intéressant, et qui laisse entrevoir un futur prometteur. A revoir au complet et dans de meilleures conditions.

Un petit entracte plus tard et le final de la soirée entre en scène. Petite parenthèse : dans la culture chinoise, on a pour habitude de dire qu’un tigre de papier est une chose à l’apparence menaçante mais en réalité inoffensive. Devant un public, le groupe s’avère être à peu près le contraire. On se rend compte que ce chanteur (qui ressemble étrangement à André Manoukian !) ne se ménage pas et sue vite à grosses gouttes, tandis que le second guitariste occupe au mieux la scène et ne lésine pas sur la dissonnance sur son instrument. D’ailleurs, le jeu complémentaire de celles-ci emplit parfaitement le spectre sonore, au point que l’on ne remarque absolument pas l’absence d’une quelconque basse. D’une oreille de musicien, on a d’ailleurs du mal à savoir qui tient la guitare rythmique et qui tient la lead.

Malgré des baffles excessivement fortes, Papier Tigre possède un son brut qui lui sied à la perfection. Le trio joue de manière très décomplexée et toujours intelligente, sans fioritures. On se prend même à penser au rock alternatif de Shellac. Une approche simple et rock sur la forme, bien que sur le fond, on se rend compte toutefois de la subtilité mélodique et rythmique d’une musique aux penchants math rock. L’avant goût du second album proposé ici permet de se rendre compte que le style du groupe n’a pas particulièrement changé depuis le premier album. Peu importe, l’énergie reste intacte ! En revanche, les parties de guitares semblent être bien plus fouillées et soutenues par une batterie toujours plus inventive. Entre un Foals énervé, un Don Caballero punk, un héritier de l’acid rock des Jesus Lizard, Papier Tigre n’hésite pas à montrer les crocs. Une franche réussite.

Malgré des conditions discutables, les trois formations, qui pour certains sont venus de loin, ont su braver les obstacles avec brio, tout en s’en étant donnés à coeur joie. On félicitera l’initiative du Donald’s Pub pour ce genre de manifestations risquées. A contrario, on regrettera le manque de curieux qui ont certainement râté un plaisir pour leurs esgourdes.

Brendan Rogel

site web Super Adventure Club : http://www.myspace.com/superadventuremusic
site web Mr Protector : http://www.myspace.com/mrprotector
site web Papier Tigre : http://www.myspace.com/papiertigre

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CONCERT : PAPIER TIGRE

 

Artistes : Super Club Adventure, Mr Protector Papier Tigre
Lieu : Tours, Donald’s Pub
Date : 14 octobre 2008
Photos : Brendan Rogel
(merci à Nanü pour l’appareil)

Dans une ville qui possède aussi peu de structures pour accueillir les groupes que Tours, le Donald’s Pub n’est ni plus ni moins que le meilleur endroit où peuvent se produire les musiques alternatives (que ce soit du rock ou du hip hop) ainsi que toutes les formations musicales confidentielles. Ce soir, le petit bar et l’association tourangelle Up Your Ass nous en propose trois, justement inconventionnelles.

Le concert commence avec quarante-cinq minutes minutes de retard, comme d’habitude, le temps que le petit bar se remplisse de quelques curieux aguerris ayant pris la peine de venir. Le manque de place permet néanmoins une certaine promiscuité entre les groupes, sur la minuscule scène, et son public non-averti, et empêche également de s’éloigner un tant soit peu des enceintes.

Dix heures moins le quart, et voilà que montent sur scène trois Ecossais qui se présentent comme le Super Adventure Club – pas même annoncé sur l’affiche du concert – et première surprise de la soirée. Une fois armé de ses instruments, le trio nous gratifie d’une intro façon « trip psychédélique » envahissant tout l’espace sonore de la salle. Sans transition, le groupe nage vers des eaux de plus en plus progressives et se joue des étiquettes, en mélangeant aisément blues, psychédélique, pop et math rock sans jamais crisper l’oreille. Cette mixité des genres apporte beaucoup au second degré du groupe. Au fil des morceaux, on remarque que le batteur garde une certaine sobriété mais n’hésite pas à déployer sa technique et à être aventureux lorsque la musique le nécessite. A sa gauche se tient Mandy Clarke, une petite demoiselle aux cheveux bleus qui, contrairement aux apparences, pourrait ridiculiser bon nombre de bassistes de la gente masculine. A sa droite, c’est le second guitariste et leader Bruce Wallace qui assure au micro devant un véritable tapis de pédales d’effets, qu’il laissera néanmoins de côté pour mieux jouer de sa prestance sur scène. Éclectique sans tomber dans le piège du « patchwork » des genres musicaux, expérimental sans jamais être futile, le Super Adventure Club fut bien le groupe le plus progressif de la soirée. Ces illustres inconnus, tout droit venus d’Edinburgh, mériteraient plus d’attention pour un groupe aussi polyvalent, aventureux et à l’humour so british.

Pour la seconde partie de soirée, les jeunes musiciens de Mr Protector sont venus de Gondeville pour une petite séance de « noise hardcore » (selon l’affiche). On se prépare, protections auditives en place, à recevoir du décibel dans les oreilles, d’autant qu’on peut difficilement s’éloigner à plus de deux mètres des baffles. Malheureusement, ce ne sont que deux musiciens présents sur scène, leur second guitariste était absent après s’être apparemment bloqué le dos. Le trio amputé doit ainsi faire face à plusieurs difficultés. Premièrement, afin de bien occuper la scène à deux, ils doivent redoubler d’énergie : le guitariste coiffé comme un Mars Volta s’en donne à coeur joie et donne le meilleur de lui-même, tandis que son batteur frappe avec nettement moins de retenue que le précédent. D’autre part, leur balance, n’étant pas particulièrement au point, met en retrait les voix des deux acolytes qui ne sont, de toute manière, pas très convaincantes.

Outre les détails techniques, l’ardeur des deux compères (impressionnants de technique pour leur âge) fait plaisir à voir, même si cela manquait parfois de retenue, tant dans la prestation que dans les compositions. Néanmoins, les riffs fouillés ultra efficaces étaient là et c’est bien l’essentiel. Difficile de donner un avis objectif au regard des facteurs précités qui les pénalisent ce soir, un groupe manifestement aussi complexe que brut de décoffrage. Cette prestation reste un bon avant-goût pour un groupe qui pourrait s’avérer très intéressant, et qui laisse entrevoir un futur prometteur. A revoir au complet et dans de meilleures conditions.

Un petit entracte plus tard et le final de la soirée entre en scène. Petite parenthèse : dans la culture chinoise, on a pour habitude de dire qu’un tigre de papier est une chose à l’apparence menaçante mais en réalité inoffensive. Devant un public, le groupe s’avère être à peu près le contraire. On se rend compte que ce chanteur (qui ressemble étrangement à André Manoukian !) ne se ménage pas et sue vite à grosses gouttes, tandis que le second guitariste occupe au mieux la scène et ne lésine pas sur la dissonnance sur son instrument. D’ailleurs, le jeu complémentaire de celles-ci emplit parfaitement le spectre sonore, au point que l’on ne remarque absolument pas l’absence d’une quelconque basse. D’une oreille de musicien, on a d’ailleurs du mal à savoir qui tient la guitare rythmique et qui tient la lead.

Malgré des baffles excessivement fortes, Papier Tigre possède un son brut qui lui sied à la perfection. Le trio joue de manière très décomplexée et toujours intelligente, sans fioritures. On se prend même à penser au rock alternatif de Shellac. Une approche simple et rock sur la forme, bien que sur le fond, on se rend compte toutefois de la subtilité mélodique et rythmique d’une musique aux penchants math rock. L’avant goût du second album proposé ici permet de se rendre compte que le style du groupe n’a pas particulièrement changé depuis le premier album. Peu importe, l’énergie reste intacte ! En revanche, les parties de guitares semblent être bien plus fouillées et soutenues par une batterie toujours plus inventive. Entre un Foals énervé, un Don Caballero punk, un héritier de l’acid rock des Jesus Lizard, Papier Tigre n’hésite pas à montrer les crocs. Une franche réussite.

Malgré des conditions discutables, les trois formations, qui pour certains sont venus de loin, ont su braver les obstacles avec brio, tout en s’en étant donnés à coeur joie. On félicitera l’initiative du Donald’s Pub pour ce genre de manifestations risquées. A contrario, on regrettera le manque de curieux qui ont certainement râté un plaisir pour leurs esgourdes.

Brendan Rogel

site web Super Adventure Club : http://www.myspace.com/superadventuremusic
site web Mr Protector : http://www.myspace.com/mrprotector
site web Papier Tigre : http://www.myspace.com/papiertigre

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