Gunter Hampel Group - Music From Europe (rééd.)

Sorti le: 17/10/2008

Par Mathieu Carré

Label: ESP-Disk'/ Orkhestra

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Avec un titre aussi universel que Music From Europe, édité en 1966, Gunter Hampel montre clairement quels enjeux musicaux se dessinaient à la fin des années 1960. Il s’agissait, dans l’idéal, par le biais des musiques improvisées de redéfinir un folklore, de dresser les fondations d’une nouvelle histoire musicale commune. Comme si ce nouvel élan libertaire qui horripilait la bienséance de l’époque n’était finalement que le début d’une profonde et radicale transformation. Et si cette nouvelle réédition venue des archives d’ESP-Disk’ n’est pas la plus stimulante, essentiellement à cause du manque criant de ligne directrice au sein de ces trois conglomérats d’improvisations furieuses, elle a le mérite de délivrer un message clair et précis. Dans les notes de l’album, Hampel met à jour la raison profonde du free-jazz, sa force motrice : faire passer l’ensemble des sentiments humains à travers son instrument.

Si vous avez de l’amour au fond de vous, vous aimerez cette musique. Si vous avez de la guerre, vous la haïrez…

Malheureusement, les trois « compositions » du vibraphoniste ne laissent que peu le temps aux sentiments humains de s’exprimer, trop confus, brouillons, trop longs, avec malgré tout des instants de grâce égarés à la fin des vingt minutes du fort judicieusement nommé « Assemblage » ou du final inquiétant de « Make Love Not War to Everybody ». Les musiciens accompagnant Hampel, ne s’extirpent que trop peu du magma improvisé qu’ils engendrent : contrebasse (Piet Veening), percussions (Pierre Courbois), et saxophones et clarinettes (Willem Breuker) se mélangeant avec trop d’agressivité pour délivrer un message clair, fut-il révolutionnaire et visionnaire. Comme quoi, on peut très bien deviner l’avenir et la raison des choses sans obligatoirement être vraiment partie prenante de l’intense changement à venir. Et si ce disque laisse quelque peu sur sa faim, les autres rééditions d’ESP prouvent que Hampel et ses acolytes regardaient bien dans la (une ?) bonne direction.