Ìon - Madre, Protégenos

Sorti le: 26/09/2008

Par Aleksandr Lézy

Label: Equilibrium Music

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Tout commence lorsque Duncan Patterson démarre l’aventure Anathema en 1990 avec les frères Cavanagh en tant que bassiste et claviériste. En 1998, il quitte le groupe de Liverpool pour se consacrer à un nouveau projet plus calme, plus sombre, et qui mettra quatre ans à aboutir : Antimatter. Patterson ne tient plus en place et c’est avec Ìon qu’il va finalement s’adonner à un plaisir très personnel.

Tout en étant la formulation de ses désirs les plus chers, Patterson s’entoure de musiciens venus du monde entier. La Grèce, l’Irlande, le Mexique et l’Australie sont représentés sur cet album aux multiples accents : world music ténébreuse, un doom sans le côté metal, folk music autant angoissante qu’envoûtante. On pense notamment à Irfan dans un style proche.

La musique d’Ìon va au-delà des réminiscences celtiques ou irlandaises et pousse l’auditeur à ne pas se focaliser uniquement sur la guitare ou la voix, principaux acteurs de l’album. De petits éléments se marient constamment à l’ensemble comme sur « Learpholl » et son ambiance médiévale, aux fines percussions, son de pluie, harpe celte, etc. Cinq voix de femmes sont créditées dans le livret du disque bien que l’impression d’entendre toujours la même personne est saisissante. En effet, la chanteuse russe Emily Saaen est sans aucun doute la plus mise en évidence. Son timbre est doux, captivant, juste et proche de la sensualité.

Patterson a choisi pour Madre, Protégenos une écriture très épurée qui tourne souvent autour d’une idée qui évolue au fil du morceau. Elle relève également d’un sens très pointu de la composition par sa finesse et sa justesse dans ce qu’il veut exprimer, à l’instar de « Believe » par exemple où les idées se multiplient.

Malgré le côté très personnel de cet album tournant autour des sentiments de mélancolie et de tristesse (en témoigne « Goodbye Johnny Dear », une chanson traditionnelle écrite par son grand-père), Ìon fait voyager, planer, dériver l’esprit dans des contrées lointaines. Ìon signifie « pur » en gaélique, quel autre mot aurait pu mieux qualifier ce projet aux allures de groupe à part entière ?