La Desooorden - Ciudad De Papel

Sorti le: 08/05/2008

Par Christophe Manhès

Label: Autoproduction

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Vous avez aimé le prog italien des seventies, vous allez aimer le prog des Chiliens de La Desooorden. Trente-cinq années ont passé, soit. Mais, loin de toute nostalgie toujours un peu réac, La Desooorden a eu le talent de garder un pied dans le présent en habillant sa musique d’habits neufs et modernes. Ce qui devrait être la règle, mais reconnaissons-le, ne l’est pas toujours. Ainsi la musique de Ciudad de Papel sonne mélodique et grave, symphonique et originale tout en étant jouée par d’excellents musiciens qui n’ont pas besoin de nous le prouver sans cesse. Déjà pour cela : respect.

Respect également pour le choix de cette histoire, édifiante et douloureuse, qu’ils nous racontent avec une rage qui sourd sans excès, mais palpable et qui s’étale comme une matière fine faite de résignation et de colère. Seulement Ciudad de Papel n’est pas un album concept abstrait ou pompeux, mais le récit véridique des habitants de la ville natale du groupe, Valdivia, qui se sont battus contre l’installation d’une usine de cellulose à proximité d’une réserve naturelle, menaçant la santé végétale et animale. Peine perdue, l’usine sera construite. Peu importe les textes en Espagnol, la musique de La Desooorden se suffit à elle-même pour décrire les ressorts dramatiques de leur histoire.
Sombre, Ciudad de Papel n’en a pas moins des couleurs. C’est même l’une de ses plus grandes qualités. Véritable kaléidoscope de genres et d’instruments, le groupe utilise toutes ses ressources avec une fluidité remarquable. Il passe du rock au metal, de la musique latine au jazz et au folklore amazonien, le tout, précisons-le, parfaitement emballé dans une bande son bien dosée par une production irréprochable.

Avec cet album La Desooorden frappe fort. Plus fort et plus juste encore qu’avec leur album précédent, La Isla De Los Muertos. Certes, la dernière plage, qui est comme un soupir de résignation face à la défaite, déçoit un peu. Dommage que ce soit ce dernier titre, sur les onze autres, qui nous laisse sur une impression mitigée. Mais l’ampleur du propos et la qualité globale des compositions en font un disque aussi recommandable qu’œcuménique. Il est donc sûrement pour vous.