Rick van der Linden - An Ekseptional Trace

Sorti le: 22/04/2008

Par Christophe Gigon

Label: Musea

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En voilà un disque digital versatile un peu « foutraque » qui risque fort de ne plaire qu’à un public de niche trié sur le volet et dont l’intérêt est de rendre hommage au célèbre claviériste néerlandais Rick van der Linden, décédé en 2006. Car en plus de porter un nom créditeur de points au Scrabble, le musicien s’est vite affirmé comme un émule de Rick Wakeman aux Pays-bas, pour le meilleur et pour le pire.

Rick fonde Ekseption à la fin des années soixante après avoir vu sur scène Keith Emerson, alors claviériste de The Nice. Il forme alors un trio composé d’un batteur, d’un bassiste / guitariste et de lui-même aux deux cent douze claviers (voire sûrement davantage). Bref, un nouvel ELP naît, plaît aux amateurs de « rock pompeux » et dégoûtent fortement les puristes de musique classique. Ekseption remporte d’ailleurs un franc succès en reprenant sans vergogne la « Danse du sabre » d’Aram Khatsaturjan ou la cinquième symphonie de Beethoven (« The Fifth »). Face à tant d’audace, Rick Wakeman et ses six femmes de Henri VI fait figure de gentil chansonnier ! Dès 1974, après la dissolution d’Ekseption, Rick van der Linden forme Trace, power-trio qui poursuit encore et toujours le travail proposé par Emerson, Lake & Palmer.

Le DVD propose donc quatre titres filmés lors d’un concert de Trace pour une émission télévisée en 1977 (Musikladen). Outre le ridicule assumé du costume de scène de notre ami aux doigts démultipliés, on constate avec amusement que le batteur de ce trio fou est Ian Mosley, batteur de Marillion depuis 1984, déjà excellent au demeurant ! Le côté également kitchissime du décor, des vêtements et des plans pourraient être issus de feu l’Ecole des fans de Jacques Martin. Force est d’admettre que la prestation est ébouriffante pour autant que l’on puisse digérer ce semblant de musique classique passée à la moulinette rock. Rassurons-nous, on reste loin du substrat disgracieux qu’à pu nous infliger Rondo Veneziano dans les années quatre-vingt !

Le menu se poursuit avec huit titres filmés dans une minuscule salle en 2003, lors de l’éphémère reformation d’Ekseption. Le maître a coupé ses cheveux et porte toujours aussi fièrement l’ensemble queue de pie, les jeunes musiciens qui l’accompagnent sont tout simplement exceptionnels. Pourtant, on assiste avec aigreur à l’interprétation des parties de chant classique assurées par madame Van der Linden qui n’assume à moitié son boulot, au des lignes vocales trop ambitieuses. Les boni sont hétéroclites et n’apportent pas grand-chose à l’ensemble.

Incongru et anachronique, cet objet audio et video peut ravir les amateurs même si la commercialisation d’un tel ouvrage reste anecdotique. Rick van der Linden et les deux formations qu’il a fondées restent des figures historiques du rock progressif désuettes. Que penser d’un DVD si peu cohérent dans sa présentation ? Encore un vibrant hommage sous forme de râclements de fonds de tiroirs gentiment maquillé. Rien que pour sa maestria confondante, il aurait mérité mieux que ça.