Hugh Hopper & Matt Howarth - The Stolen Hour

Sorti le: 17/03/2008

Par Jean-Daniel Kleisl

Label: Burning Shed

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Hugh Hopper – il n’est plus besoin de le présenter – ne fait rien comme personne. En 2003, le bassiste, peu au fait de performances solistiques mais plutôt créateur de musique mêlant jazz et expérimentations osées, avait déjà étonné son monde avec Jazzloops et ses boucles électroniques (principalement rythmiques) répétitives. Entendez par là que Hugh Hopper fait quasiment tout (guitare, basse, loops) à part les soli confiés à des invités, principalement des amis de longue date.

Pour The Stolen Hour, Hopper reprend la même formule, à ceci près que le présent album sert de bande originale à un comics de Matt Howarth, auteur lui aussi avant-gardiste. Un fichier de la bande dessinée est disponible en format pdf sur le CD. C’est pour cette raison que l’album est signé Hopper / Howarth. Qui de la musique ou du comics accompagne l’autre ? C’est au lecteur de décider. Le thème de l’album est dans le titre : l’heure perdue ; le changement d’heure, imposé par le gouvernement, et qui n’apporte que des difficultés au héros, lequel a bien besoin de se changer les idées !
Les invités sont nombreux et de qualité, à commencer par les saxophonistes Simon Picard et Frank van der Kooy. Mentionnons surtout les noms de Robert Wyatt qui, avec son cornet et sa voix passés à la moulinette loops, donne une ambiance très particulière à trois morceaux du disque, et Pierre-Olivier Govin qui intervient sur plus de la moitié de l’album avec des soli de sax très bien sentis !

Le concept est à bien des égards novateur et l’on en attendait pas moins de la paire Hopper / Howarth ! Néanmoins, force est de constater que l’album s’essouffle quelque peu avec le temps. On peu se demander si trop de loops ne tuent pas le loop en définitive ! C’est particulièrement vrai pour ces percussions qui sonnent de façon un peu trop mécanique pour du jazz. On ose à peine imaginer le résultat avec un vrai batteur, par exemple – allez, soyons fous ! – Morgan Ågren ! Hugh, si tu nous lis…
Précisons pour terminer cette chronique que The Stolen Hour démontre une fois de plus que Hugh Hopper n’est pas resté enfermé dans le passé et possède toujours ce feu sacré pour l’innovation et les prises de risques. Et cela, c’est déjà énorme !