Caamora - She

Sorti le: 10/03/2008

Par Jean-Philippe Haas

Label: Metal Mind Productions

Site:

Un Clive Nolan sans une demi-douzaine de projets simultanés n’est pas un Clive Nolan. Pourtant le productif claviériste s’est fait (relativement) discret ces derniers temps, tout occupé qu’il était à préparer son nouveau grand projet : Caamora. Si le EP Walk on Water (voir notre chronique) donnait un vague avant-goût de la musique de Caamora, She, ambitieux double album, confirme les affinités de Nolan avec le néo prog’ symphonique « à histoire ».

En effet, entre un album de Pendragon et un autre d’Arena, Nolan continue d’adapter des classiques de la littérature anglo-saxonne. Après Lewis Caroll (Jabberwocky) et Arthur Conan Doyle (The Hound of Baskervilles), c’est au tour de Sir Henry Rider Haggard (1856-1925) de passer à la casserole. Auteur notamment de romans d’aventures exotiques comme « Les Mines du Roi Salomon » (qui a plusieurs fois été adapté à l’écran), ce romancier a également écrit She (publié en français sous le titre de « Elle ou la source de feu »), qui raconte comment un professeur de Cambridge et son fils adoptif croisent le chemin de la reine Ayesha. Aussi belle qu’immortelle, elle attend depuis deux mille ans la réincarnation de son amant.

Magie, exotisme, aventures… si l’histoire de She peut susciter de dépaysantes images, la musique, elle, reste totalement ancrée dans un néo-prog’ symphonique assez typique de ce qu’a pu proposer Nolan par le passé, et notamment lors de ses collaborations avec Oliver Wakeman : claviers emphatiques, chœurs, orchestrations grandiloquentes sont les maîtres du bal. Dans la plupart des cas, les œuvres de rock symphonique interprétées aux synthétiseurs ont un rendu assez peu convaincant. She ne fait pas vraiment exception à le règle, même si l’oreille n’est franchement froissée qu’à de rares moments. Par ailleurs, quelques instruments classiques (hautbois, violoncelle, cor), apportent un appréciable cachet, bien que leurs apparitions soient sporadiques.
Divisé en actes et scènes, She se compose de formats assez digestes, entre et quatre et six minutes en moyenne. Seul le second disque se permet quelques fois de doubler la mise. Etonnamment, et bien que ne sortant que rarement du cliché symphonique, l’ensemble bénéficie d’une belle variété, flirtant parfois avec le metal, mais de manière moins ostentatoire qu’Arena, par exemple.
Outre Nolan et Agnieszka Swita, Alan Reed (Pallas) et Christina Booth (Magenta) viennent également pousser la chansonnette. Leurs timbres particuliers et la personnalité de leurs voix contribuent à rompre l’impression d’uniformité qui pourrait rapidement se faire sentir sur un album comme celui-ci.

Comme tous les projets « d’un seul homme », She souffre de la monotonie stylistique dans laquelle est enfermé son créateur. Certes, Nolan développe l’histoire de fort belle manière, sans raccourcis expéditifs, mais de ce fait il alourdit malheureusement l’ensemble. She remportera néanmoins l’adhésion des inconditionnels de l’opéra rock pompeux qui oseront tenter l’aventure, leur copieux livret à la main.