Sculptured - Embodiment
Sorti le: 20/02/2008
Par Jean-Philippe Haas
Label: The End Records
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Les accouplements sauvages et les concepts médicaux-gore fleurissent ces derniers temps. Sculptured emboîte le pas à cette mouvance en proposant avec Embodiment un mélange de death, de doom et de prog metal ébouillanté à la sauce techno-thrash. Attention ! Migraines en cascade à l’horizon !
Sculptured n’est pas une formation surgie de nulle part et encore moins un ramassis d’amateurs en mal d’expérimentations. Auteur d’une demo et d’une paire d’albums entre 1998 et 2000, le groupe est composé de membres ou d’ex-membres de formations reconnues telles Agalloch ou Winds. Après une parenthèse de quelques années, voici Embodiment, plus démesuré que jamais dans la complexité. A l’instar d’Atheist, de Cynic ou de Death, Sculptured ne ménage pas son auditoire. Chant clair et grognements, guitares-tronçonneuses, nappes de claviers en tous genres suivent tant bien que mal la batterie envahissante de Dave Murray (Deserts of Traun, ex-Estradasphere) qui brouille constamment les pistes, rendant l’écoute des premiers titres proprement pénible. On est loin de la fluidité de Blotted Science, par exemple. Et c’est sans parler de la production, qui nécessite un temps d’adaptation assez long, les différentes couches d’instruments se superposant parfois assez mal ou du moins de façon peu naturelle.
Il faudra donc, au choix, une infinie patience, un courage exemplaire ou une propension à l’auto-flagellation pour en arriver aux deux dernières pistes, assurément les plus intéressantes car plus structurées et (vaguement) plus mélodiques… bien que la mélodie soit probablement une préoccupation mineure pour le groupe. Musicalement, « Bodies Without Organs » évoque agréablement le Dream Theater de Awake – à condition d’avoir fait boire à James LaBrie une solution à base d’eau de Javel et de clous – tandis que « Embodiment is the Purest Form of Horror » séduit par sa construction plus dynamique et ses parties très différentes et adroitement liées.
A l’image des albums de Winds, c’est la mégalomanie – disons « ambition artistique démesurée », pour rester politiquement correct – de ses compositeurs qui dessert Embodiment. Car si chaque titre contient son lot de parties passionnantes, celles-ci sont noyées dans un innommable fourbi technique, faisant passer la faible durée de l’album (une quarantaine de minutes) pour une éternité.