Tunng - Good Arrows

Sorti le: 21/12/2007

Par Aleksandr Lézy

Label: PIAS

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Ce groupe anglais en est déjà à son troisième album, et pourtant peu de gens en ont encore entendu parler. Tunng ne navigue pas vraiment sur les eaux de ce qu’on appelle le rock progressif, et pourtant, certains éléments, certaines intentions de leur musique peuvent rappeler des concepts propres au genre. Pas évident de rentrer dans le mode de fonctionnement de la formation, duo sous lequel se cache en fait une petite communauté à laquelle participent d’autres membres.

Deux personnes, Mike Lindsay et Sam Genders, se rencontrent de manière atypique puis forment un groupe. Le premier est une sorte de technicien de studio qui fait un peu d’electro et le second est un chanteur compositeur. Tunng est le mélange de ces deux figures, une sorte de pop intimiste, minimaliste et expérimentale : une voix, une guitare et pas mal de sons électroniques, qui construisent ce «;&nbsp Folktronica;&nbsp».
Chaque piste renferme une idée, faite d’une belle mélodie à la guitare, toujours facilement mémorisable. Fruit d’une sensibilité très particulière, la voix principale, celle de Sam, masculine, légère et douce, captive grâce à un procédé de doublement de piste, lui donnant du volume dans l’espace. Une voix de femme vient soutenir un travail mélodique original. Quant aux détails électroniques, ils sont convaincants : parfois de petits bruits d’objets samplés pour un travail rythmique, parfois de petits arrangements harmoniques ou mélodiques aux claviers, le résultat est riche et paraît en même temps simple, car épuré, minimaliste. Et c’est tout le paradoxe de ce Good Arrows ! Les mélodies sont délicieuses, dans l’esprit des plus belles de Simon and Garfunkel, l’oreille est continuellement titillée par de petits détails subtils, mais au final, on en reste à se dire que chaque titre est fait d’un rien.
Preuve supplémentaire qu’il n’est pas nécessaire d’en mettre partout et d’en faire trop pour interpeller les sens. D’ailleurs, la production le prouve encore une fois, et interroge : est-ce que la production est bonne du fait qu’il y a peu de choses à enregistrer et que la masse sonore est assez légère ? Ou parce que la recherche entreprise autour de ce format musical, comme le faisait de son temps Alan Parsons (lui aussi so british !) a été menée de manière habile et intelligente ?

Sans nul doute, ce Good Arrows est un album vraiment très plaisant, fin et distingué. Il réussit à ouvrir une musique pop et folk à des aspirations délibérément avant-gardistes, sans la rendre intellectuelle. Cependant, il subsiste le souci du regard que l’on pose sur ce minimalisme. Doit-on porter à ce genre autant de considération que celui auquel les concepts du rock et plus encore ceux du progressif nous ont habitués ?