Mystere Man - Libérez ma conscience

Sorti le: 15/11/2007

Par Christophe Gigon

Label: Autoproduction

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Le travail si passionnant et enrichissant que constitue le fait d’écouter des disques pour en proposer un compte rendu argumenté pour les millions (si ! si !) de lecteurs de Progressia peut également s’avérer douloureux dans la mesure où, parfois, l’exercice de la critique n’est pas aisé. Comment évaluer un disque que l’on a trouvé mauvais alors que l’on sait qu’un tel produit est le fruit de longues heures de travail et écho de multiples expériences et impressions, reflet d’un trajet de vie ? Comment parler de musique en ignorant que derrière celle-ci vivent des êtres humains qui ont donné d’eux-mêmes et qui seront forcément blessés de lire une chronique peu élogieuse. Quel dilemme !

Libérez ma conscience est un disque autoproduit qui est l’œuvre d’une personne (Didier) qui prend en charge le chant, les claviers et les (affreuses) boîtes à rythme. Il est secondé par un ami (Manu) qui s’occupe des guitares. Le son général est très amateur et la production quasi inexistante. Cet album est, tant dans le fond que dans la forme, une démo. Les textes en français sont d’une naïveté confondante. La musique, quant à elle, est plus ambitieuse. L’influence de Galaad (Premier février et Vae victis) est évidente. A cet égard, Libérez ma conscience souffre des mêmes erreurs de jeunesse que le premier album des Helvètes : son brouillon, mixage aléatoire et ambiance amateure. Par contre, on ne retrouve pas chez Mystere Man le charme ainsi que les potentialités que l’on décelait de suite chez Galaad. La voix très passable de Didier (entre Jean-Jacques Goldman et le chanteur de Naos) y est pour beaucoup. N’est pas Pierre-Yves Theurillat qui veut ! D’autres influences se font également ressentir : Dream Theater et Ange évidemment. Le tout forme un magma sonore qui pioche autant dans le metal progressif (à cause de la guitare clairement orientée metal) et le néo-progressif de base que dans la variété rock française (à cause des refrains très « variétoche ». Il est d’ailleurs étonnant que le label Musea édite un album tel que celui-là et surtout dans cette forme-là. En effet, il eût été plus pertinent de considérer les huit compositions de Mystere Man comme autant de démos qui auraient pu servir d’embryon à de véritables titres plus construits, davantage maîtrisés et mieux produits. Une jeune pousse qui pourrait peut-être éclore si on lui en donnait les moyens. Il faut tout de même saluer le fait que deux personnes, plutôt que de ne rien faire, s’essaient à l’exercice ardu de l’autoproduction, exercice difficile s’il en est !

Difficile donc de vraiment conseiller cet album à qui que ce soit. A moins d’être très peu exigeant sur l’habillage et la production, il semblerait incroyable qu’un tel disque fasse l’effet d’une bombe ! Un fruit trop tôt tombé de l’arbre. Mais attendons. Laissons le groupe mûrir et peut-être, qui sait, qu’on en reparlera dans un avenir plus ou moins proche. Mais pour l’instant, tendons plutôt nos oreilles vers d’autres pousses françaises plus prometteuses (Nemo, Lazuli et consors).