Oaksenham - Conquest of the Pacific

Sorti le: 08/11/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: Musea

Site:

Il était une fois un groupe de rock arménien nommé Dumbarton Oaks, né peu après la fin de l’ère communiste. Des changements de personnel et l’instabilité de la région amènent le groupe à se séparer en 1995… pour se reformer en 2001 sous le nom d’Oaksenham. Il faudra attendre 2007 pour que le sextet livre enfin son premier album studio, l’instrumental Conquest of the Pacific.

Comme de nombreux groupes des pays de l’Est, Oaksenham clame son amour pour la musique classique. Violon et flûte tirent la couverture aux côtés d’un violoncelle, d’un basson, de cors, d’une harpe et d’un hautbois. Très présente, la composante classique d’Oaksenham mène ainsi la danse sur tout l’album, même si la section rock vient régulièrement se rappeler à son bon souvenir. En effet, bien que Conquest of the Pacific propose pour l’essentiel une musique sautillante où les instruments classiques s’expriment, parfois individuellement, souvent simultanément, de concert ou en contrepoint, la section électrique n’en reste pas pour autant muette, y compris sur quelques vigoureux passages, animés par un Hammond luxuriant ou une guitare électrique qui n’hésite pas à sortir quelques sons saturés lorsque le besoin s’en fait sentir.

L’hommage est-il devenu un gimmick dans les musiques progressives ? Toujours est-il que « Conquest of the Pacific » contient son lot de références appuyées comme dans sa première partie, où l’on peut entendre une variation du « Velvet Green » de Ian Anderson (Jethro Tull). Par ailleurs, Oaksenham n’échappe pas au désormais presque agaçant hommage (on pourra également parler de « caution musicale ») aux grands compositeurs classiques. Ainsi, la cinquième partie de ce même « Conquest of The Pacific » reprend des thèmes populairement connus de H. Purcell et d’E. Elgar. Mais malgré ces tics parfois encombrants, et bien qu’Oaksenham aille à l’occasion flirter du côté de Gentle Giant, voire du R.I.O., la mélodie reste au centre des préoccupations du groupe, ce qui rend très digeste l’écoute de cet album.

Le créneau du rock de chambre est déjà sévèrement occupé par de talentueuses formations (After Crying ou plus récemment Rational Diet ou Lost World, entre autres), Oaksenham, malgré un talent insolent, aura donc bien du mal à se frayer un chemin au milieu d’une foisonnante concurrence.