Molca - Super Ethnic Flavor

Sorti le: 01/10/2007

Par Christophe Manhès

Label: Poseidon

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Comme son nom ne l’indique pas, Molca est un groupe japonais composé d’un quintette de multi-instrumentistes émérites, passionnés par les multiples musiques du monde. En toute logique, ils décident donc de ne se priver d’aucune, en consacrant la leur à une sorte de « fusion ethnique » plutôt rare. La démarche est honorable, voire ambitieuse. Mais si l’on en juge par le résultat, Molca vise un peu trop au-dessus de ses moyens ou, plus probablement, trop en dessous de ses ambitions.

Conçu comme un vaste voyage autour du monde, Super Ethnic Flavor – il faut l’avouer – traverse avec beaucoup d’aisance les continents et les cultures, et nous rapporte un témoignage éloquent sur la variété et la richesse des traditions musicales. Louable singularité : au sein de quelques titres, la musique essaie de rapprocher ce que les distances ont irrémédiablement séparé. Ainsi, par exemple, les traditions indiennes hindoustani peuvent converser avec les Kabukis japonais (« Areia », un des titres les plus réussis) ou la musique des Caraïbes (« Armadillo Goes to the Caribbean »). Les effluves se mélangent et forment de nouvelles essences.
Pourtant, la musique déçoit. Au lieu d’élaborer un langage original, Molca s’est concentré sur les seuls arrangements qui, s’ils évitent les collages faciles, se révèlent bien trop fluides. Résultat, Super Ethnic Flavor confine trop souvent à une naïveté lénifiante et insipide.

La frontière est souvent ténue entre délicatesse et subtilité d’une part, mollesse et entortillage d’autre part. Mais à l’écoute de Super Ethnic Flavor le doute n’est pas vraiment permis : voilà bien une musique franchement « flasque du bide ». Même si certains titres peuvent enivrer et si l’on reste loin des dégoulinantes fautes de goût d’un Lu7, à l’heure où des groupes comme Salle Gaveau font connaître et apprécier leur vision décapée et décapante du tango, à l’heure où Alamaailman Vasarat dynamite la musique klezmer avec un album aussi génial que Maahan, à l’heure où Faun Fables et Joanna Newsom dépoussièrent le folk de papa avec des couleurs franches et avant-gardistes, on se demande bien l’intérêt pour Molca de se cantonner à une vision si fade. On aurait aimé plus de contraste, plus de dynamique et une originalité capable d’accrocher l’attention tout en mettant en relief la démarche du groupe.

Finalement, si l’on peut voyager avec cette musique, on peut aussi s’endormir avec. Au rayon « bien-être et nature », Molca a certainement sa place. Mais au rayon musique, c’est moins sûr.