Glissando - Loves are like Empires

Sorti le: 17/09/2007

Par Mathieu Carré

Label: Gizeh Records

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Nouveau venu sur le jeune label indépendant Gizeh Records (qui a déjà sorti de son chapeau les étonnants Immune), Glissando, duo originaire de Leeds, s’aventure sur un terrain de jeu bien sombre. Un lieu où l’humain n’est que suggéré, où Elly May Irving et Richard Knox jouent avec le vent et les ombres pour mieux transir l’auditeur. Estampillée « Ambiance / Experimentale / Alternative » leur musique fuit les mélodies comme la peste : pour l’apprécier, il faudra plonger.

Dans la forme, Glissando évoque Pornography de The Cure joué au ralenti, rehaussé de bruitages multiples et par intermittence d’une voix diaphane qui survole le tout. Les variations de rythme étant inexistantes, les morceaux évoluent par d’entêtants relents successifs, à croire que Victor Hugo écoutait Loves are like Empire en écrivant « Les Djinns  ».

La rumeur approche
L’écho la redit
C’est comme la cloche
D’ un couvent maudit
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s écroule
Et tantôt grandit

Et après ? Et après rien ou pas grand-chose, en tout état de cause, pas de déferlement de créatures inquiétantes. Plus dommageable, alors que l’on s’attendrait à être submergé par ces lourdes ambiances, à se noyer dans les échantillonnages, on perd rarement pied. Seul le long deuxième morceau « What the Exultant Heart Calls Good  » arrive à ses fins. Quelques ambiances intéressantes surgissent aussi sur l’ interminable « Love or No Love », mais à force de palabrer, on se retrouve au bout d’une demi-heure (!) à se demander si Elly et Richard eux-mêmes savaient exactement où ils allaient. Autre déception, la voix, rappelant un peu Bjork, n’apporte rien à la musique, l’accompagne, l’enjolive prudemment mais n’est pas en symbiose avec elle.

Une réalisation soignée et des climats inquiétants bien rendus ne compensent donc pas le fait que Loves are like Empires n’assène jamais le KO définitif, et laisse survivre l’auditeur au lieu de l’engloutir. La frontière entre adhésion et déception reste ténue néanmoins, surtout pour cette musique basée sur le contexte et le ressenti. Les amateurs d’ambient de glauque et d’expérimental auront donc peut-être une bonne surprise en écoutant les extraits disponibles. Pour les autres, l’opération « oubli de chronique » peut débuter.