Floyd Legend

03/09/2007

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Par Christophe Gigon

Photos:

Site du groupe :

CONCERT : FLOYD LEGEND

  Artiste : Floyd legend
Lieu : Scène Ella Fitzgerald, parc La Grange, Fêtes de Genève, Genève
Date : 3 août 2007
Photos : Christophe Gigon et Jacques Dubler

Très bonne surprise que ce concert en plein air à Genève d’un des meilleurs tribute band du grand Floyd. Le soleil et le public furent au rendez-vous au-delà de toute espérance. Sous un soleil radieux, près de dix mille personnes n’ont pas boudé leur plaisir d’entendre (et de voir) un spectacle complet que Pink Floyd ne risque malheureusement plus de leur offrir.

Set-list: Shine on you crazy diamond – Learning to fly – Money – Us and them – Hey you – Breathe – Time – Coming back to life – Empty spaces – Young lust – Sheep – On the turning again – Waiting for the worms – In the flesh – Another brick in the wall (part. I) – The happiest days of our lives – Another brick in the wall (part. II) – Comfortably numb – Wish you were here – Run like hell

Un air de vacances enveloppe la rade de Genève en ce début de week-end aoûtien. Le lac, le soleil et des milliers de touristes venus tout exprès pour les célèbres Fêtes de Genève concourent à donner un air de fête à l’ensemble. C’est donc en flânant devant le lac Léman que votre serviteur se prépare à assister à un concert gratuit et en plein air de Floyd Legend qu’il ne connaît, du reste, ni d’Eve ni d’Adam. Il existe en effet pléthore de tribute bands de Pink Floyd et tous les connaître relèverait de la vaine gageure. Après avoir surfé sur leur excellent site internet, on s’aperçoit très vite que l’on est loin d’avoir affaire à un énième groupe de « baloche » amateur qui reprendrait jusqu’à plus soif « Another brick in the wall » et «&nbspMoney » devant un public quelque peu blasé. Leurs site est très professionnel et l’internaute aura très vite la bonne surprise de constater que Floyd Legend est composé de musiciens solides, tous professionnels dans le milieu musical et âgés d’une petite quarantaine d’années en moyenne. L’autre point positif à relever, d’après les photographies aperçues sur le site, est que le groupe ne se contente pas de réinterpréter tant bien que mal les chansons de Pink Floyd. En effet, non seulement les reprises sont absolument parfaites (son, voix, arrangements, instruments utilisés, soli, etc…) mais leur décor et effets de scènes parviennent à recréer (en plus modeste, certes) les ambiances des concerts de Pink Floyd de la tournée Divison bell de 1994. (les diapositives projetées pendant le concert sont néanmoins toutes créées par le groupe)

C’est donc rassuré et passablement excité que le chroniqueur vacancier arpentait la rade de la cité de Calvin, en compagnie de son ami de toujours, Eric, grand spécialiste du groupe anglais avec lequel il a vu la quasi totalité des concerts depuis le début des années quatre-vingt-dix. Même si tout était présent pour faire de cette soirée un moment unique (soleil, vacances, amitié et bonne musique), il restait une inconnue de taille : les conditions dans lesquelles Floyd Legend allait offrir sa prestation. En effet, un concert gratuit offert par la ville de Genève aux touristes devant le lac, c’est peut-être l’ambiance idéale pour danser sur des chansons de Boney M avec une grande bière à la main mais, pour apprécier la finesse des arrangements floydiens, on aurait préféré un endroit plus adéquat. Et, là aussi, quelle ne fut pas notre surprise de constater que l’endroit choisi était non seulement féerique (dans l’enceinte du magnifique parc La Grange à Genève, face au lac) mais aussi idéal pour un concert de cette envergure. La scène est énorme, les jeux de lumière convaincants et le son tout simplement impeccable. Près de dix mille personnes (assises) attendaient donc patiemment que le concert prévu à 20 heures 30 démarre. Il a commencé à l’heure exacte, précision helvétique oblige. Nous sommes accueillis par la productrice du groupe, Aurore, qui avait eu la gentillesse de nous réserver les meilleures places, au milieu, devant la table de mixage, place royale s’il en est ! Tout était donc réuni pour faire de cette soirée une réussite.

Allons-y donc pour un compte-rendu détaillé : Il fait malheureusement encore jour au moment où l’introduction musicale (créée par Floyd Legend) se fait entendre. Excellente entrée en matière que cette bande sur laquelle sont « samplées » divers sons et passages musicaux classiques du Floyd (un peu comme Marillion l’avait fait en 1994 pour faire patienter son public lors de la célèbre tournée Brave). Cela a tout de suite fait monter d’un cran le degré d’adrénaline et de nervosité déjà passablement marqués dans le public. Le groupe arrive enfin sur scène, sous un soleil radieux , pour débuter le concert avec le son des majestueux accords de clavier de « Shine on you crazy diamond ». Le guitariste que je suis ne pouvait qu’appréhender d’entendre les premières notes de guitare bien connues du début de ce morceau. Non pas que le jeu de guitare de David Gilmour soit particulièrement retors (loin s’en faut), mais il faut que le son du guitariste des Floyd, reconnaissable entre mille, soit rigoureusement le même, sous peine de déception magistrale. Et ce fut le cas, pas seulement pour cette chanson mais pour l’ensemble du set. Ouf ! Comprenons-nous bien : jamais on ne reprochera à un groupe d’innover en cherchant à réarranger un morceau connu, bien au contraire puisque c’est là le sel même de l’expérience. Mais quand on va voir un tribute band de Genesis, Queen ou Pink Floyd, on s’attend à voir un concert de Genesis, Queen ou Pink Floyd, ni plus ni moins. (A ce propos, petite anecdote savoureuse : je dois avouer que je craignais un peu d’assister au concert d’un tribute band à Pink Floyd car j’ai trop souvent vu de mauvais groupes officiant dans ce registre à l’exception notable du génial Musical box, formation québécoise qui se propose de faire revivre le grand Genesis de l’époque Gabriel. Et quelle ne fut pas ma surprise de m’entendre dire par Aurore que c’est elle qui avait produit ce groupe et les avait fait tourner chez nous! Si elle s’intéresse à présent à un autre tribute band, on peut espérer que ce soit également d’excellente facture !)

Cinq musiciens sur scène, le guitariste et le claviériste se partagent les parties vocales, celles de Waters et celles de Gilmour. Là aussi, c’est bluffant. Il n’y a qu’à fermer les yeux pour se croire réellement à un concert de Pink Floyd. Les « tubes » se suivent sans encombre devant un parterre conquis (voir set-list) jusqu’à l’intro à la guitare de « Coming back to life » durant laquelle le guitariste souffrira de problèmes techniques indépendants de sa volonté mais qui ont gâché un peu la magie du moment. Un autre problème technique viendra émailler la fabuleuse prestation du chanteur sur « Waiting for the worms » puisque le porte-voix utilisé dans ce titre n’a pas daigné fonctionner. Mais ce ne sont broutilles que tout cela. Il est à relever que le groupe ne s’est pas contenté d’aligner des classiques mais a pris le risque d’exécuter de grands morceaux peu connus du grand public qui ont fait le bonheur des fans (« Sheep », « Young lust », etc…). Après l’énorme « Comfortably numb », le groupe quitte la scène et revient pour interpréter « Wish you were here » en premier rappel. Sortie de scène à nouveau avant le second et dernier rappel « Run like hell ».

Quelques bémols ? Oui mais très légers. En premier lieu, pourquoi le chanteur s’obstinait-il à nous parler en anglais alors que le public était très majoritairement francophone ? Ensuite, la set-list, bien que fort agréable, n’a pas eu pour souci de respecter l’ordre logique dans l’agencement des titres et le groupe s’est même permis d’ interpréter « Waiting for the worms » (l’un des derniers titres du fameux concept album The Wall) avant « In the flesh » (morceau d’ouverture du même album). La cohérence du propos en fut quelque peu chahutée. Idem pour « Breathe » (Dark side of the moon) placé après « Us and them ».

Un très bon concert, maîtrisé de bout en bout et finement exécuté. Même si Floyd Legend n’essaie pas de pousser le mimétisme visuel comme Musical box (il faut aussi bien avouer que Pink Floyd s’y prête moins), le rendu sonore est époustouflant et on peut mettre au défi l’amateur éclairé de distinguer à l’oreille l’original de la copie. Et c’est là le meilleur compliment qu’on puisse faire à un tribute band.

Christophe Gigon

site web : http://www.floydlegend.com

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