Karfagen - The Space Between Us

Sorti le: 01/09/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: Unicorn Digital

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Antony Kalugin forme Karfagen (« Carthage ») en 1997 en Ukraine, alors qu’il est encore étudiant en architecture. Quelques années plus tard, il est rejoint par son ami Sergei Kovalev armé d’un accordéon et d’un harmonica et finalement, en 2006, Continium voit le jour.

Sorti à peine un an plus tard, The Space Between Us ne constitue pas une flagrante avancée stylistique, empruntant la voie d’un progressif symphonique instrumental assez classique, largement dominé par les claviers, qui incorpore avec plus ou moins de bonheur divers éléments : du folk par l’entremise de l’accordéon, de l’harmonica et de la flûte (« The Great Circus », « The Other Side » ), du jazz (« The Dream Master », « Retrofall »), quelques influences orientales (« Masks and Illusions ») et classiques, disséminées de ci de là. Le passé de compositeur new age d’Antony Kalugin se fait également sentir par moments, comme sur l’introductif « Entering the Gate » ou sur « When the Night Falls ». Des voix viennent enrichir quelques titres en fonction de leur propos : parlées ou aux accents orientaux sur « Masks and Illusions », en accompagnement ou en doublement des mélodies sur « Temple of Light ».

Malheureusement, quelques aberrations sonores viennent gâcher la fête. Passons sur une production plate et sur une certaine hétérogénéité dans la qualité des titres et penchons-nous sur l’emploi des instruments. Ou plus clairement, des claviers. Antony Kalugin joue la variété, mais oublie que certaines sonorités font partie aujourd’hui d’un passé quelque peu honteux, confondant et mélangeant le vintage et le kitsch. Dès l’introduction (« Entering the Gate ») puis régulièrement tout au long des soixante-cinq minutes de l’album et notamment sur « The Great Circus », « The Sculptor » ou encore « Retrofall », sons datés ou utilisés à mauvais escient viennent polluer des titres de fort bonne facture par ailleurs. Ainsi, par exemple « Through A Stream Of Images » qui mélange le dynamisme et les envolées du néo prog avec une utilisation discrète mais efficace de l’accordéon, se trouve corrompu par quelques passages au clavier affreusement vieillots.

La musique de Karfagen n’est pas monolithique, c’est là l’une de ses qualités. Cependant, cette diversité n’est pas forcément bien exploitée dans toutes les compositions et l’équilibre entre modernité et péremption est souvent instable. Si Antony Kalugin voulait bien se débarrasser de certaines casseroles eighties, Karfagen ne s’en porterait que mieux.