Cynic

31/07/2007

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Par Djul

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CONCERT : CYNIC

  Artiste : Cynic
Lieu : Paris, Nouveau Casino
Date : 6 juin 2007

14 ans ! C’est l’attente qu’il aura fallu endurer pour (re)voir Cynic sur une scène. Formation à la carrière météorite (un album et puis s’en va), les Floridiens ont pourtant laissé une trace profonde chez leurs fans, comme en témoignent les 300 personnes présentes pour la date parisienne.

Set-list : Veil Of Maya – Celestial Voyage – The Eagle Nature – Sentiment – I’m But A Wave To…- Evolutionary Sleeper – Textures – Uroboric Forms – Cosmos – Meeting Of The Spirits – How Could I

Il y a des formations qui refusent de se faire oublier. Pourtant, en presque 15 ans de silence, Cynic aura tout fait pour. Cependant, le talent de ses membres, parsemés dans des formations aussi diverses que le trio pop Aeon Spoke ou la formation de metal progressif Gordian Knot, a permis de se remémorer combien leur premier essai ensemble, Focus (1993), fut un coup de maître. Publié chez Roadrunner et précédé d’une réputation hors du commun grâce à la présence de deux des musiciens sur Human de Death, ce disque témoigne d’un genre tout aussi fugace : le death metal progressif. Plus personnel qu’Atheist, moins cliché que Pestilence (quels noms !), Cynic est peut être la seule formation à retenir de tout le mouvement death (avec celle qui lui a donné son nom)

C’est sous l’impulsion de deux membres historiques du quatuor, Paul Masvidal et Sean Reinert, que ce rendez-vous tant attendu et inespéré compte tenu de leurs emplois du temps, a pu avoir lieu. Il aura également fallu patienter le temps d’ une première partie avec les mal-nommés Sweet Silence, qui aura paru presque aussi longue que la décennie et demie qui sépare le jour du concert de Cynic de leur séparation à l’amiable.

C’est donc devant un public chauffé à blanc et avide de sensations fortes que le groupe entre en scène après une longue introduction shamanique (Masvidal pratique), illustrée par des visuels floutés qui seront projetés pendant tout le concert. Le duo historique s’est entouré de David ‘Mavis’ Senescu à la guitare et de Chris Kringel à la basse, ce dernier ayant subrepticement joué dans Cynic au début des années 90. Point de chanteur « death » à l’horizon donc, puisqu’au dernier moment, Tony Teegarden, qui officiait sur l’album, n’a pu se joindre au quatuor. C’est ainsi que quand « Veil of Maya » démarre, on constate que les voix claires sont toujours assurées par Masvidal (et des effets très prononcés au vocoder), alors que les voix brutales sont tout simplement enregistrées. Un choix étrange soulignant, dans un contexte de concert, que Cynic aurait finalement toujours pu être un groupe instrumental. Cependant, cette bizarrerie est vite oubliée, puisque c’est justement la musique jouée à quatre instruments qui focalise l’attention du public et des nombreuses caméras qui ont essayé, pendant tout le concert, d’enregistrer les plans et les parties incroyablement complexes du groupe. Des problèmes techniques à répétition ont pourtant empêché Cynic de livrer son plein potentiel en début de concert, ce qui a nui par exemple au fantastique « Celestial Voyage », dont les parties rythmiques de guitare, acérées et ultra rapides, constituent l’un des points d’orgue de Focus, ou encore au plus calme « Sentiment », dont l’introduction et les arrangements dirigés par Reinert depuis son kit (customisé aux couleurs de l’album) sont presque passés à la trappe.

Ce n’est en réalité qu’à partir de « I’m But A Wave To » que le perfectionnisme de Paul Masvidal semble être satisfait et que la musique se libère enfin, pour un résultat tellurique : l’auditoire ne tarde pas à réagir en conséquence, de sorte que l’ambiance devient électrique. Le groupe en profite pour proposer son premier nouveau morceau depuis 15 ans, composé par le duo historique en vue de la tournée, « Evolutionary Sleeper » (le bien-nommé). A mi-chemin entre la douceur et la finesse des arrangements de Portal (le projet qui suivit Cynic, avec un chant féminin) et le Cynic des débuts, cette excellente composition navigue entre un démarrage puissant et un final sur un solo de guitare d’une limpidité remarquable, avec un chant clair illustrant à nouveau le fait que ce groupe aurait peut être connu un autre (et plus médiatisé) destin s’il n’avait pas opté pour les vocaux « made in Florida » du début des années 90… . Voici en tout cas un premier pas vers une reformation studio espérée de tous qui trancherait avec l’autre groupe de Masvidal et Reinert, Aeon Spoke, très (très !) loin de l’univers torturé et complexe de Cynic. L’instrumental de Focus, « Textures » suit, avec les parties ultra-rapides de Reinert restituées parfaitement et des passages solos de chaque instrumentiste, déjà prévus dans la composition d’origine.

Le retour vers des sphères plus abruptes se fait avec « Uroboric Forms », sur lequel le groupe invite un de ses fans, choisi sur enregistrement, à faire les voix « death ». Pour Paris, c’est Brett Caldas-Lima (qui officie également en qualité d’ingénieur du son sur cette date et les suivantes) qui a été retenu. Ce nom ne doit pas être inconnu aux amateurs de metal du milieu des années 90, puisqu’il s’agit du chanteur-guitariste de Kalisia, éternel espoir de la scène française qui va, croisons les doigts, bientôt sortir son premier album, presque 13 ans après sa dernière démo officielle : une carrière à la Cynic en somme. L’arrivée de Brett réchauffe encore l’ambiance, avant que le quatuor ne sorte deux nouvelles surprises de son chapeau : le planant « Cosmos », tiré de l’unique démo. de Portal, et une reprise brûlante de « Meeting of the Spirits », du Mahavishnu Orchestra, sur lequel on se dit que si John Mac Loughlin avait été produit aux Morrisound Studios et avait écouté Death, il aurait effectivement fait du Cynic.

Bien entendu, le concert ne pouvait en rester là, et le rappel permit à Cynic de jouer le dernier titre de Focus: « How Could I… », qui est sans conteste le morceau favori des amateurs du groupe, comme en témoigne un petit sondage sur son site web. Il faut dire que sa dernière partie, qui va crescendo, s’enfilant autour de deux lignes de guitares très distinctes et mélodiques (le solo final étant joué, pour une fois, par Senescu) a de quoi transcender. C’est sous les applaudissements que les membres du « Cynic Mark II » quittent la scène du Nouveau Casino, visiblement émus par l’accueil d’un public qui ne les a pas oubliés, et qui est même plus étendu aujourd’hui qu’hier. Une preuve supplémentaire que Focus a posé un jalon de la musique rock, tout simplement. A quand la suite du chemin?

Djul

site web : http://www.cynicalsphere.com

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