Zettaimu - Miroque

Sorti le: 13/06/2007

Par Christophe Gigon

Label: Garando Records

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Zettaimu est le nom du projet du guitariste japonais Hisashi Furue. Non, cher lecteur, n’éteignez pas votre ordinateur. Il existe bel et bien des groupes japonais novateurs et dignes d’intérêt. Certes, l’amateur de rock progressif lambda a pu être quelque peu échaudé par la prolifération intempestive de multiples formations nippones, produisant des musiques le plus souvent destinées à servir de bandes-son à Goldorak. Et que les spécialistes du genre chez lesquels le catalogue MUSEA trône sur le chevet de l’alcôve ne nient pas ce piteux état de fait! Dans le rock progressif nippon, il y a à boire et à manger et tout n’est pas nippon, ni mauvais (veuillez excuser ce jeu de mots éculé mais m’empêcher de le sortir ici eût été par trop frustrant). Le franchement mauvais apparaît plus souvent qu’à son tour, hormis de notables exceptions ( Teru’s Symphonia, Gerard ou encore l’excellent Asturias). Et, parfois, des victuailles musicales purement et simplement indigestes servent d’entrées dans ce monde pourtant incroyablement riche que forme le microcosme progressif japonais.

Zettaimu puise ses influences aussi bien dans le rock progressif anglo-saxon que dans la musique et les rythmes traditionnels japonais. Rien à voir donc avec d’autres formations (qui ne seront pas citées ici) nous réservant leurs sempiternelles symphonies « à la ELP » mâtinées de son de claviers de dessins-animés. Ce groupe propose ainsi une musique forte, puissante et parfaitement accessible malgré le chant en japonais qui pourra peut-être, de prime abord, surprendre. Zettaimu existe depuis le début des années quatre-vingt et a déjà sorti trois albums; Miroque constitue donc la dernière livraison en provenance du soleil levant.

Autant le dire d’emblée, Miroque est un très bon disque, frais et dynamique. Et il est vrai que, même si certaines influences se font ressentir (Mike Oldfield pour le côté « tribal », The Cure pour les ambiances « gothiques » et surtout Kate Bush pour la voix), la musique de Zettaimu est, somme toute, parfaitement originale. Et ce n’est pas souvent que l’on peut prétendre user de tels qualificatifs quand on parle de progressif nippon. Enfin une formation ambitieuse qui a su s’affranchir des dinosaures ELP, Yes ou autres E.L.O! Ce qui est remarquable est cette facilité déconcertante du groupe de garder une certaine cohérence stylistique malgré la richesse de sa musique. L’auditeur passera en effet de climats « crimsonniens » du plus bel effet à des atmosphères éthérées dont seules Kate Bush, et Björk ont le secret. Les paysages contrastés de l’ensemble forment, malgré tout, un tableau parfaitement construit et maîtrisé bénéficiant de surcroît d’une très bonne production. Le guitariste, bien que passablement « oldfieldien » dans sa démarche, parvient à tisser de superbes entrefilets guitaristiques entourant la voix-cristal de Kanako et lui offrant ainsi un écrin de pur velours.

Finalement, une excellente surprise que cet album qui semblait voué à être oublié sur quelque bureau de rédaction ad aeternam tant l’envie manquait de le glisser dans le système hi-fi. Bien en a pris à l’auteur de ces lignes, fort étonné par la qualité d’ensemble du produit. Une très belle production, riche et agréable, jamais prétentieuse ou vainement démonstrative. Une musique aux carrefours de plusieurs mondes. Amateurs de la grande Kate, offrez-vous le luxe de goûter aux charmes de l’Orient.