Bananas at the Audience - Into the House of Slumber

Sorti le: 12/04/2007

Par Christophe Manhès

Label: SK Records

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Underground, autoproduit, s’exprimant jusqu’ici dans un style « hardcore-noise », le groupe n’avait que peu de chances de rentrer dans la ligne éditoriale de Progressia. Et pourtant, à l’écoute de cette dernière bacchanale, force est de reconnaître que Bananas at the Audience, à force de varier les plaisirs auditifs, a de quoi séduire les amateurs de musiques impétueuses à la frontière de la complexité.

Into the House of Slumber est donc un album panaché de sensations fortes, très concentré sur l’énergie pure. Mais le plus séduisant c’est qu’il possède d’évidentes qualités mélodiques liées à un duo de guitaristes épatants, au sens de l’épique et de la rythmique chevillé au corps. Dignement produit par leur nouveau label, ce troisième album des Lyonnais de Bananas at the Audience apporte aussi quelques éléments inédits. D’abord l’usage de samplers qui ajoute une petite dose psychédélique bienvenue. Par ailleurs, une construction ramassée et très fluide donne à l’ensemble un côté gouleyant assez jouissif.

Si l’on veut être plus précis quant au contenu, on se rend compte qu’il est difficile de résister à des titres comme « Trapped », doté d’un riff terriblement accrocheur (on pense beaucoup à Faith No More ou Tomahawk) et ouvrant les hostilités avec panache, ou bien à la paire « But Metaphysically »/ « Into the House of Slumber », qui démarre comme un faux post-rock, très tendu, pour finir explosif et dopant. C’est que la cuisine de ces enragés, c’est plutôt le genre « bananes flambées bien arrosées »…

Par contre, on serait tenté de faire la fine bouche devant la conclusion de l’album en forme d’atterrissage un peu brutal et ce d’autant plus qu’il est bref — 30 minutes ! On peut aussi regretter quelques excès du chant, souvent hurlé; mais, écoute après écoute, ce style vocal rugissant prend naturellement sa place dans ce qui est l’expression authentique et viscérale d’un rock en marge des courants dominants. On finit même par apprécier tant de conviction.

Into the House of Slumber s’écoute donc d’une traite, ce qui n’est pas un menu plaisir, et de deux manières : soit le son à fond si vous êtes un mosher invétéré, soit, au contraire, affalé dans son canapé, intrigué par la rage juvénile mais hautement maîtrisée, presque sophistiquée, de l’ensemble.
Sans être chauvin pour un sou, on peut affirmer que côté rock’n’roll, il fait bon vivre en France en ce moment…