Morse, Portnoy, George - Cover To Cover

Sorti le: 28/02/2007

Par Julien Damotte

Label: InsideOut Music

Site:

Cover To Cover est un énième album issu des cerveaux débordants de créativité de Neal Morse et Mike Portnoy, assistés comme sur les albums solos de Morse post-Beard par Randy George à la basse. Entre Transatlantic, la carrière solo du Révérend et les divers concerts-hommages (Led Zeppelin, Beatles, The Who et Rush), les deux compères semblent désormais inséparables. Habitué à les voir sur tous les fronts (le père Morse est d’ailleurs beaucoup plus prolifique depuis qu’il a « arrêté » la musique…), on est en droit d’attendre le meilleur comme le pire de ces deux hyperactifs. Verdict ?

Composé de treize titres enregistrés lors des séances studios de ? (plages 1 à 7), One (plages 8 à 11) et Testimony (plages 12 et 13), cet album, s’il n’est malheureusement qu’une simple compilation, est plus qu’un recyclage de rushes . Les diverses reprises ont été considérées comme des titres à part entière et non comme de simples interprétations live non travaillées. Les arrangements et overdubs sont riches et variés, et ce dès le premier titre, « Pleasant Valley Sunday », reprise inconnue des Monkeys. Loin de bâcler leur travail, les trois compères assistés de divers invités comme l’inénarrable guitariste-chanteur Phil Keaggy (chant sur « What Is Life »), insufflent une nouvelle vie à des titres majoritairement méconnus du grand public. La qualité d’interprétation est donc au rendez-vous, mais ça on pouvait s’y attendre.

Le problème vient plus de l’intérêt d’un tel disque, conséquence directe d’un choix de titres un peu particulier mais aussi et surtout de la présence des six dernières reprises sur les éditions spéciales des albums solos de Neal. En effet, les titres issus des séances studio de One et Testimony figuraient déjà sur les éditions spéciales de ces mêmes albums ! Quel intérêt le fan va–t-il trouver à acheter un album contenant des titres qu’il possède déjà dans sa quasi-totalité ? Mais revenons au choix des titres. Hormis la reprise du tube interplanétaire qu’est « Where The Streets Have No Name » de U2 ou encore le « Rock And Roll Suicide » de David Bowie, déjà repris par Depeche Mode, les titres choisis ne sont pas forcément connus des amateurs de rock progressif qui composent en majorité le public de Morse. Peut-être les guitaristes reconnaîtront-ils l’honorable reprise de « Badge », titre incontournable d’Eric Clapton période Cream, déjà repris par Jeff Healey en 1995 sur un album de reprises nommé… Cover To Cover ! (NdR : originalité, quand tu nous tiens !) Mais que dire des reprises plus énigmatiques de titres post-Beatles comme le très dispensable « What Is Life ? » de George Harrison ou le méconnu « Maybe I’m Amazed » de Paul McCartney ? Heureusement, l’interprétation est vraiment de haute volée, avec comme point d’orgue le mini-medley des The Who « I’m Free / Sparks » dans laquelle les protagonistes s’en donnent à cœur joie ! Mention particulière également à l’excellent « Tuesday Afternoon » même si l’effet de surprise n’est pas au rendez-vous puisqu’il figurait déjà sur le disque bonus de Testimony

Au fil des écoutes, il faut tout de même avouer que, connues ou pas, ces reprises restent plus qu’agréables à écouter et donneraient presque envie de découvrir les versions originales et les artistes qui les ont composées. Alors, allons vite nous procurer des disques de Chicago, de Badfinger ou des Moody Blues ! Après tout, ces artistes ont donné envie de faire de la musique à des icônes du progressif, alors pourquoi ne nous feraient-ils pas le même effet ? Par contre, il ne sera pas forcément nécessaire de s’arrêter au rayon prog pour acquérir ce Cover To Cover , à part peut-être pour ceux qui ont fait l’impasse sur les éditions limitées susnommées et dont la curiosité est aiguisée par cette chronique (cela fait deux conditions à remplir). Enfin, avouons qu’il n’est pas désagréable non plus d’entendre la voix de Neal Morse sur des paroles autres qu’évangéliques. A bon entendeur…