Prön Flavürdik - Teaser n°1

Sorti le: 11/02/2007

Par Christophe Gigon

Label: Autoproduction

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Un seul morceau de quarante minutes divisé en sept parties ! Le chroniqueur de Progressia qui reçoit dans sa boîte aux lettres un objet aussi peu commun que le premier CD autoproduit d’un jeune groupe français répondant à l’étrange nom de Prön Flavürdik et ne contenant pas la moindre information ni la moindre illustration peut réagir de deux façons radicalement différentes : soit il se demande pourquoi c’est lui qui a été choisi pour faire connaître au monde (progressif) cette formation, soit il prend cet envoi mystérieux pour un signe du destin. En effet, un disque à l’emballage si sobre et au nom de groupe si énigmatique ne peut que receler d’intéressantes découvertes. L’effort d’ouverture doit rester le souci premier de tout bon critique musical.

Afin de bien faire comprendre au lecteur déjà piqué de curiosité de quoi retourne cette rondelle malicieuse, prenons les choses dans l’ordre. Tout d’abord, l’objet lui-même : un disque sans aucune indication glissé dans une pochette cartonnée noire du plus bel effet mais dénuée de toute information pourtant fort utile au chroniqueur comme le titre de l’album, le nom des pistes, la composition du groupe et l’éventuel label chargé de véhiculer cet ovni. Que nenni ! Le néant intersidéral. Le chroniqueur de Progressia ne baissant jamais les bras, il s’agit de pouvoir tout de même faire son travail avec rigueur et efficacité tout en veillant à respecter les délais. Grâce à Internet, Prön Flavürdik sort de sa nappe de mystère et le chroniqueur commence à comprendre à qui il a affaire et donc, à qui, cher lecteur, vous aurez affaire si vous décidiez, vous aussi, de vous intéresser à cet étrange olibrius musical.

Prön Flavürdik est un groupe français, de Rouen plus précisément, et qui existe depuis le printemps de l’année 2004. C’est un trio composé d’un batteur, d’un guitariste et d’un claviériste. Il se réclame de formations connues comme King Crimson, Soft Machine, The Doors et Magma mais puise aussi ses influences dans de la matière beaucoup plus obscure et ardue (Steve Reich, John Zorne ou encore Boris). Un curriculum vitae qui laisse augurer des passages instrumentaux bien retors à mille lieues de la musique aseptisée et consensuelle que l’on peut entendre malheureusement sur nos radios rock. Ce trio peut également évoluer en quintette si le cœur lui en dit en s’offrant les services d’un saxophone alto et d’un saxhorn. Sur le CD autoproduit qui nous a été distribué, c’est la formule en trio qui est déployée.

Finalement, le contenu est-il aussi iconoclaste que le sont le design du disque et le site internet du groupe ? Oui et non. Certes, la musique complètement instrumentale de Prön Flavürdik ne s’embarrasse pas de refrains ni de chorus sans pour autant emmener l’auditeur dans un Eden musical. Loin s’en faut, celui-ci aurait plutôt l’impression de sillonner une semi autoroute de banlieue ostendaise. Extrêmement uniforme, le (trop) long morceau (bien que divisé en sept parties) que constitue ce premier effort autoproduit est surtout producteur d’ennui. Un post-rock de facture très classique (Mogwai, The Evpatoria Report) qui emprunte aussi beaucoup aux thèmes cinématographiques (David Lynch, les frères Cohen) mais qui peine à tenir l’auditeur en haleine. Peut-être qu’une telle musique se révélerait idéale en arrière-plan de moyens métrages mais seule, elle ne se suffit malheureusement pas. Et ce n’est pas faute d’avoir laissé sa chance à cet original produit. C’est après avoir écouté plus d’une dizaine de fois celui-ci dans les meilleures conditions possibles, avec un matériel qui ferait baver l’audiophile le plus blasé que le chroniqueur doit malgré tout constater les limites d’une certaine manière d’entrer dans le moule de cette mouvance post rock. Certes, le groupe admet volontiers qu’il a pour ambition de créer une musique mi-écrite, mi-improvisée qui puiserait autant dans le post rock que dans le psychédélisme, avec pour but avoué de créer des « climats cinématographiques ». Las, l’auditeur s’ennuie ferme. Peu de relief tout au long de ce voyage musical. Mais ce CD autoproduit n’est peut-être que le début d’une aventure qui pourrait s’avérer passionnante. Affaire à suivre, donc…

Et Ostende est une ville pleine de charme qui mériterait mieux comme bande-son. Mais le flamand Arno s’en occupe déjà avec vigueur et brio !