GPS - Window To The Soul

Sorti le: 08/12/2006

Par Julien Damotte

Label: InsideOut Music

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Quand Guthrie Govan (G), John Payne (P) et Jay Schellen (S) se retrouvent le temps d’un album, ça donne… Asia ? Eh non, malgré les apparences le groupe se nomme GPS et accueille dans ses rangs le japonais fou de Spock’s Beard, Ryo Okumoto aux claviers. Première interrogation : pourquoi ne pas avoir sorti ce Window To The Soul avec Asia ? La réponse est simple : Geoff Downes souhaitant reformer le groupe sous son line-up originel, Govan et Payne se retrouvent sans groupe fixe. Ces derniers ont peut-être vu là une occasion de proposer une musique différente de celle d’Asia sans que les fans crient à l’outrage. Deuxième interrogation légitime : le pari est-il tenu ? Malheureusement non…

Album très inégal, Window To The Soul souffle le (très) chaud et le (très) froid et laisse un goût plus que mitigé, même après de nombreuses écoutes. Frappant d’originalité et de qualité technique sur les trois premiers titres mais affligeant d’ennui sur la plupart des autres morceaux, le quatuor prouve qu’il est capable du meilleur mais surtout du pire. Que les fans d’Asia se rassurent puisque, outre la voix rauque volontairement durcie de John Payne et quelques sursauts d’énergie passagers, la musique de GPS ne s’éloigne que très peu de celle de leur groupe fétiche. Pour les autres, les surprises seront peu nombreuses. En effet, si « Window To The Soul », « New Jerusalem » et « Heaven Can Wait » laissent présager un album très intéressant, la suite n’est vraiment pas à la hauteur des sommets atteints par ces trois premiers titres et provoquera sans doute un sentiment de frustration chez l’auditeur. Les titres s’enchaînent sans rythme et hormis l’excellent « The Objector » sur lequel on croirait assister à une reformation de Ark, on s’ennuie ferme. L’insipide « I Believe In Yesterday » ferait d’ailleurs presque passer le qualificatif « FM » pour un terme péjoratif.

Les qualités techniques des musiciens sont pourtant indéniables mais elles paraissent mal exploitées, à l’exception des solos du guitariste-virtuose Guthrie Govan (NdR : Son premier album solo Erotic Cakes est disponible sur internet depuis peu). Encensé par ses pairs mais encore injustement méconnu du grand public, l’anglais est capable de tout. Les rares habitués de sa technique extravagante seront d’ailleurs surpris de voir que ses solos au sein de GPS ne sont que douceur et feeling, saupoudrés avec parcimonie d’une technique bien sentie. Les chorus de « Written On Time », de « Gold » sont les exemples parfaits du toucher sans faille de l’anglais, qui n’a décidément rien à envier à personne, ni aux bluesmen les plus touchants, ni aux techniciens les plus aguerris. La basse est quant à elle un peu trop mise en avant et les longs solos de claviers font souvent office de remplissage.

Window To The Soul apporte la preuve qu’il faut plus à un groupe que des musiciens talentueux et une production professionnelle pour sortir du lot. Pourtant, si l’album avait été de l’acabit des trois premiers titres, on ne serait pas passé loin du chef d’œuvre. Quel dommage…