Voivod - Katorz

Sorti le: 03/08/2006

Par Jean-Philippe Haas

Label: Nuclear Blast

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Sobrement intitulé Voivod, le précédent album des québécois marquait le retour de Denis « Snake » Belanger au chant et intronisait en fanfare Jason Newsted, ex-Metallica s’il est besoin de le rappeler. Très orienté rock, ce disque sonnait un peu comme la renaissance d’un groupe en pleine crise créatrice depuis The Outer Limits, sommet artistique en termes d’originalité. Ce Katorz signe quant à lui la première partie du testament musical de feu Denis « Piggy » D’Amour, décédé en août 2005. Le groupe a en effet utilisé les parties de guitare que D’Amour avait enregistrées juste avant de passer de vie à trépas. En résulte un son assez particulier, une sorte de démo amplifiée et puissamment soutenue par la basse de Newsted.

Autant l’annoncer d’emblée : Katorz n’apporte rien de neuf sous le timide soleil du Québec. Cet album est la continuité logique du précédent, entre rock puissant, thrash old school et stoner rock. On ne s’ennuie pas pour autant, l’album n’est ni plat ni uniforme, chaque titre présente un aspect différent du groupe, mais on ne peut plus parler d’innovation. La période progressive est bel et bien révolue même s’il subsiste des traces de la glorieuse époque de Nothingface et d’Angel Rat, lorsque le groupe se démarquait très clairement de tous ses concurrents thrashers. On serait d’ailleurs presque tenté de classer les titres en deux catégories. Ceux qui sont typiquement voivodiens, avec leurs ambiances angoissantes, spatiales ou leurs gimmicks particuliers (« Dognation », « Silly Clones », « Mr. Clean »), et ceux qui pourraient aisément figurer chez un autre groupe évoluant dans le même registre (« The Getaway », « Odds & Frauds », « Red My Mind », « No Angel »).

Considérant la discographie du groupe dans son ensemble, ce nouvel album pouvait raisonnablement être meilleur. Ou bien pire aussi. Katorz n’est ni moderne, ni révolutionnaire, encore moins le plus bel effort de l’entité Voivod. C’est un disque de rock métallique, vrai, bourré d’énergie, avec ses clichés, sa production hybride, mais il reste reconnaissable entre mille de par son chant, sa rythmique, la guitare de Piggy. C’est aussi le nouvel album d’un groupe underground qui a influencé nombre de formations beaucoup plus connues et qui comme tous les défricheurs, n’a pas eu – et n’aura vraisemblablement pas – la reconnaissance méritée. Reste l’aspect symbolique de cet album, un hommage puissant à celui qui fut l’ossature du groupe. De ce point de vue, le contrat est rempli.