Marillion

24/12/2005

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Par Djul

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CONCERT : MARILLION

 

Artiste : Marillion
Lieu : Paris, Elysée Montmartre
Date : 28 novembre 2005
Photos : Dan Tordjman

Comme à son habitude, Marillion profite de la fin de l’année pour offrir à ses fans une brève tournée européenne. Mais alors que le groupe fréquentait souvent à cette occasion des salles de taille restreinte, 2005 fait exception à la règle puisque c’est l’Elysée Montmartre qui accueillait l’évènement. Un choix opportun, au vu de la foule qui se pressait dès 18H30 devant les portes de l’illustre salle parisienne.


Set-list : An Accidental Man – You’re Gone – Beautiful – Gazpacho – Genie – Fantastic Place – Out Of This World – The Party – Quartz – The Damage – Mad – Go! – Rappels : Rappel 1: The King of Sunset Town – Seasons End – Cathedral Wall – Rappel 2: Separated Out – Neverland – Rappel 3: Christmas Marbles

Une fois n’est pas coutume, Marillion a cette fois proposé à un autre groupe d’ouvrir son concert, alors que les deux dernières dates parisiennes du groupe, en 2004, n’avaient pas offert pareille opportunité à une jeune formation. Ce sont les Norvégiens de Gazpacho qui se sont attelés à la tâche, démontrant à nouveau combien Marillion semble compter pour ces jeunes gens : outre l’intervention de Steve Rothery sur leur album, M. leur a permis d’ouvrir de précédents concerts, sans parler de leur nom, peut-être inspiré d’un titre d’Afraid of Sunlight que l’on retrouvera plus tard.
Leur prestation démarre cependant de manière assez poussive, avant que quelques titres de qualité ne viennent redresser la barre. Parmi ces derniers, on peut noter l’excellent « The Secret », dont le final arabisant porté par un violoniste en forme fait monter la température de plusieurs degrés, ou encore le très progressif « Sea Of Tranquility ». Musicalement, on pourrait qualifier Gazpacho de « néo-prog qui avance masqué » : on note beaucoup de réflexes pompeux (sonorités de claviers sur « Substitute for Murder », emphase vocale) derrière ce qui ressemble à du rock indépendant intelligent. Mais ce mélange, a priori contre-nature, passe plutôt bien, car ingénieusement mis en place et assumé par un chanteur talentueux, Jan-Henrik Ohme. Le dernier titre, « Bravo », tiré de leur premier album, clôture élégamment une prestation encourageante. Un bon concert, à confirmer!

Après un intervalle franchement longuet que n’arrivèrent pas à écourter Led Zep et quelques chansons de Noël, place à Marillion sur une musique et quelques guirlandes électriques de circonstance ! Et force est de constater que la popularité des Anglais ne s’est pas réduite, et ce malgré deux tournées pour Marbles, une promotion quasi-inexistante et deux autres concerts en France (à Istres et Lille) : « An Accidental Man », morceau un peu oublié, fait bondir le public, mis au pas par un Hogarth armé d’une cravache (!!) et la rythmique énorme de Trewavas et Mosley, qui récidivent d’ailleurs sur « Genie ». Une entrée en matière énergique qui tombe d’autant plus mal que les morceaux suivants sonnent de manière franchement dépareillée. « You’re Gone », la triste tentative de single du groupe, n’est pas prêt de quitter les set-lists au vu de l’ovation réservée (et, il est vrai, l’ajout d’un gros beat préenregistré qui fait son petit effet sur le refrain). Et si « Beautiful » porte bien son nom, son refrain guimauve passe difficilement lorsqu’il s’enchaîne de près avec « Fantastic Place » : l’excès de sucreries tourne à l’hyperglycémie ! Et ce n’est pas « Gazpacho » qui nous sauvera de l’indigestion car ce titre, déjà bancal sur disque, ne décolle pas sur scène. L’effet de surprise de le voir inscrit à la set-list tourne d’ailleurs à l’incompréhension complète lorsque l’on constate qu’un morceau comme « King » a été laissé de côté!

A ce moment du concert, les questions s’accumulent : l’ambiance est là, le son est excellent (volume sonore raisonnable et mixage des instruments de grande qualité), et le groupe joue à merveille. Ce sont donc bien les morceaux qui dépareillent, étant tous issus de la veine la plus pop du répertoire de Marillion. On a d’autant plus de mal à comprendre ce choix que le concept d’un concert pour les fans permet en général de s’affranchir de ces contraintes de type « médiatique ». La suite de la soirée va néanmoins rééquilibrer les débats, et c’est « Out of This World » qui met fin à la série : baigné dans une lumière bleue océan, Marillion subjugue enfin, avec une prestation vocale de premier ordre. Pas besoin des écrans du concert précédent ni d’autre subterfuge pour que la magie opère, intacte. Et « The Party », débuté au piano par le même Hogarth, finit de faire décoller le concert de ses envolées successives, avec un Rothery à l’unisson. Le groupe ne n’atterrira plus, à notre plus grand bonheur : le subtil « Quartz » et ses tiroirs, précédé par les tentatives en français de H. ; les minauderies géniales de « The Damage », qui font fondre les filles, avant que Rothery, dont le son était particulièrement puissant ce soir-là, ne fasse rugir les garçons ; l’attendu « Mad » (introduit par trois impressionnantes explosions de fumées) et le mélancolique « Go ». Cette seconde partie de concert méritait à elle seule le déplacement !

Une heure trente de concert : voilà qui est bien court pour un groupe à la carrière aussi longue que celle de Marillion. Le public n’est pas dupe et le groupe reviendra d’ailleurs par trois fois.
Introduction basse / batterie, et c’est « King of Sunset Town » qui démarre, tandis qu’Hogarth harangue la foule de chaque côté de la scène, perché sur les amplis, avant de se calmer pour « Seasons End », qui remplace avantageusement « Drilling Holes », joué sur d’autres dates de la tournée. La musique, mélancolique et glaciale, s’éteint sur les pulsations rythmiques du groupe, à l’unisson, avant qu’un « Cathedral Wall » improbable ne débute. Tiré de l’honni Radiation, on le retrouve dans une version à la fois dépecée de ses arrangements de claviers (sauf sur le solo de Mark Kelly) et surpuissante, Mosley sortant même un final « grindcore » (tout est relatif, cependant !) ! Un bref aller-retour dans les coulisses précède un « Separated Out » festif mais pas essentiel, enchaîné avec l’un des morceaux épiques de Marbles.
Mais non, il ne s’agit toujours pas d’ « Ocean Cloud », à notre grand regret : alors qu’en 2002, Marillion avait fait l’agréable surprise de dépoussiérer « This Strange Engine », le groupe joue la carte de la sécurité en 2005, avec « Neverland ». Le morceau est toujours un peu trop long, mais coupé en son milieu par une sympathique explosion de cotillons du meilleur effet, tandis qu’Hogarth continue à faire des échos pendant des heures. Dernier « rappel », le chanteur trublion revient sur scène dans un costume de Père Noel pour un morceau mêlant comptines de Marbles et de fêtes de fin d’année, sur un fond country déjanté assez surréaliste : une conclusion des plus sympathiques !

En sortant de ce concert, on se prend à penser que cela faisait trop longtemps que l’on n’avait pas vu Marillion. Preuve s’il en fallait que le groupe possède toujours quelque chose d’inimitable, en dehors de son chanteur qui boxe hors catégorie depuis bien longtemps. Difficile donc de leur en vouloir pour une entrée en matière bien trop légère et leur choix de persister à mettre en avant certains titres parmi les plus faibles de Marbles. C’est peut être là tout le paradoxe de la relation entre Marillion et son public : parfois, les fans aiment trop « leur » artiste… .

Djul

site web :http://www.marillion.com

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