The Cracow Klezmer Band - Under the Sign of the Hourglas

Sorti le: 04/11/2005

Par Djul

Label: Tzadik / Orkhestra

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Parmi les tenants du mouvement New Jewish Renaissance, hébergé par John Zorn sur son label Tzadik, The Cracow Klezmer Band est le seul groupe encore implanté dans les pays de l’Est (la Pologne, vous l’aurez compris). Ainsi, quand le quatuor joue de la musique klezmer, il le fait « naturellement », ou en tout cas sans chercher à tout prix à faire revivre cette musique, qui connaît d’ailleurs depuis peu une seconde jeunesse grâce à Zorn. Le saxophoniste a réinventé le genre avec son projet Masada, qui a aujourd’hui plus de dix ans et compte près de cinquante disques à son actif. Avec ce disque, les Polonais proposent une nouvelle formule, peut-être un peu plus traditionnelle que ce « free-klezmer jazz » découvert avec Masada.

Formé en 1997 et dirigé par l’accordéoniste Jaroslaw Bester, le quatuor a déjà sorti trois disques sur Orkhestra et s’est fait un nom sur la scène internationale. C’est cette fois sous la direction de John Zorn – officiant également à la composition – que les quatre instrumentistes ont décidé de rendre hommage à l’artiste polonais Bruno Schultz, dessinateur et écrivain, qui fusionna les deux arts dans un album de gravure, Le Livre idolâtre, paru dans les années 20, avant de se consacrer à l’écriture de récits du quotidien.

Très portée par l’accordéon de son leader, la musique du quatuor est vive et expressive, et alterne le très enjoué (« Meshakh », et ses multiples percussions) et le franchement angoissant (« Galgalim », avec ce qu’il faut de cordes plaintives et de basse lancinante, et qui démontre au passage l’influence des musiques de l’Est sur des groupes comme Univers Zero). La « patte » de Zorn se retrouve sur certaines compositions léchées. Le classieux « Pagiel » est ainsi très proche, de par ses arrangements de cordes, des réinterprétations de Masada par le Masada String Trio. Les idées neuves ne manquent pas non plus : on est surpris d’entendre des effets de réverbérations sur le long final de « Demai » ou les « drones » à la Yoshihide parsemant « Tirzah ». Longue ballade langoureuse portée par une contrebasse et un violon, ce dernier titre est le sommet du disque, avec l’intervention de la chanteuse Grazyna Auguscik dont les vocalises nostalgiques font merveille, sans qu’aucune parole ne soit nécessaire pour véhiculer l’émotion. Dix minutes sublimes !

Ce disque est un bonheur à l’écoute, à la fois luxuriant et très divers dans les atmosphères abordées : un tour de force qui donne enfin des sonorités aux œuvres symboliques de Schultz.