P. A. Goualch & F. Agulhon - Tikit

Sorti le: 17/10/2005

Par Aleksandr Lézy

Label: EMD

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Tikit est le projet de Frank Agulhon (batterie) et Pierre-Alain Goualch (piano), tous deux jazzmen français. L’idée part du principe d’écrire des « histoires courtes pour piano et batterie » : dix-neuf petites pièces de une à trois minutes permettant de faire un pas de plus dans l’univers créatif de deux musiciens aux énergies affirmées. Tout le monde a son « Tikit » ? Alors en route …

Au début, on pense jazz. On avance puis on pense improvisation, pour en arriver à la conclusion qu’on marche sur les plates bandes des deux tout simplement. L’ambiance générale mêle mystère, gaieté et nostalgie, des éléments que la musique tend à générer. L’alliance des sonorités délicates et parfois dissonantes du piano à celles d’une batterie claquante en perpétuel mouvement, à la limite de l’hystérie, fait retrouver des sensations jusqu’à présent oubliées dans les amas sonores de formations généralement plus étoffées en matière d’effectifs. Tikit aborde la musique comme un jeu de construction, où mettre des clefs dans un piano permet de modifier une note, un accord, où ne partir de nul part permet de créer des tensions, des climats particuliers, des échanges de timbres ou de rythmes, pour laisser l’auditeur se faire son histoire.
Frank Agulhon et Pierre-Alain Goualch sont deux excellents musiciens qui le démontrent humblement en développant chacun un jeu fin, emprunt de délicatesse sur « A Better World » mais aussi de furie sur « NQMPNC » ou bien « In Fine Veritas », morceau qui conclut le disque. Les deux musiciens rapprochent leurs pratiques instrumentales, pour le piano affirmant son coté mélodique en y ajoutant une force dans l’attaque des touches et pour la batterie en insistant sur son coté percussif mais en n’oubliant pas de jouer sur les nombreux timbres qui la composent.
Les deux amis se sont bien trouvés et cette complicité se ressent si fortement que le doute s’installe parfois quant à la réelle improvisation sur certains morceaux. Notons que l’apport modéré du Fender Rhodes fait son petit effet et que l’originalité de la reprise du « Giant Steps » de John Coltrane affole les esgourdes.

Le duo Goualch/Agulhon propose un album de qualité qui offre son moment de plaisir un temps. Il est pourtant notable, malgré un travail soigné, que ce disque s’apparente plus à une réunion d’idées qu’à un album à part entière. Certains moments auraient mérité d’être un peu plus exploités et laissent une sensation de frustration. Cela dit, Tikit dégage une telle saveur de complicité artistique entre les deux musiciens que ce désagrément est rapidement oublié.