Carptree - Man-Made Machine

Sorti le: 23/09/2005

Par Djul

Label: InsideOut Music

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Véritable découverte de l’année 2003 après un premier album totalement confidentiel, Carptree en avait régalé plus d’un avec son Superhero et sa musique empruntée à Genesis mais dotée d’une humeur plus sombre et de quelques sonorités franchement modernes. Le véritable « plus » de l’album était de proposer par ailleurs des titres aux mélodies imparables qui en ont vite fait un disque de chevet pour ceux qui adhéraient à la formule du groupe.

Le duo suédois composé de Niclas Flinck (au chant) et de Carl Westholm (aux claviers) a donc décidé de battre le fer pendant qu’il était encore chaud, conforté par leur arrivée sur la « major du progressif », Inside Out. Une opportunité inespérée pour deux artistes qui jouent ensemble depuis maintenant… vingt ans ! Carptree bénéficie donc de moyens supplémentaires, comme en témoigne la superbe production de ce troisième album, et est toujours aidé de son « groupe d’appoint » de sept musiciens supplémentaires, au nom malicieux de « No Future Orchestra ».

D’emblée, la voix de Flinck, à mi-chemin entre le Gab’ et Fish, apparaît toujours aussi hantée et émouvante et les compositions du duo restent dans la lignée de celles que nous avions découvertes il y a deux ans : sombres et denses. Ainsi, « Titans Clash Aggressively To Keep an Even Score » pose le décor avec sa mélodie lancinante au piano, son envolée gorgée de guitares et de claviers à l’unisson et un chœur créant une atmosphère presque malsaine. On se plait aussi à retrouver la force du duo sur des passages où un simple piano et un micro font mouche à l’instar de « The Weakening Sound ».

Sur la seconde moitié de l’album, Carptree muscle sa musique. Le morceau-titre est un essai réussi de « prog industriel », où Westholm s’amuse entre mellotrons et claviers aux sonorités modernes, alors que « Burn To Something New » s’achève dans la furie. « In The Centre Of An Empty Space » constitue la pièce maîtresse de l’album, son titre le plus puissant, avec des soli de claviers stridents et des guitares qui ne font plus dans le détail. La conclusion, « This Is Home », propose un bel équilibre entre cette musique plus « lourde » en cette année 2005 et les lignes mélodiques imparables de Superhero.

Pour son troisième album, Carptree est allé encore plus loin dans la restitution de ses angoisses pour composer un disque plus compact et moins accessible que Superhero. Le seul regret est propre à l’écriture même du duo : cette musique oscillant constamment en « hauts » (refrains pompeux très emphatiques) et « bas » (couplets intimistes voix-piano) pourra lasser. Ainsi, un meilleur équilibre entre des compositions immédiates de Superhero et l’excellence des arrangements et de la production de Man Made Machine constituerait sans nul doute une pierre angulaire du rock progressif moderne. En attendant, ce troisième album reste une valeur sûre de cette année 2005 et saura se faire apprécier.