Carl Hupp - Hyper Statue

Sorti le: 15/02/2005

Par Aleksandr Lézy

Label: Long Point Records

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Carl Hupp n’est pas un nom évocateur d’emblée. Il s’agit pourtant d’un musicien multi-instrumentiste de talent qui a mis beaucoup de temps avant de se décider à proposer sa musique sous sa signature et n’a pas laissé grand’trace jusqu’à aujourd’hui de sa longue carrière. Il a cependant décidé, en 2002, de rentrer en studio avec une palanquée d’amis pour enfin enregistrer un album qu’ils mettront un an pour finir : Hyper Statue.

La musique proposée ici est un véritable condensé de jazz-fusion. Le disque s’articule autour d’une succession de morceaux instrumentaux racés et inspirés. Bien que présente, la virtuosité n’est pas la principale préoccupation des musiciens, même si la technique instrumentale se veut nécessaire pour l’interprétation. Il est ici question d’une réelle création de morceaux efficaces, pourvus de thèmes évolutifs et aisément fredonnables. Mélodies et rythmes entrecroisés offrent à l’auditeur un parcours dans le genre musical, passant du titre aux ambiances latines, purement groovy, bluesy ou tout simplement la ballade enivrante. Quelque soit le domaine abordé, avec de plus l’utilisation de cuivres (trompette et saxophone ténor), la musique de Carl Hupp ne manque jamais de pertinence même si l’innovation n’est ni le maître mot et ni le but de l’ensemble des compositions.

Cependant plusieurs particularités s’entrechoquent au sein même du disque. En tout premier lieu – et n’est-ce pas le but de cet album à priori ? – le jeu très intéressant de Carl Hupp, qui démontre toutes les subtilités d’une démarche personnelle, alternant phrasés techniques et fins à la fois. Les influences de Billy Cobham, Bill Bruford ou Terry Bozzio sont aisément remarquables et n’en amoindrissent pas pour autant la crédibilité du batteur. Ensuite, il ressort de l’ensemble une apparente culture progressive dans l’utilisation d’éléments mélodiques, notamment ceux du synthétiseur, et ce détail fait son petit effet ! Enfin, deux reprises de taille viennent s’immiscer dans ce long développement instrumental. La première est « Five G », morceau de Bill Bruford sur son album One of a Kind , et la seconde est le fameux « Quadrant 4 » de Billy Cobham sur Spectrum : deux reprises… originalement exécutées. Les Bill sont à l’honneur !

Hyper Statueest un bon album : la preuve s’en trouve énoncée le long des soixante quinze minutes de musique pressées sur ce disque. Netteté, précision, bon vivre et gaieté se mélangent pour former un jazz-fusion raffiné de qualité. Notons de plus la participation au chapman stick de Tony Levin (King Crimson, Peter Gabriel) sur le titre éponyme, celle de Stanley Whitaker (Happy The Man) sur plusieurs morceaux et la présence d’un DVD en plus du CD. Celui-ci, à la réalisation visiblement artisanale propose une vidéo de « Skeleton Crew », un album-photo, une interview de Hupp sur la genèse et la création du disque, mais surtout des outtakes, avec, pour chacun de la vingtaine de musiciens invitée, des séquences de leur passage en studio ou en répétition ! Une excellente idée, édifiante, sur l’enregistrement du disque.