Muse - Absolution
Sorti le: 26/10/2003
Par Julien Weyer
Label: Taste Media
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Introduction : s’il est temps de demander l’Apocalypse afin d’échapper au syndrome de Stockholm ou à ces ouragans, fruits de l’effet papillon, de chanter pour l’absolution car le temps nous manque, à moins que nos dernières pensées secrètes soient celles d’un athée redoutant la chute dans un blackout sans fin, ne cédons pas à l’hystérie et, le temps d’un bref interlude, prenons la peine d’écouter la nouvelle petite empreinte discographique de Muse (ouf !) : après deux albums de rock-pop très directs et dynamiques, il paraît que désormais le groupe flirte avec le progressif !
Avant même l’écoute, nous savions qu’Absolution avait fait l’objet d’un travail de composition et d’arrangement bien plus poussé qu’auparavant, et le résultat s’en ressent. Songez donc : on pense par moments à Radiohead, non pas pour la démarche expérimentale somme toute limitée, mais plutôt en raison d’ambiances mélancoliques (« Thoughts of a Dying Atheist ») et de l’ajout de sons « électro » à une base typiquement rock (« Fury »). A d’autres instants, on croit avoir affaire à du punk (« Endlessly ») ou encore au S&M, live symphonique – et non pas sado-maso, quoique – de Metallica. Amusant par ailleurs de constater qu’une musique si proche du metal soit à ce point populaire.
Cela reste cependant du Muse, un Muse qui affirme son identité extravagante – et quelle identité forte et reconnaissable, quel ego ! – quitte à écœurer l’auditeur par une débauche de moyens : le chant maniéré de Matthew Bellamy, véritable agité du bocal, la production excellente mais à la dynamique peut-être trop pêchue, les répétitions lancinantes… A défaut de supporter une écoute complète de l’album, le mieux est sans doute d’établir sa propre sélection, selon que l’on préfère l’énergie de « Stockholm Syndrom », le lyrisme de « Blackout » ou les géniales montagnes russes de « Butterflies and Hurricane », vraisemblablement inspirées par le troisième Concerto pour piano et orchestre de Serge Rachmaninov. Les titres les plus bruts, bien moins inspirés que ceux des albums précédents, risquent de ne plaire qu’aux fans absolus !
Le succès des premières semaines de vente d’Absolution confirme un engouement difficile à dédaigner. On préfèrera un Muse numéro 1 du Top Albums plutôt que la dernière déjection de l’académie aux étoiles ! Mais l’amateur de progressif ne se laissera pas abuser par la récompense, au titre de l’« innovation musicale », que les lecteurs du magazine britannique Q ont attribuée au groupe le trois octobre dernier. Muse ? Innovation ? Faute de mieux, sans doute…