Ad Vitam - Là où va le Vent

Sorti le: 02/09/2003

Par Julien Weyer

Label: Le Triton

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Créé en 1996 par Jad Ayache, Ad Vitam publie un an plus tard son premier album chez Muséa. L’année 2000 voit l’arrivée au chant d’Isabelle Feuillebois, Julie Vander et Claude Lamamy, qui ont tous participé en leur temps au projet mythique de Christian Vander : Magma ! C’est sous cette forme qu’Ad Vitam enregistre Là où va le vent avec le concours du label et salle de concert Le Triton où le groupe s’est produit plusieurs fois, notamment lors du festival des Tritonales.

S’il fallait résumer Là où va le vent en deux mots, on dirait sans doute : « chanson progressive ». Comment est-ce possible ? La musique d’Ad Vitam consiste en fait en un chant à une, deux ou trois voix, accompagné par le piano de Jad Ayache et parfois par Vincent Courtois au violoncelle et James McGaw à la contrebasse. Ces quelques instruments acoustiques installent des ambiances calmes, sereines, un peu dérangeantes lorsqu’elles reposent sur des accords presque dissonants, mais dans l’ensemble propices au recueillement.
Point de message religieux toutefois puisque les chansons évoquent des situations familières grâce à de nombreuses images, explicites ou simplement effleurées. Les voix et harmonies inhabituelles nécessitent un temps d’adaptation cependant bien bref, surtout pour celles et ceux qui ont été bercés par Françoise Moreau et François Imbert – aujourd’hui « les Zimbert »- pendant leurs tendres années.
Outre ses propres textes, Jad Ayache a mis en musique des poèmes inédits de Georges Brassens « Le fidèle », Stanislas Wispianski « Le cortège » et Christian Vander « Poème de soldat ». On retrouve dans une certaine mesure l’influence zeuhl de Magma dans les nombreuses séries d’accords répétitifs, volontairement obsédants. De la démarche progressive ne subsiste que les fondements, à savoir une forme soignée mais sans entrave. L’influence de musiques traditionnelles se fait aussi sentir, notamment sur « La neige » qui débute par des mélopées brodées de contrebasse et sur « Danse tibétaine », transcription d’une oeuvre de G.I. Gurdjieff.

Ad Vitam fait partie de ces rares formations qui, bien que fortement influencées par le foisonnement progressif des années 70, représentent presque à elles seules un genre musical inédit. Si ces « chansons progressives » ne sont sans doute pas appelées à connaître un succès planétaire, elles ont du moins le grand mérite de réunir deux termes, deux formes musicales a priori opposées et donc un public varié : amateurs de chanson à texte comme de prog’, prêts à dépasser quelques habitudes pour se rapprocher d’horizons inconnus.