Djam Karet - A Night for Baku

Sorti le: 14/06/2003

Par Djul

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

Site:

Fondé en 1984, Djam Karet est un groupe instrumental américain qui sort album après album (ce A Night for Baku n’étant ni plus ni moins que son douzième !) et enchaîne tournée sur tournée sur le sol nord-américain dans une indifférence indigne de son rang.

Malgré un certain « buzz » autour de ses dernières sorties (notamment le Live at the Orion et New Dark Age) et une réputation de bête de scène (méritée, cf. la chronique du « Cuneiform Festival » de New York par Progressia édition papier en septembre 2001), le groupe a bien du mal à percer. Rétrospectivement, on peut se demander si l’écart entre ses productions studios assez calmes et à la production pas toujours adéquate, et ses furieuses prestations scéniques, n’en est pas la cause. Aujourd’hui, le groupe semble parvenir à un équilibre qui pourrait bien lui ouvrir les portes de la reconnaissance internationale.

Évoluant dans un rock progressif moderne proche à la fois du metal et des ambiances électroniques, jamais démonstratif mais porté sur la guitare, Djam Karet propose en effet son meilleur album à ce jour. Tandis que « Dream Portal » est une introduction très mélodique qui rappelle un peu Porcupine Tree première période, « Hungry Ghost » ne fait pas de quartier, sur fond de rythmiques mi-jazz, mi-funk, sur lesquelles Gayle Ellet et Mike Henderson se régalent à la guitare, entre riffs d’acier et solos plein de feeling pendant dix minutes. L’album est ainsi fait d’alternances entre des morceaux atmosphériques, avec un recours important aux claviers (« Chimera Moon », très planant et où l’influence revendiquée du Floyd est flagrante, ou l’étonnant « Scary Circus », joué à deux basses), et des titres percutants (« The Falafel King » et ses instruments orientaux et le massif « Ukab Maerd » dont la seconde partie est remixée par le musicien électronique Steve Roach). A l’occasion, les deux tendances se mêlent, comme sur « Heads of Ni-Oh » aux claviers totalement progressifs mais entrecoupés de solos agressifs.

A Night for Baku est donc une réussite, de par ses multiples ambiances et le challenge relevé de proposer une musique instrumentale qui sonne de manière moderne et évite les pièges de la technique à outrance. Il manque peut-être encore un soupçon de mélodies accrocheuses et de personnalité à Djam Karet pour retranscrire sur disque la folie et l’énergie qu’il délivre sur scène.