Headline - Duality

Sorti le: 08/12/2002

Par Julien Weyer

Label: InsideOut Music

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Depuis plusieurs années, Headline occupe une place à part sur la scène metal française. Avec un style très « tendance », à mi-chemin entre les genres progressif et mélodique, un succès croissant et une notoriété bien établie, il a été présenté comme l’un des groupes les plus prometteurs.

Sur ce quatrième album, les textes de Sylvie Grare traitent de diverses questions existentielles : en ouvrant la porte à notre propre réflexion, il s’agit en fait d’envisager ces problèmes dans leur dualité, puisque c’est bien connu, rien n’est tout noir ou tout blanc (et la nuit tous les chats sont gris). Voilà qui arrange bien le chroniqueur qui voulait justement donner deux perceptions différentes de cet album.
Commençons par le côté clair, positif, le Ying, le bon ! Incontestablement, les qualités formelles de Voices of Presence sont au rendez-vous et peut-être encore plus fortes qu’auparavant. Nouveauté : à l’instar du dernier Symphony X, l’ensemble se veut plus « brut » et direct. Du coup, les passages complexes n’en sont que plus remarqués et appréciés, car bien construits. Duality réserve aussi quelques surprises, au premier rang desquelles : « Bereft of Sky », LE moment fort de l’album. Composé à partir de la quatorzième sonate pour piano de Beethoven (dite « Au Clair de Lune »), ce titre démontre, une fois n’est pas coutume, combien une association entre classique et métal peut être fructueuse. Evitant toute facilité ou trahison de l’œuvre originale, Didier Chesneau a su en exploiter la richesse pour nous livrer 8 minutes 17 d’émotions intenses.
Il n’est pourtant pas certain que Headline deviendra enfin notre Vanden Plas national ou un Queensrÿche à la française. Pourquoi donc ? Parce qu’il ne suffit pas pour rester dans la course d’avoir assimilé ses influences, mais aussi d’exprimer sa personnalité. Or la plupart des titres manquent de cette nouveauté attendue… Le seul élément vraiment distinct est le chant de Sylvie dont la précision reste à parfaire, et qui est trop particulier pour laisser indifférent: on aime… ou pas. Viennent enfin s’ajouter quelques petits passages nuisant à la crédibilité de l’ensemble : la tarte à la crème « Dies Irae » sur « Exorcise Me » – titre dont l’ouverture rappelle « L’Exorciste » – souvent entendue, ou l’intro de « The Almighty », digne héritière de la BO de Rocky IV, « The Eye of The Tiger ».

Revendiquant une appartenance au metal bien plus qu’au progressif, Headline, avec Duality ne manquera pas de séduire son public habituel. La population « metal-progueuse » pas encore convertie y jettera une oreille curieuse, ne serait-ce que pour «Bereft of Sky», et trouvera un complément d’information sur cet album dans l’interview que nous publions dans la rubrique « Article ». Cela dit, à moins d’une grande affinité avec les groupes cités plus haut, ce disque risque de rentrer assez rapidement dans votre « fonds de catalogue ».