Neal Morse – Neal Morse



Discographie Solo: It’s Not Too Late, Neal Morse, Merry Christmas From The Morse Family
Avec Nick D’Virgilio : Two Separate Gorillas

Nous avons pu poser à Neal Morse, désormais ancien de Spock’s Beard et de Transatlantic, quelques questions sur son départ de ces deux formations. Outre Snow et son propre parcours à venir, il évoque avec nous l’avenir de ces deux groupes.

Progressia : Salut Neal ! Nous avons été surpris de voir que tu assurais encore des interviews. Est-ce uniquement pour participer à la promotion de Snow ou également pour clarifier les raisons de ton départ de Spock’s Beard ?
Neal Morse :
Oh, nous pouvons parler de ce que tu voudras. De bouffe si tu veux ! (rires)

Tout d’abord, maintenant que tu as quitté Spock’s Beard, comment vois-tu l’évolution du groupe ? Tu étais le principal compositeur, et pour beaucoup de fans le « leader » du groupe. Quel sera son futur selon toi ?
Et bien, je peux te dire que ça a été une excellente aventure, et je pense qu’ils s’en sortiront très bien. Je n’ai pas d’idées concrètes là-dessus, juste le sentiment que ça se passera bien pour eux. Ce n’est que mon opinion, et on se doit de croire – je me dois de croire – que Dieu veut le meilleur pour nous. Je ne crois pas qu’Il veuille leur faire de mal, et je pense ne pas leur en avoir fait. C’est ce qui m’a le plus touché. Mais je crois qu’ils vont s’en sortir et cette situation sera la meilleure pour tout le monde.

Considères-tu Snow comme l’aboutissement d’un parcours musical ?
Oh oui, nous avons terminé un travail de longue haleine (rires). Mais ce n’est pas parce que cet album est long qu’il est forcément plus un aboutissement que n’importe quel autre de nos disques. V en a été un également par exemple. Toute l’histoire de Spock’s Beard l’est aussi, le groupe était assez singulier à ses débuts. Nous avions tous plus de trente ans, excepté Nick qui est plus jeune (rires). Que ces amis trentenaires puissent former un groupe, jouer la musique qu’ils aiment et avoir un petit succès commercial, c’est un vrai miracle. Je suis reconnaissant pour tout cela.

Bien que tu aies quitté le groupe, vas-tu continuer à composer et enregistrer de ton côté, comme tu l’avais fais sur tes précédents albums solo, ou bien vas-tu laisser la musique de côté quelques temps ?
Non, je ne laisse pas tomber la musique. Quand j’ai pris cette décision, je ne savais pas dans quoi j’allais mettre les pieds, ce que j’allais faire plus tard. J’ai beaucoup d’idées de morceaux qui me sont venues à ce moment là, mais je n’ai pas encore travaillé dessus. Je ne sais pas quelle direction cela prendra. J’ai juste quelques brouillons par-ci par-là sur lesquels je me suis penché pas plus tard que ce matin. Je me suis réveillé très tôt et m’y suis attelé pendant plus de cinq heures. Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire, mais je peux te promettre que tu en entendras parler ! (rires)

Sais-tu si le groupe est actuellement en contact avec un éventuel remplaçant, ou bien est-ce que Nick (D’Virgilio, le batteur), qui a une voix magnifique, va reprendre le flambeau ? Tu sais, ils ne me tiennent plus au courant de tout cela. Je pense que c’est la meilleure chose à faire, ils veulent se stabiliser et il est préférable qu’ils ne me parlent pas de tout. Je ne sais pas ce qu’ils font en ce moment. Ils sont probablement en train de composer de nouveaux titres, mais je n’en suis pas sûr non plus.

Penses-tu tout de même les aider dans le futur, participer à quelques morceaux, écrire des paroles ?
C’est possible ! Mais plus tard, car je pense qu’ils ont plutôt besoin aujourd’hui de trouver leur voie, et ce ne serait pas la meilleure chose à faire maintenant que de leur donner un coup de main. Bientôt, qui sait, la porte n’est pas fermée ! (rires)

J’ai lu que tu pensais déjà quitter le groupe alors que vous étiez en plein enregistrement. Tu as parlé de ta décision aux autres membres du groupe ou as-tu attendu que l’album soit terminé ?
En fait, je ne voulais rien dire à qui que ce soit jusqu’à ce que j’en sois certain. Et je n’en étais même pas sûr quand j’ai monté les escaliers pour aller le leur dire (rires). C’est comme lorsque tu dois te séparer de ta copine : tu gardes ça pour toi jusqu’au dernier moment, tu ne sais pas si tu ne vas pas finir par changer d’avis. J’ai beaucoup prié à ce sujet, et je me suis torturé l’esprit avec ça pendant plusieurs mois. C’était vraiment très bizarre, ça a été un moment étrange pour moi que de composer cet album qui a été une grande somme de travail, et réfléchir à tout cela.

Tu quittes également Transatlantic. La décision a-t-elle été aussi dure à prendre que pour Spock’s Beard ?
Définitivement ! Je me suis tellement amusé avec ce groupe ! Mais je crois que malheureusement ils ne vont pas continuer. Mike n’a plus vraiment envie d’y consacrer du temps, il a tellement de projets à côté. Ceci dit, j’ai adoré ce que nous avons fait ensemble.

En France, Snow a reçu un excellent accueil. Mike Portnoy lui même lui a décerné un 10/10 dans le magazine Rock Hard. Comment cela s’est-il passé sur le plan international ?
L’accueil a été très bon. C’était pour nous un album très risqué, à cause de sa longueur, de l’histoire, et nous ne savions vraiment pas à quoi nous attendre. Il y a aussi pas mal de paroles sur le thème de la religion, c’était assez dur de se faire une idée, mais tout s’est apparemment bien passé. Et l’aide de Mike Portnoy y est sûrement pour quelque chose (rires).

Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur l’histoire de Snow ? Quel en est finalement le sens ?
L’histoire s’est construite très lentement, elle n’est pas apparue comme ça, d’un coup. Nous avions déjà des compositions un peu plus anciennes comme &lquot; Wind at my back &rquot;, &lquot; Carry &rquot; et &lquot; Solitary soul &rquot;, et quand nous avons terminé tous les morceaux du premier disque, nous nous sommes dis « wouah, nous avons déjà plus d’une heure de musique et cela ne semble pourtant pas fini ». Au début, nous voulions même retirer quelques titres, mais ça n’arrêtait pas de s’allonger. L’idée de l’histoire est donc venu bien après et assez lentement. Mais une fois que nous avons eu la ligne directrice, les idées ont fusé et nous ont permis de composer d’autres titres qui n’étaient pas là au départ, comme &lquot; I’m the guy &rquot;. Beaucoup de titres sont nés de l’histoire.

As-tu apporté des éléments autobiographiques aux paroles de Snow ? Tu avais déjà abordé ton parcours spirituel dans Day for night…
Oui oui, je crois que je me suis beaucoup plus éveillé à la spiritualité, et cela se ressent dans tous nos albums. Mais ce n’est pas vraiment flagrant sur ce disque-ci. Sur &lquot; I will go &rquot; par exemple, le héros attend quelque chose de Dieu, et je sens également qu’il veut que je fasse quelque chose (rires), mais je ne sais pas encore quoi.

Tu n’as donc pour l’instant aucun regrets concernant ces départs ?
Non, pas pour le moment. Je pense avoir fait le bon choix.

Tu continues encore à écouter du progressif ?
Oh oui ! C’est définitivement une partie de ma vie, c’est quelque chose que j’ai en moi. C’est un langage. Quand l’apôtre Paul est allé parler du Christ aux Grecs, il leur a parlé en Grec, ils ont continué la conversation dans cette langue. Et quand ils se sont convertis au christianisme, ils ont gardé leur dialecte. C’est pour ça que tu peux trouver des groupes de rap chrétiens, ou tout autre sorte de groupe de musique chrétienne. C’est une forme de communication, c’est comme cela que nous partageons notre amour pour le monde. (NdRC : ce discours est un peu personnel à Neal, mais il entend par là que le progressif et Dieu ne sont pas incompatibles, que l’on peut exprimer ses croyances via le prog.)

Voudrais-tu ajouter quelque chose pour les fans français qui s’inquiètent de ton départ ?
Qu’ils ne se fassent pas de soucis ! Je reviendrai, et le groupe va faire des choses géniales désormais. Tout ira très bien, et nous apprécions énormément l’attention qu’ils portent au groupe. On a besoin de vous !