Änglagård - Buried Alive

Sorti le: 04/09/2002

Par Djul

Label: Musea

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Ce disque est un enregistrement du dernier concert du groupe suédois Anglagard, en 1994, disponible depuis 1996. D’où la stupéfaction de l’ami lecteur : pourquoi chroniquer  » Buried Alive  » ? Deux réponses à cela. La première, commerciale : faisant partie des best-sellers de Muséa, le disque est à nouveau disponible à bas prix. La seconde, artistique :  » Buried Alive  » est une des plus belles choses proposées par le progressif des années 90. A sa suite, d’autres groupes tels Landberk, Anekdoten ou White Willow reprendront le flambeau scandinave. Enfin, les deux albums studio du groupe, « Hybris » et « Epilog », sont aujourd’hui épuisés et ce live est désormais la seule façon de le découvrir.

Faisant la part belle à son dernier album, le bien nommé  » Epilog « , Anglagaard propose lors du Progfest 1994 une prestation qui assurera sa postérité. Leur progressif est avant tout emphatique (et en cela proche de la musique classique par l’emploi de flûtes, piano, et claviers) et sombre. C’est donc à King Crimson que l’on se réfère tout naturellement pour tenter de les comparer bien qu’ils aillent peut être plus loin que leur ancêtre au moins sur deux points. En premier lieu, ils composent dans un style romantique et désespéré presque outré, à force de recours à de longs solos de guitares plaintifs et de plages de mellotron. En second lieu, ayant parfaitement assimilé les canons du genre, ils jouent une musique rigoureuse, très recherchée, mais sans improvisations excessives ou expérimentations. Un morceau comme  » Hostsejd « , dont le milieu enchaîne un passage purement classique proche de Béla Bartòk, pour embrayer sur des arpèges à la  » Lark’s tongue in Aspic « , est symptomatique de ce respect presque dogmatique pour la composition. Même les passages les plus complexes, les plus  » fous « , comme sur  » Sista Somrar  » semblent paradoxalement maîtrisés et pensés. Ce qui explique peut être l’adoration vouée à ce groupe par la frange  » dure  » du mouvement, et la gêne que peut occasionner l’écoute de sons étranges, parfois passéistes et d’une musique si  » froide  » par l’auditeur non averti.

Mais ce dernier passe alors à côté d’un véritable OVNI musical, un des seuls groupes à avoir réalisé le fantasme de bien des musiciens rocks : composer de véritables pièces, au sens premier du terme. Et bien au-delà du rigorisme évoqué précédemment, il y a une inspiration qui confine au sublime, justement par la noirceur des mélodies et ces passages calmes d’une tristesse absolue (le court  » Epilog  » vous dira tout en quelques notes).  » Kung Bore « , conclusion du disque, reprend tous ces éléments pour mettre à terre les récalcitrants et asseoir définitivement la légende après douze minutes en pleurs. Paix à leur âme.