Scardust - Strangers

Sorti le: 30/10/2020

Par Dan Tordjman

Label: M-Theory Audio

Site: https://www.scardust.co

Depuis quelques années, force est de constater qu’Israël possède en sa terre un vivier de groupes de talent. Avec, notamment, un porte-drapeau phare comme Orphaned Land qui a réussi à s’exporter à l’international, de nombreuses formations originaires de la Terre Sainte émergent et se font un nom sur la planète. Nous avions couvert Trespass, il y a des années, mais aujourd’hui, il vous faut notamment compter avec Gunned Down Horses, Subterranean Masquerade, Tomorrow’s Rain, Yossi Sassi et le petit dernier que nous vous présentons aujourd’hui, non sans fierté : Scardust.

Mené par la chanteuse Noa Gruman et le compositeur Orr Didi, Scardust vous invite, sur Strangers, à un voyage où l’auditeur navigue, entre autres, entre Kamelot, Symphony X, Epica et Therion. Les trois derniers cités ont d’ailleurs une influence assez présente du fait de l’accent théâtral dont bénéficient les compositions et ont été invités par le groupe lors de son festival local, le Scarfest.

Si le groupe paraît jeune – leur premier EP, Shadow, date de 2015 – les cinq musiciens ont de la bouteille, se faisant un nom hors de leurs frontières avec Sands Of Time. Cette fois-ci, c’est à l’album concept, figure de style imposée du genre, que la belle Noa et ses acolytes se sont attaqués. Ajoutons que la thématique choisie pour Strangers tourne autour de l’éloignement et l’isolement des êtres humains. Séparé en deux parties, chaque titre présent dans la seconde moitié est le reflet d’un des titres de la première partie. Thématique, pour le coup, poussée à l’extrême, puisque l’album a été composé et enregistré pendant la période de confinement imposée en Israël suite au Coronavirus. Conséquence : les projets d’enregistrement en studio du groupe furent annulés, contraignant les cinq musiciens à mettre en boîte leurs parties respectives chez eux afin d’être ciselées a posteriori par Yonatan Kossov (Orphaned Land) et Jens Bogren (Opeth, Arch Enemy, James LaBrie) respectivement en charge du mix et mastering.

Il convient de constater que la palette vocale de Noa Gruman est utilisée dans sa totalité, allant du registre le plus lyrique possible au plus guttural, à l’instar d’une Alyssa White-Gluz et, à n’en pas douter, qu’elle en impressionnera plus d’un ! Pour autant, résumer Scardust à la seule personne de l’ange israélien serait manquer de respect à ses complices, notamment le guitariste Yadin Moyal, capable de faire, tour à tour, rugir et pleurer sa guitare et dont les rythmiques et soli régaleront les apprentis guitaristes. A ce titre, il est le seul capable, lors d’un mariage juif hassidique, de jouer avec son groupe quelques mesures de « Silvera » de Gojira. Oui, oui !

A propos de Yadin Moyal, « Tantibus » lui permet, ainsi qu’au claviériste Itai Portugali, d’en mettre plein les mirettes aux apprentis musiciens. Du talent, il y en a dans les doigts mais aussi dans la tête et la voix de Noa Gruman capable de passer du Rap Metal au Cocktail Jazz sur « Under ». Vous l’aurez compris, le chant est évidemment le fil conducteur de ce disque avec en prime la participation de la chorale Hellscore qui a déjà officié entre autres sur les productions, excusez du peu, d’Amorphis, Orphaned Land, Nightwish ou autres Ayreon.

Consistance est le mot qui vient à l’esprit après plusieurs écoutes. Car Strangers mérite qu’on s’y attarde. Vraiment. Et bien malin sera celui qui pourra sortir du lot un disque ou un groupe ressemblant. Pas Orphaned Land, en tous cas, vu que la bande de Kobi Farhi a plus tendance, elle, à mettre l’accent sur les mélodies orientales. Là, c’est la voix, encore la voix et rien que la voix. Et la présence du Hellscore ne fait qu’appuyer un peu plus cet état de fait.

Donc, oui, Scardust a trouvé sa voie. Avec succès. Et il ne commence qu’à peine à la suivre. Et comme on dit en hébreu, ‘Hazak !