Charlie Griffiths – « I Believe Haken Fly »

J’aime beaucoup la comédie musicale « Notre Dame de Paris »

C’est dans un contexte particulier que Haken a sorti un album particulier. Pourtant, le terme « virus » n’est qu’une coïncidence absolument pas en lien avec la crise sanitaire actuelle. Annoncé suite à un subtil jeu mettant en scène les membres du groupes arborant des tubes de Ketchup et des tubes de moutarde (référence aux couleurs rouges et jaunes des pochettes des deux albums, impliquant deux éléments complémentaires), Virus fut annoncé pour juin puis repoussé d’un mois. Durant la période de confinement, Charlie Griffiths, l’un des deux guitaristes de la formation anglaise (au centre derrière sur la photo, muni de sa belle barbe), d’une sympathie contagieuse, a eu la gentillesse de répondre à quelques-unes de nos questions. 

Interview réalisée par téléphone le 30 avril 2020.

Chromatique : Vous (Haken) étiez en tournée depuis la sortie de Vector il y a deux ans. Quand et comment avez-vous écrit et enregistré Virus ?

Charlie : L’enregistrement a commencé directement après avoir terminé Vector. En terminant ce dernier nous avions encore des idées de chansons et de la matière que nous souhaitions développer. En ce qui concerne la composition, nous écrivions durant la tournée, lorsque nous étions réunis dans le tour-bus durant les pauses repas par exemple . Nous travaillions dans le bus comme en studio chaque jour pour peaufiner l’album. Durant la tournée Empath de Devin Towsend (pour laquelle Haken assurait la première partie) nous n’avions qu’un set de 45mn et peu de contraintes logistiques, ce qui nous laissait le temps de nous retrouver dans le bus pour continuer à écrire. Nous avons commencé l’enregistrement en janvier 2020, juste après nos concerts en Nouvelle-Zélande en décembre 2019.

« A Cell Divide » fait penser à ce que fait Leprous, tandis que « The Sky is Red » (du dernier album de Leprous, Pitfalls ) fait penser à ce que fait Haken ; avez vous échangé vos chansons ? (ton humoristique)

Peut être ? (rires)

Considérez vous Vector et Virus comme un album double ?

Oui, tout comme on peut considérer « Aliens » comme étant une suite à « Alien » ; deux films différents mais qui partagent un même ADN. Virus est la continuation de l’histoire de Vector qui prend fin dans « Messiah Complex »  

Est-ce un potentiel triple album ? Après Vector et Virus, on pourrait s’attendre à Vaccin. Comme couleur vous pourriez utiliser le blanc comme la mayonnaise, dans la continuité de l’annonce de Virus (ketchup et moutarde)

Les couleurs utilisées sont une référence à la trilogie Discipline (rouge), Three of a Perfect Pair (Jaune) et Beat de King Crimson : Beat est bleu. Donc, peut-être que… (rires).  Non, mais c’est une bonne idée. King Crimson est une grande inspiration, c’est l’un des meilleurs groupes à observer.

« Messiah Complex » m’évoque le procédé utilisé par Spock’s Beard avec « A Guy Named Sid » de l’album Feel Euphoria ou  « As Far As the Mind can See » de leur album éponyme. Comment l’avez vous conçue ? Était-ce une seule et même chanson que vous avez divisée ou avez-vous composé les 5 parties indépendamment ? 

Tout a débuté avec « Nil by Mouth » (Vector) : en la composant nous nous sommes aperçus qu’il serait intéressant de développer certaines parties; ce que nous avons fait tout au long de « Messiah Complex ». Nous n’avions pas forcément prévu de composer une suite de 17 minutes, nous avons simplement exploré les possibilités de nos riffs. On ne choisit pas lorsqu’une chanson est terminée, c’est un procédé naturel.

Question très importante à propos de « Messiah Complex part 4 » : si tu avais à choisir le meilleur jeu de plate-forme en 2D 16bits entre « Sonic » et « Mario », lequel serait-il ? Un indice caché dans la chanson me donne un élément de réponse.

Ce serait Mario (rire) : Sonic est un peu trop fou pour moi, ce n’est pas mon genre de jeu : trop rapide.

Il est temps d’aborder ce que j’appellerais le « HakenVerse », ou encore le Haken Music Universe. Avez vous envisagé son développement dès le début ?

Oui, ça a vraiment commencé dès Aquarius nous avons trouvé ça amusant d’inclure des auto-références en lien avec l’histoire de l’album pour solidifier l’histoire. Puis nous avons continué à le faire naturellement.

Lorsque vous avez composé « Cockroach King » aviez-vous pensé qu’il deviendrait une mascotte telle “Eddie” de Iron Maiden ?

De base c’est juste une chanson dingue qui a beaucoup plu au public. Sans le vouloir il pourrait devenir notre « Rattlehead » (mascotte de Megadeth).

Avez-vous prévu de développer le HakenVerse sur d’autres supports ? Jeux vidéos, comics, …

Ce serait super. J’ai grandi avec les romans graphiques, je pense que cela pourrait s’envisager si nous trouvons la bonne personne au bon moment ; on ne peut pas se contenter d’engager quelqu’un comme ça.

Qui gère les comptes Haken sur les réseaux sociaux ? Ils sont hilarants.

C’est surtout Ray (batteur). Nous sommes tous impliqués mais c’est surtout Ray qui gère.

Ross (chanteur) a sorti un album avec Novenna, Richard (guitariste) a sorti un album solo ; as-tu des projets de ton côté ?

Je travaille sur un album de musique instrumentale ; je ne saurais dire lorsque ça sortira. Je n’en parlais jamais jusque là mais beaucoup de gens me demandent.

Avec qui rêverais-tu de collaborer ?

J’ai débuté la guitare grâce à Brian May ; j’ai appris ses musiques et je me suis inspiré de sa créativité en studio (les empilements de pistes de guitares, les harmonies vocales, …) ; une collaboration avec lui serait un rêve.

Est-ce que Mike Portnoy (avec qui Haken a tourné) vous a influencé dans sa manière de lier les albums de Dream Theater ? (de Metropolis part 2 à Octavarium ?

Oui, nous avons joué la Twelve Steps Suite (2017). J’ai vu Dream Theater en 1992/1993 à Londres. Ils ont eu une grande influence sur moi, John Petrucci surtout. 

Tu enseignes la guitare ; dis m’en plus à propos de ton approche pédagogique.

J’ai appris à la Guitar Institute de Londres et j’y enseigne toujours (ICMP aujourd’hui). J’enseigne la théorie musicale, les gammes, les accords, les arpèges,… Je donne assez de matière à travailler sur le long terme. Nous trouvons l’équilibre entre la théorie et la pratique efficace.

Être musicien professionnel requiert une autodiscipline et un entraînement quotidien ; as-tu quelques conseils à donner à nos lecteurs musiciens ?

Chaque jour je pratique mes gammes, mes arpèges, j’essaie de peaufiner mon legato (jouer en liant les notes) et mon « alternate picking » (aller/retour du médiator de bas en haut et de haut en bas), … Chaque jour j’essaie de perfectionner un peu plus. Je répète mes parties guitares également pour être le plus précis possible en situation de concert (la musique de Haken requiert un haut niveau) et avoir plus d’assurance.

Si je te dis « Musique française », qu’est ce que cela t’évoque ?

(réfléchit) Comme ça je dirais Magma. Sinon, c’est canadien mais j’aime beaucoup Notre Dame de Paris (Luc Plamondon)  que j’ai vu à Londres traduit en anglais . C’était épique.

Recommandes-tu un album sorti en 2020 ?

Oui ; le dernier album de Testament, Titans of Creation. J’écoutais Testament dans les années 80. Depuis Practice you Preach (1989) ils sont au top du genre Thrash et sont pour moi l’un des meilleurs groupes de métal actuel. Je les ai vus récemment, c’était génial. J’aime le thrash metal (rires).

Merci.