Airbag - A day at the beach

Sorti le: 30/05/2020

Par Florent Canepa

Label: Karisma Records

Site: https://www.airbagsound.com/

Airbag, en langue progressive, est vraisemblablement le mot pour dire volupté. Contrairement à ce que pourrait laisser penser le patronyme des Norvégiens, il n’y est point question d’accident mais d’une route bien droite et profondément atmosphérique qui invite au voyage. Leur avant-dernier effort (mot malheureux tant celui-ci sonnait si spontané) nous a révélé quelque chose de fort et poignant et l’on se souvient de Disconnected avec émotion.

A day at the beach – et c’est en fait une bonne nouvelle – n’est pas une redite. Il est parfois plus heureux de se blottir dans des terres connues plutôt que des expérimentations hasardeuses (jurisprudence Anathema). Mais l’album sait ici intelligemment flotter entre mélodies coutumières et axiomes renouvelés. La grande nouveauté donc, c’est l’utilisation de la veine electronica, surtout sur les deux premiers morceaux et leur donnant des airs de synthwave sortie des années 80. Comment ne pas être emporté par une vague nostalgique et euphorique à l’écoute de « Into the unknown » ? Ou imaginer un croisement entre O.M.D. et Archive dans le souffle rythmique de « Machines and Men » ?

Les amateurs de soli en forme d’hymnes ne seront pas laissés sur le bas côté et pourront retrouver ce qui fait la sève d’Airbag mais aussi du Pink Floyd du milieu des années 70. Le deuxième mouvement de « A day at the beach », purement instrumental, est un régal à cet égard. Mais pas uniquement. Les riffs de « Sunset » nous emportent à mi-parcours vers des accents métal, phrasés jusque là absents des références du groupe. Et le groupe flirte en point d’orgue avec le post rock sans avoir l’air d’y toucher (« Megalomaniac », presque comme Mogwai).

Certaines mauvaises langues auront beau jeu de railler l’aspect sans doute trop linéaire de l’ensemble. Il est vrai que c’est plutôt la tranquillité qui sert d’arc narratif et il ne faut pas avoir peur de séquences plus contemplatives. Mais, en seulement six mouvements, Airbag semble être en prise directe avec le cœur battant de la planète, le flux et le reflux des vagues. Et nous aussi.