Dream Theater

26/02/2020

La Seine Musicale - Boulogne-Bilancourt (92)

Par Dan Tordjman

Photos: Mathis van der Meulen - instagram @matthis_vandermeulen

Site du groupe : www.dreamtheater.net

Setlist :

Première partie : Untethered Angel / A Nightmare To Remember / Paralyzed / Barstool Warrior / In The Presence Of The Enemies Part 1 / Pale Blue Dot Deuxième partie : Regression / Overture 1928 / Strange Déjà-Vu / Through My Words / Fatal Tragedy / Beyond This Life / Through Her Eyes / Home / The Dance Of Eternity / The Spirit Carries On / Finally Free /// Rappel At Wit’s End

En ce début d’année 2020, le retour de Dream Theater en Europe constitue une sacrée entrée en matière de concerts. Leur passage à la Seine Musicale a été scruté à la loupe, avec en point d’orgue, l’intégralité de Scenes From A Memory interprétée pour les vingt ans de l’album.

La Seine Musicale est bien pleine ce soir. Il paraît clair qu’à l’avenir, cette salle accueillera davantage d’artistes de renom. Mais ne parlons pas des autres, le maître de cérémonie, ce soir, c’est Dream Theater, fort de son dernier album Distance Over Time. C’est d’ailleurs avec « Untethered Angel » qui ouvre le bal, que se présente déjà un lot de sceptiques, car dès les premières paroles chantées par James LaBrie, on se rend compte de suite que le Canadien est à la peine. Pour beaucoup, la soirée va être longue. Très longue, surtout à l’intro d’« A Nightmare To Remember » toujours aussi indigeste, qui voit Jordan Rudess sortir de sa zone avec son clavier portable en forme de… couteau de boucherie qu’on croirait tout droit sorti de Dexter ou Mad Max : Fury Road. John Myung, visiblement, ne vieillit pas et Mike Mangini fait penser à un nageur en train de se noyer tellement ses cymbales sont hautes. Point non négligeable, le son est d’une précision remarquable, même si John Petrucci se retrouve de temps en temps haut dans le mix.

Vous l’aurez deviné, la part belle est logiquement faite à Distance Over Time avec « Paralyzed » et l’excellent « Barstool Warrior », malheureusement massacré par James LaBrie qui tente vraiment de tout faire pour ne pas sonner à la limite de l’insupportable et il faut au moins lui accorder ce crédit. Retour à Systematic Chaos avec « In The Presence Of The Enemies part.1 », avant de revenir au dernier né avec « Pale Blue Dot » prélude à une entracte de vingt minutes au cours de laquelle on retrouve d’anciens membres de Progressia, comme Julien Monsenego, Charlotte Meyer ou encore Greg Filibert, ainsi que des confrères et néanmoins amis de Your Majesty, ancien fan club officiel français du groupe dont son père spirituel fondateur est Stéphane Auzilleau.

Mais trêve de bavardage, vingt minutes à parler ça passe très vite. Il est déjà grand temps de passer au plat de résistance de ce soir, auquel beaucoup ont déjà goûté le 7 avril 2000. C’est avec une introduction animée style Marvel que les premières secondes de la pendule résonnent dans l’enceinte de la Seine Musicale, prélude à « Regression » puis « Overture 1928  ». Le calme avant la tempête qui pouvait s’annoncer ravageuse pour les oreilles. Quid de James LaBrie compte tenu de son premier set plus que faible ? Etonnamment, le Canadien s’en sort plutôt bien. Soyons clair, ce n’est plus le James LaBrie des tournées Awake, Falling Into Infinity ou Scenes From A Memory, mais force est de constater que l’entracte lui a fait le plus grand bien. Ses compères ne sont pas en reste, témoin « Fatal Tragedy » tellurique à souhait, littéralement implacable. Implacable, « Beyond This Life » le fut aussi avant de laisser place à la limpidité de « Through Her Eyes  » qui tombe à point nommé pour faire redescendre la température. Une constante cependant, les yeux sont souvent rivés sur Rabbi John Petrucci littéralement omniprésent tant par son jeu de guitare que par sa présence physique qui en impose. Avant d’enchaîner avec « Home  » James LaBrie questionne la salle afin de savoir combien dans l’auditoire étaient présents au Zénith, il y a vingt ans lors de la première tournée. De nombreuses mains se levèrent motivant suffisamment le chanteur pour reprendre les débats. Bien qu’incontournable « Home » constitue pour beaucoup un paradoxe et un sujet de débat passionné et passionnant. Certains adorent ce titre tandis que d’autres le conspuent. Forcément certains ont donc trouvé longues les douze minutes du titre. Qu’à cela ne tienne, « The Dance Of Eternity » arrive avec l’effet d’une bourrasque et n’a clairement de danse que le nom. Les 6:15 minutes de frénésie musicale et, pour le coup, rythmique de ce titre permettent à Mike Mangini de se déchaîner. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le bougre en a bien profité parce que le vent a tourné sur « One Last Time » et qu’il lui fallut attendre la toute fin de « Finally Free » pour lâcher encore quelques descentes bien senties. Oh, on allait oublier « The Spirit Carries On » lumineux à souhait. Ne vous y trompez pas, l’adjectif lumineux est ici approprié car toute la Seine Musicale a sorti son téléphone sur injonction de James LaBrie, mais il s’applique aussi au solo de John Petrucci qui fait toujours son effet vingt ans après. En parlant d’effet, « Finally Free » n’est pas mal non plus dans son genre, avec sa lente montée en puissance avant de voir Mike Mangini faire des moulins avec ses bras façon l’Animal du Muppet Show. Quel final, mais on se dit que les New-Yorkais ont forcément un dernier petit quelque chose sous le coude pour le rappel. Et c’est à un choix surprenant, « At Wit’s End », que revient la tâche de clore une soirée, disons le franchement, mi-figue mi-raisin, imputable à un James LaBrie malheureusement inconstant, sujet à nombreuses discussions dans les travées de la salle à la sortie du concert et malgré de nombreux fans ravis d’avoir pu se délecter en intégralité du chef d’œuvre qu’est Scenes From A Memory.