Solstafir

01/05/2019

Café de la Danse - Paris

Par Florent Canepa

Photos: Christian Arnaud

Site du groupe : https://www.solstafir.net/

Setlist :

Náttmál – Ótta – Dýrafjörður – Hula – Miðaftann – Lágnætti - Hvít sæng – Necrologue – Fjara – Kukl - Goddess of the Ages

Imaginer les hurlements froids de Solstafir dans l’humeur solaire du Café de la Danse, c’est un peu comme inviter son cousin tatoué à une soirée rallye à Auteuil. Sauf que là, les convives étaient motivés par une affiche qui promettait 100% de rayons crépusculaires puisqu’aucune première partie n’avait voix au chapitre.

Autre audace : celle de faire vivre les grands moments du combo et en particulier le dernier né Berdreyminn, accompagnés d’un quatuor à cordes. De ce côté-là et rapidement, tout se met en place de façon totalement appropriée tant cette intéressante addition apparaît naturelle dans l’univers glaciaire. Plus difficile fut le démarrage et même la première moitié : non pas que le groupe pâtissait d’un trop mauvais son (quoique la caisse claire n’est pas du meilleur effet et on sent que la sonorisation de la batterie a fait l’objet d’une balance sans doute un peu rapide..), mais l’énergie ne semble pas vraiment prendre.

Certains points d’orgue viennent contredire l’état des lieux (« Miðaftann ») mais il est vrai que l’entrain ne soulève pas une foule qui, de bonne composition, applaudit néanmoins plus que cordialement. Quelques images de films sur toile tendue viennent émailler çà et là le propos sans que cela suscite un émoi particulier. On se dit alors que la bande d’Addi Tryggvason n’est pas forcément la plus à même d’installer une ambiance, malgré une production discographique de plus en plus intéressante et de plus en plus post. Si le qualificatif veut encore dire quelque chose, à part qu’un groupe change d’orientation musicale en cours de carrière. La basse de Svarar est, elle, impeccable ce qui permet de créer l’aspect tourbeux rock de l’ensemble.

Tel un diesel en mutation, le groupe se gonfle au cours de la seconde partie du set et l’atmosphère se réchauffe. Non seulement grâce à des gimmicks de chansons bienvenues (« Fjara », repris ad aeternam par un public empreint d’une hardiesse digne d’un stade de foot), mais aussi des moments de bravoure comme « Necrologue », euphorique, si tant est que l’on puisse coller ce qualificatif à la musique lancinante des Islandais. Des petits détails de scène comme ces ampoules qui s’allument à différents endroits de la scène, finissent par apporter des touches chaleureuses à la bête. Aggi se lâche plus complètement sur « Goddess Of the Ages » et vient saluer le public, fort de la longueur de câble de son micro, serrant les mains comme lors d’une eucharistie millénariste, fendant la foule ou en acrobatie sur les barrières.

Même si la force d’âme était ce soir-là inégale, le public repart avec suffisamment de carburant électrique et le sourire au cœur. On songe au jour où Solstafir pourra vraiment rayonner pour faire corps avec son patronyme. Nul doute que ses scansions élégiaques s’y prêtent mais il manque encore cette rigueur et cette inventivité scéniques qui font la marque des plus grands.