Antoine Fafard - Proto Mundi

Sorti le: 26/03/2018

Par Florent Canepa

Label: Timeless Momentum

Site: www.antoinefafard.com

Il existe dans les méandres de la musique des personnalités silencieuses et besogneuses qui se concentrent sur le mot « art » plutôt que sur le mot « industrie ». Sur les rencontres, plutôt que sur les assemblages. Antoine Fafard est de ceux-là. Bassiste d’origine canadienne, il trace son chemin au gré de ses envies et de ses compositions complexes. Lorsqu’il a l’aubaine de collaborer avec le monumental Simon Phillips, il saute sur l’occasion. Il y associe l’ex-Level 42 Gary Husband pour faire fulminer le Nordlead et le violoniste Jerry Goodman, ancien compagnon – entre autres – de John McLaughlin.

Ce qui ressort de cet instrumental magistral n’est peut-être pas à mettre entre toutes les oreilles. Forcément implexe, résolument jazz, il pourrait apparaître à la première lecture comme un dilettantisme pour élite. Il faut en effet se préparer à assimiler trois immenses pièces (deux de vingt minutes et une de dix) qui mettent en scène un voyage futuriste où une humanité fantasmée se prépare à son premier voyage galactique. L’épais livret d’accompagnement permet de rentrer dans le thème sans pour autant donner, bien sûr, toutes les clés. Chaque véhicule astral trace pourtant sa route sur un chemin très calculé par son auteur. Ce n’est en fait pas une improvisation lunaire mais bien une partition qui est soumise aux différents intervenants.

La force créative finalement concrétisée au studio RealWorld (pour les parties de batterie) et Eastcote (pour les synthés) n’est pas accidentelle mais réfléchie et l’esprit jammeur qui ressort en devient encore plus époustouflant quand on découvre que les parties ont été enregistrées séparément. Le traitement des instruments est splendide (merci au mixeur attitré Davide Sgualdini). Le bienveillant fantôme des acolytes passés de ces monstres de studio, de Mike Porcaro à Gary Moore, souffle sur cette œuvre ou jazz, rock, progressif, douceur et parfois nervosité (à découvrir toute en riffs après la quinzième minute) sonnent, résonnent et raisonnent tout simplement.