King Child - Meredith

Sorti le: 13/11/2017

Par Malcolm

Label: Pieuvre

Site: https://www.facebook.com/pg/kingchildofficial

Certaines alchimies délivrent leurs essences en un instant, et celle derrière King Child est assurément de celles-ci : quelques secondes d’écoute suffisent à donner le ton d’ensemble de leur premier album, Meredith, planté entre une pop éthérée proche des Québécois de Who Are You, et des influences plus progressives évoquant un Haken ou un Leprous ayant mis les grosses guitares et les arrangements pompeux au placard (écouter « Desert »).

Passée la première impression, plutôt encourageante, la gageure de ce premier album est de réussir à dépasser cet effet d’emballage, pour proposer un contenu tenant sur la durée. Le défi est ici relevé la tête haute, tant le duo franco/belge s’avère inventif et pertinent, approfondissant un univers sonore d’une cohérence remarquable. Gravitant autour d’influences variées où l’auditeur peut retrouver, pêle-mêle, Björk, Radiohead ou Oceansize, King Child réussit à affirmer une identité étonnante, tantôt très accessible (« Opal », « True Romance »), tantôt plus tendue et complexe (« Ghost Dance », « Meredith »). A travers une large utilisation des palettes sonores des pianos, rhodes et autres synthétiseurs, on devine l’album composé principalement aux claviers, dont les arrangements sont sublimés avec goût par une section rythmique polyvalente et nuancée. La voix de Quentin Hoogaert trouve une place prédominante au sein de cet ensemble, touchant par sa subtilité et son élégance.

L’atout déterminant de King Child se cache peut-être dans son aisance déconcertante à manier des signatures rythmiques souvent complexes ou des progressions harmoniques parfois tortueuses, en ayant le bon goût de les maintenir dans leur fonction d’outils, sans jamais les transformer en finalités. Une philosophie musicale également pratiquée un siècle plus tôt par un certain Debussy, à qui le groupe emprunte une “ Arabesque ”, délicatement réarrangée pour l’occasion.

On l’aura compris, le propos reste ici, du début à la fin, de proposer une expérience sensible à l’auditeur. Le jeu en vaut la chandelle, puisque c’est ce qu’on retiendra d’abord de Meredith : la preuve qu’on peut raccorder le cœur et le cerveau, le sensible et l’intellect, l’exigence et la beauté. Chapeau bas !