Lunatic Soul - Fractured

Sorti le: 13/10/2017

Par Florent Canepa

Label: Kscope

Site: http://lunaticsoul.com/

Personne ne doute vraiment du génie de Mariusz Duda. Il fait probablement partie des grands créateurs progressifs de ce nouveau millénaire aux cotés de Steven Wilson et Mikael Åkerfeldt. Ce trio miraculeux représente l’apothéose du genre dans sa modernité. Leurs personnalités musicales semblent tellement prolixes qu’elles dépassent allègrement les frontières de leur giron ou groupe d’origine. Lunatic Soul propose en quelque sorte – pour ceux qui avaient manqué quelques épisodes – une vision rock plus électronique que l’originel Riverside. Attention, nous sommes loin des expérimentations d’un Wilson chez Bass Communion, l’auditeur pouvant passer de l’un à l’autre groupe sans trop de heurt.

Fractured n’est pas forcément l’occasion pour le Polonais d’enfoncer le clou mais de flirter avec de nouvelles ambiances tout en conservant le cadre. À la manière de l’Ultra de Depeche Mode, il apporte ce qu’il y a de plus organique à un univers parfois synthétique, mais jamais en polyamide. Même lors de titres plus évidemment rock, il émane quelque chose de très afflictif, que ce soit dans l’utilisation de la voix comme percussion (la ritournelle « Blood on a tightrope », le très Opeth-ien «  Crumbling Teeth and the owl eyes ») ou d’une guitare acoustique sinueuse (« Anymore »). Mâtinés de réel, les synthés d’une autre époque font penser à Faithless, Leftfield ou même John Carpenter mais prennent une nouvelle dimension dans une production simple et solide.

Puis, soudain, émerge une merveille. De celles qui justifient à elle seules l’achat, l’écoute, l’extase. « A thousand shards of heaven » est une ballade symphonique d’une beauté exceptionnelle du haut de ses douze minutes, de ses envolées de saxophone et de sa construction lyrique. Douze minutes presque trop courtes. Il n’en a pas fallu plus pour tomber amoureux de l’ensemble malgré des titres peut-être un peu plus faibles (la conclusion apathique et très Depeche Mode « Moving on »). Comme un battement de cœur, Fractured se décompose en pulsations enivrantes. Chaque carrefour crée sa propre vie et l’auditeur parcourt ces chemins sonores évolutifs avec la béatitude du converti.