Gizmodrome – Alchimie créative 5 étoiles.

 

Chromatique : En toute logique, lors de l’annonce de la naissance de Gizmodrome, on s’est tous demandé ce qu’il se tramait derrière cette association… alors dites-nous tout : où ? quand ? comment ?
Les premiers contacts ont eu lieu il y a deux ans. A l’origine, un appel de Vittorio a tout déclenché. Il m’a demandé si j’étais partant pour apporter ma touche sur des compositions co-écrites avec Stewart Copland en Italie. J’ai dit oui et j’ai donc traversé l’Atlantique pour une dizaine de jours, afin d’enregistrer mes parties. Ça ne s’est pas fait de suite, car j’étais engagé sur d’autres projets. A mon arrivée en Italie, je ne pensais figurer que sur trois-quatre titres. Pas plus. Mais rapidement, avec l’addition de Mark King, quelque chose est née en studio entre nous quatre. On s’est regardé en se disant : «  Et si on faisait de ce projet un véritable groupe ?  ». L’alchimie avait pris. A tous les niveaux : musical, relationnel, en terme de plaisir, … Nous nous sommes tous appropriés les titres en y ajoutant notre style personnel. Au bout des dix jours, tout était en boite. Du coup, la réflexion qui s’imposait était : «  Pourquoi on ne continuerait pas ? Partons en tournée  » !

Nous reviendrons sur la tournée par la suite, mais force est de constater que Gizmodrome est composé de quatre entités très créatives. N’est-ce pas difficile de se fixer des limites et d’éviter que ça parte dans tous les sens ?
Le fait que nous soyons multi-tâches – et j’entends par là, producteurs, auteurs compositeurs – rend les choses plus faciles et on se contente d’aller à l’essentiel. Tout s’est fait rapidement sans se prendre la tête. C’est seulement au moment d’enregistrer les overdubs qu’on s’est demandé ce qu’il fallait de plus. Il y a un producteur en charge de mettre tout ça en forme, pour ainsi dire mais la surprise, elle, elle est toujours là.

Vous parlez de l’effet de surprise. A titre personnel, un musicien comme vous, avec de telles références, parvient-il encore à être surpris en studio que ce soit avec une pointure ou un talent extrêmement bien caché?
C’est exactement ce qu’il s’est passé ici. Dès le début je me suis dit : «  Jouer avec Stewart, ça va être le pied, j’ai hâte ». Mais je ne connaissais pas Vittorio et Mark, du moins en tant que personnes. La mayonnaise a vite pris, bien plus vite que je ne le pensais. On ne peut pas dire qu’il y ait de chien fou dans ce groupe.

Même pas Mark ? Pourtant ce qu’il fait avec Level 42 a fait sa renommée …
Certes mais, ce ne fut pas le cas. Vous l’entendrez sous un jour nouveau. Ne vous attendez pas à du Mark King pur jus. Et c’est aussi valable pour moi.

J’ai envie de dire que ça marche également pour Stewart que l’on sait peu habitué aux mesures impaires, apanage des musiques progressives…
J’ai tout de suite pensé que ça allait être intéressant. J’aime son jeu. Progressif ? Je ne me suis pas posé la question en ces termes. Pour rappel, je ne devais pas faire tout le disque, je comptais profiter de l’Italie après avoir enregistré mes parties (Rires). Mais je dois avouer qu’il m’a beaucoup surpris. On avait ce qu’on a appelé par la suite, «  la boite à gâteaux  » qui était, en réalité, les chansons écrites par Stewart et Vittorio. On en prenait une, on rentrait en studio. On enregistrait trois versions. En fait, quand quelqu’un avait une idée, il endossait le rôle de leader. A ce stade, ils attendaient qu’on apporte une réelle valeur ajoutée personnelle au titre.

Quels ont été les retours sur le premier titre mis en ligne ?
Je ne voudrais pas passer pour un prophète ou autre, mais de ce que j’ai compris les retours semblent prometteurs. Je pense que ce qui a séduit les gens c’est le groove et le plaisir qui se dégagent de ces quatre musiciens a priori reconnus.

Avez-vous toujours, à titre personnel, cette excitation au moment de rentrer en studio ?
Pas toujours, en vérité. Parfois, c’est vraiment par nécessité. Je ne fais plus beaucoup de sessions studio aujourd’hui. Je me concentre sur mon trio. Cela étant dit pour Gizmodrome, je dois avouer que l’envie d’aller plus loin est réelle. Nous avons appris à nous connaître lors de ces sessions mais également lors de dîners intéressants. Là, on a réalisé qu’on était en train de semer les graines de quelque chose qui peut être énorme. Ce sentiment, vous ne l’avez, malheureusement, si peu de fois dans toute votre carrière que vous vous dites qu’il faut absolument en profiter. Cette association est pour moi de grande qualité et ce serait dommage de ne pas en faire profiter le plus grand nombre. C’est pour ça que nous allons partir en tournée pour présenter cet album. C’est actuellement en discussion, mais c’est encore à l’état embryonnaire. Nous allons attendre de voir les réactions à l’album, d’abord.

La transition me semble toute trouvée pour vous demander ce que l’on est en droit d’attendre d’un concert de Gizmodrome ?
Tout d’abord, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de formaté et d’évident. Je m’explique : Stewart est LE chanteur de ce groupe. Mark et moi allons assurer les chœurs et je dois dire que nos voix se complètent à merveille. Stewart est un sacré personnage, un peu comme un acteur qui change de peau, à l’image de Frank Zappa, Les Claypool ou Fred Schneider des B-52’s. Il va jouer le rôle d’un guitariste, mais ne vous leurrez pas, il ne sera pas branché, en dépit des amplis Marshall que vous verrez sur scène. Non, non, ça, c’est moi qui m’en charge ! Il sera également à la batterie, évidemment, mais quand il sera à la guitare et au chant, nous aurons Pete Ray Biggin de Level 42 avec nous. Il nous faudra voir exactement ce qu’on pourra jouer, comme extraits de l’album. J’espère que nous pourrons tout jouer. Après, il s’agira de voir ce qu’on peut ajouter pour constituer un set digne de ce nom. Il est possible que nous piochons dans le répertoire de Stewart et le mien. Mark a déjà fait savoir que ça ne l’intéressait pas trop de jouer du Level 42 et je le comprends, dans la mesure où le groupe est toujours actif. A voir, donc, si nous jouerons du Police ou du King Crimson… affaire à suivre. (Rires).

Voilà qui en faire saliver plus d’un. Mais, au moment où nous parlons, l’album est déjà en boite. Serait-il possible de voir, par exemple, du matériel inédit ou des chutes de studio qui n’ont pas fini sur l’album ?
Il y a effectivement quatre titres que nous avons encore sous le coude. Ils ne sont pas sur le disque tout simplement parce que nous avons choisi ceux que nous pensons être les meilleurs. La situation actuelle est la suivante : nous envisageons d’ores et déjà de commencer à plancher sur le deuxième album. La plus forte des probabilités est que nous jouions certains de ces morceaux en concert pendant les sessions d’écriture. C’est un bon moyen de proposer un premier jet et de revenir dessus par la suite.

Parlons maintenant un peu de votre actualité plus personnelle. Vous avez lancé votre application pour smartphone et tablette. Est-ce que ça a influé l’écriture ou les arrangements ?
Comme j’ai du le dire précédemment, je n’ai pas réellement pris part à l’écriture des titres. J’ai présenté certains de mes titres via Flux à mes collègues (pas tous les membres du groupe, cela étant dit). Ils ont paru intéressés et il est possible qu’à l’avenir, une partie de ce matériel serve pour des nouveaux titres de Gizmodrome. A contrario, si ça ne les emballe pas, je n’aurai aucun problème à m’asseoir avec Stewart et plancher avec lui sur d’autres choses. L’idée première, c’est de se mettre en marche sur le deuxième album avec pour mission de le garder différent … et similaire au premier. (Rires) !

Votre démarche de proposer ces applications est similaire à celle de Jordan Rudess qui en a proposé un grand nombre. Quelle est votre position personnelle vis à vis de la technologie…
La technologie, c’est ma meilleure amie. Depuis des années. Grâce à la technologie, j’ai pu élever ma créativité toujours plus haut. Cela étant dit, je propose des applications mais je passe par un prestataire pour leur donner vie. En somme, je suis la tête et lui, les jambes. Flux est le résultat d’idées que j’avais dans ma tête depuis plusieurs décennies. Pour être plus précis, ça remonte à 1979 alors que j’étais en tournée avec David Bowie. La musique ne doit jamais, selon moi, être deux fois la même. il y a tellement de moyens de faire évoluer une idée, ne serait-ce qu’en y ajoutant des bruits ordinaires, un bruit de voiture ou celui d’une porte qui se ferme. C’était ça, mon idée. Mais comment la matérialiser ? C’était impossible jusqu’à l’apparition des Apps. Trente ans après, j’en ai rêvé et les smartphones l’ont fait (Rires) !

Flux est votre principale création. Avez-vous des idées pour d’autres applications à venir ?
Non, il n’y a pas d’autres applications en projet, mais Flux n’est jamais réellement terminé. Il y a une évolution constante. J’ai déjà une douzaine de titres en chantier prêts à passer la moulinette Flux. J’essaie simplement de matérialiser la musique que j’ai dans la tête et Flux m’y aide parfaitement. Il y une appli dérivée en quelque sorte, Flux FX compatible avec tout : de la musique que vous créez, de la musique déjà enregistrée etc… La raison d’exister de cette application est une réponse à la demande des gens déjà acquéreurs de Flux et qui souhaitaient ajouter des effets supplémentaires à leurs créations.

Vous avez fait partie il y a trois ans, d’un évènement majeur sur la scène progressive, à savoir le Progressive Nation At Sea 2104 mis sur pied par Mike Portnoy. En plus de jouer avec The Adrian Belew Trio, vous avez également rejoint Transatlantic sur scène pour une reprise endiablée de King Crimson. Quels sont vos souvenirs de cette aventure musicale, dans un cadre pour le moins hors norme ?
C’était très sympa. Et amusant car je n’avais pas la possibilité de m’échapper après avoir joué, j’étais entouré par l’océan (Rires) ! L’autre côté sympa c’était qu’il y avait constamment un groupe qui jouait. J’ai joué deux fois avec mon trio avant de rejoindre Mike Portnoy et ses amis pour le grand finale de la croisière. J’ai pris goût à ce cadre et le trio sera d’ailleurs présent sur l’affiche du Cruise To The Edge 2018.

Lors de cette croisière, avez-vous pu voir des groupes que vous souhaitiez voir et, également, en découvrir de nouveaux ?
J’ai vu de jolies choses. En vérité, je ne pouvais pas rester longtemps parce que les gens venaient me voir pendant les concerts et se mettaient à parler. Ce qui, selon moi, n’est pas très respectueux pour l’artiste sur scène. Mais pour résumer, j’ai vu des guitaristes au niveau de jeu effrayant ! (NDR : comprendre par là, que M. Belew a visiblement été subjugué par certains manieurs de manche). J’ai une anecdote sympa. Un soir, quelqu’un est venu frapper à ma cabine et m’a demandé de rejoindre des musiciens qui reprenaient les Beatles à la guitare acoustique. Et là, je me suis fait la réflexion : être sur un festival progressif à jouer des titres des Beatles, avec des musiciens et des groupes qui n’étaient même pas nés à l’époque, reprendre mot à mot les paroles. C’est magique. C’est la marque des grands.



Est-ce qu’un musicien comme vous, avec les références qui sont les vôtres aujourd’hui, est toujours à l’affût de la découverte ?
Non, pas réellement. En vérité, j’ai arrêté de chasser le nouveau talent depuis longtemps. Cela peut paraître surprenant ou égoïste, mais c’est tout sauf ça. Je travaille tous les jours sur ma propre musique. J’enregistre des idées sur mon téléphone quand je ne suis pas en studio. Mine de rien, c’est très chronophage, tout ça. Les titres de mon prochain album sont quasiment terminés. Si je commence à écouter d’autres choses et que ça me plaît, cela risque de finir dans mes morceaux et je n’en ai pas envie. Mon projet solo marche très bien et Flux est pour beaucoup dans ma créativité.

Pour finir, vous avez joué avec Frank Zappa par le passé et vous avez sans doute entendu parler du litige qui oppose Dweezil et son frère Ahmet autour du nom Zappa Plays Zappa. Que pensez-vous de ça ? Bien entendu, c’est triste, mais quelle est la position d’un musicien qui a contribué à l’héritage du Grand Wazoo ?
Je pense que c’est dramatique et regrettable d’avoir étalé ce conflit sur la place publique. Je pars du principe que ce qui concerne la famille reste dans la famille. Je me suis imposé de ne pas prendre partie, d’autant plus que je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de l’affaire. Récemment, Ahmet m’a contacté pour écrire des liner notes pour un album à sortir bientôt et sur lequel je figure. C’est une compilation enregistrée sur quatre nuits dans le cadre de l’album Baby Snakes. Pour autant, je tiens à ma neutralité malgré cette contribution. Il faut saluer Dweezil, car ce qu’il fait mérite le respect. Il met son coeur à faire connaître la musique de Frank au plus grand nombre et il est très sérieux. J’ai joué avec Dweezil une fois à Québec mais pas question d’intégrer son groupe pour une question évidente de temps. Je les ai juste rejoints sur scène et ai livré ma plus belle imitation de Bob Dylan sur « Flakes ». Les gens ont eu l’air d’apprécier (sourires).

Quand nous eûmes vent de cette association de bienfaiteurs auditifs que sont Mark King, Stewart Copland, Vittorio Cosma et Adrian Belew, il fallut se pincer pour y croire. C’est lors d’un passage dans la capitale que la Chromateam a pu s’entretenir avec le génial guitariste qu’est Adrian Belew pour tâcher d’en savoir un peu plus sur ce nouveau super groupe. Et quand on a M. Belew en face de soi, malgré sa simplicité, c’est avec un vouvoiement de respect qu’on le questionne. Morceaux choisis.

 

Chromatique : En toute logique, lors de l’annonce de la naissance de Gizmodrome, on s’est tous demandé ce qu’il se tramait derrière cette association… alors dites-nous tout : où ? quand ? comment ?
Les premiers contacts ont eu lieu il y a deux ans. A l’origine, un appel de Vittorio a tout déclenché. Il m’a demandé si j’étais partant pour apporter ma touche sur des compositions co-écrites avec Stewart Copland en Italie. J’ai dit oui et j’ai donc traversé l’Atlantique pour une dizaine de jours, afin d’enregistrer mes parties. Ça ne s’est pas fait de suite, car j’étais engagé sur d’autres projets. A mon arrivée en Italie, je ne pensais figurer que sur trois-quatre titres. Pas plus. Mais rapidement, avec l’addition de Mark King, quelque chose est née en studio entre nous quatre. On s’est regardé en se disant : «  Et si on faisait de ce projet un véritable groupe ?  ». L’alchimie avait pris. A tous les niveaux : musical, relationnel, en terme de plaisir, … Nous nous sommes tous appropriés les titres en y ajoutant notre style personnel. Au bout des dix jours, tout était en boite. Du coup, la réflexion qui s’imposait était : «  Pourquoi on ne continuerait pas ? Partons en tournée  » !

Nous reviendrons sur la tournée par la suite, mais force est de constater que Gizmodrome est composé de quatre entités très créatives. N’est-ce pas difficile de se fixer des limites et d’éviter que ça parte dans tous les sens ?
Le fait que nous soyons multi-tâches – et j’entends par là, producteurs, auteurs compositeurs – rend les choses plus faciles et on se contente d’aller à l’essentiel. Tout s’est fait rapidement sans se prendre la tête. C’est seulement au moment d’enregistrer les overdubs qu’on s’est demandé ce qu’il fallait de plus. Il y a un producteur en charge de mettre tout ça en forme, pour ainsi dire mais la surprise, elle, elle est toujours là.

Vous parlez de l’effet de surprise. A titre personnel, un musicien comme vous, avec de telles références, parvient-il encore à être surpris en studio que ce soit avec une pointure ou un talent extrêmement bien caché?
C’est exactement ce qu’il s’est passé ici. Dès le début je me suis dit : «  Jouer avec Stewart, ça va être le pied, j’ai hâte ». Mais je ne connaissais pas Vittorio et Mark, du moins en tant que personnes. La mayonnaise a vite pris, bien plus vite que je ne le pensais. On ne peut pas dire qu’il y ait de chien fou dans ce groupe.

Même pas Mark ? Pourtant ce qu’il fait avec Level 42 a fait sa renommée …
Certes mais, ce ne fut pas le cas. Vous l’entendrez sous un jour nouveau. Ne vous attendez pas à du Mark King pur jus. Et c’est aussi valable pour moi.

J’ai envie de dire que ça marche également pour Stewart que l’on sait peu habitué aux mesures impaires, apanage des musiques progressives…
J’ai tout de suite pensé que ça allait être intéressant. J’aime son jeu. Progressif ? Je ne me suis pas posé la question en ces termes. Pour rappel, je ne devais pas faire tout le disque, je comptais profiter de l’Italie après avoir enregistré mes parties (Rires). Mais je dois avouer qu’il m’a beaucoup surpris. On avait ce qu’on a appelé par la suite, «  la boite à gâteaux  » qui était, en réalité, les chansons écrites par Stewart et Vittorio. On en prenait une, on rentrait en studio. On enregistrait trois versions. En fait, quand quelqu’un avait une idée, il endossait le rôle de leader. A ce stade, ils attendaient qu’on apporte une réelle valeur ajoutée personnelle au titre.

Quels ont été les retours sur le premier titre mis en ligne ?
Je ne voudrais pas passer pour un prophète ou autre, mais de ce que j’ai compris les retours semblent prometteurs. Je pense que ce qui a séduit les gens c’est le groove et le plaisir qui se dégagent de ces quatre musiciens a priori reconnus.

Avez-vous toujours, à titre personnel, cette excitation au moment de rentrer en studio ?
Pas toujours, en vérité. Parfois, c’est vraiment par nécessité. Je ne fais plus beaucoup de sessions studio aujourd’hui. Je me concentre sur mon trio. Cela étant dit pour Gizmodrome, je dois avouer que l’envie d’aller plus loin est réelle. Nous avons appris à nous connaître lors de ces sessions mais également lors de dîners intéressants. Là, on a réalisé qu’on était en train de semer les graines de quelque chose qui peut être énorme. Ce sentiment, vous ne l’avez, malheureusement, si peu de fois dans toute votre carrière que vous vous dites qu’il faut absolument en profiter. Cette association est pour moi de grande qualité et ce serait dommage de ne pas en faire profiter le plus grand nombre. C’est pour ça que nous allons partir en tournée pour présenter cet album. C’est actuellement en discussion, mais c’est encore à l’état embryonnaire. Nous allons attendre de voir les réactions à l’album, d’abord.

La transition me semble toute trouvée pour vous demander ce que l’on est en droit d’attendre d’un concert de Gizmodrome ?
Tout d’abord, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de formaté et d’évident. Je m’explique : Stewart est LE chanteur de ce groupe. Mark et moi allons assurer les chœurs et je dois dire que nos voix se complètent à merveille. Stewart est un sacré personnage, un peu comme un acteur qui change de peau, à l’image de Frank Zappa, Les Claypool ou Fred Schneider des B-52’s. Il va jouer le rôle d’un guitariste, mais ne vous leurrez pas, il ne sera pas branché, en dépit des amplis Marshall que vous verrez sur scène. Non, non, ça, c’est moi qui m’en charge ! Il sera également à la batterie, évidemment, mais quand il sera à la guitare et au chant, nous aurons Pete Ray Biggin de Level 42 avec nous. Il nous faudra voir exactement ce qu’on pourra jouer, comme extraits de l’album. J’espère que nous pourrons tout jouer. Après, il s’agira de voir ce qu’on peut ajouter pour constituer un set digne de ce nom. Il est possible que nous piochons dans le répertoire de Stewart et le mien. Mark a déjà fait savoir que ça ne l’intéressait pas trop de jouer du Level 42 et je le comprends, dans la mesure où le groupe est toujours actif. A voir, donc, si nous jouerons du Police ou du King Crimson… affaire à suivre. (Rires).

Voilà qui en faire saliver plus d’un. Mais, au moment où nous parlons, l’album est déjà en boite. Serait-il possible de voir, par exemple, du matériel inédit ou des chutes de studio qui n’ont pas fini sur l’album ?
Il y a effectivement quatre titres que nous avons encore sous le coude. Ils ne sont pas sur le disque tout simplement parce que nous avons choisi ceux que nous pensons être les meilleurs. La situation actuelle est la suivante : nous envisageons d’ores et déjà de commencer à plancher sur le deuxième album. La plus forte des probabilités est que nous jouions certains de ces morceaux en concert pendant les sessions d’écriture. C’est un bon moyen de proposer un premier jet et de revenir dessus par la suite.

Parlons maintenant un peu de votre actualité plus personnelle. Vous avez lancé votre application pour smartphone et tablette. Est-ce que ça a influé l’écriture ou les arrangements ?
Comme j’ai du le dire précédemment, je n’ai pas réellement pris part à l’écriture des titres. J’ai présenté certains de mes titres via Flux à mes collègues (pas tous les membres du groupe, cela étant dit). Ils ont paru intéressés et il est possible qu’à l’avenir, une partie de ce matériel serve pour des nouveaux titres de Gizmodrome. A contrario, si ça ne les emballe pas, je n’aurai aucun problème à m’asseoir avec Stewart et plancher avec lui sur d’autres choses. L’idée première, c’est de se mettre en marche sur le deuxième album avec pour mission de le garder différent … et similaire au premier. (Rires) !

Votre démarche de proposer ces applications est similaire à celle de Jordan Rudess qui en a proposé un grand nombre. Quelle est votre position personnelle vis à vis de la technologie…
La technologie, c’est ma meilleure amie. Depuis des années. Grâce à la technologie, j’ai pu élever ma créativité toujours plus haut. Cela étant dit, je propose des applications mais je passe par un prestataire pour leur donner vie. En somme, je suis la tête et lui, les jambes. Flux est le résultat d’idées que j’avais dans ma tête depuis plusieurs décennies. Pour être plus précis, ça remonte à 1979 alors que j’étais en tournée avec David Bowie. La musique ne doit jamais, selon moi, être deux fois la même. il y a tellement de moyens de faire évoluer une idée, ne serait-ce qu’en y ajoutant des bruits ordinaires, un bruit de voiture ou celui d’une porte qui se ferme. C’était ça, mon idée. Mais comment la matérialiser ? C’était impossible jusqu’à l’apparition des Apps. Trente ans après, j’en ai rêvé et les smartphones l’ont fait (Rires) !

Flux est votre principale création. Avez-vous des idées pour d’autres applications à venir ?
Non, il n’y a pas d’autres applications en projet, mais Flux n’est jamais réellement terminé. Il y a une évolution constante. J’ai déjà une douzaine de titres en chantier prêts à passer la moulinette Flux. J’essaie simplement de matérialiser la musique que j’ai dans la tête et Flux m’y aide parfaitement. Il y une appli dérivée en quelque sorte, Flux FX compatible avec tout : de la musique que vous créez, de la musique déjà enregistrée etc… La raison d’exister de cette application est une réponse à la demande des gens déjà acquéreurs de Flux et qui souhaitaient ajouter des effets supplémentaires à leurs créations.

Vous avez fait partie il y a trois ans, d’un évènement majeur sur la scène progressive, à savoir le Progressive Nation At Sea 2104 mis sur pied par Mike Portnoy. En plus de jouer avec The Adrian Belew Trio, vous avez également rejoint Transatlantic sur scène pour une reprise endiablée de King Crimson. Quels sont vos souvenirs de cette aventure musicale, dans un cadre pour le moins hors norme ?
C’était très sympa. Et amusant car je n’avais pas la possibilité de m’échapper après avoir joué, j’étais entouré par l’océan (Rires) ! L’autre côté sympa c’était qu’il y avait constamment un groupe qui jouait. J’ai joué deux fois avec mon trio avant de rejoindre Mike Portnoy et ses amis pour le grand finale de la croisière. J’ai pris goût à ce cadre et le trio sera d’ailleurs présent sur l’affiche du Cruise To The Edge 2018.

Lors de cette croisière, avez-vous pu voir des groupes que vous souhaitiez voir et, également, en découvrir de nouveaux ?
J’ai vu de jolies choses. En vérité, je ne pouvais pas rester longtemps parce que les gens venaient me voir pendant les concerts et se mettaient à parler. Ce qui, selon moi, n’est pas très respectueux pour l’artiste sur scène. Mais pour résumer, j’ai vu des guitaristes au niveau de jeu effrayant ! (NDR : comprendre par là, que M. Belew a visiblement été subjugué par certains manieurs de manche). J’ai une anecdote sympa. Un soir, quelqu’un est venu frapper à ma cabine et m’a demandé de rejoindre des musiciens qui reprenaient les Beatles à la guitare acoustique. Et là, je me suis fait la réflexion : être sur un festival progressif à jouer des titres des Beatles, avec des musiciens et des groupes qui n’étaient même pas nés à l’époque, reprendre mot à mot les paroles. C’est magique. C’est la marque des grands.



Est-ce qu’un musicien comme vous, avec les références qui sont les vôtres aujourd’hui, est toujours à l’affût de la découverte ?
Non, pas réellement. En vérité, j’ai arrêté de chasser le nouveau talent depuis longtemps. Cela peut paraître surprenant ou égoïste, mais c’est tout sauf ça. Je travaille tous les jours sur ma propre musique. J’enregistre des idées sur mon téléphone quand je ne suis pas en studio. Mine de rien, c’est très chronophage, tout ça. Les titres de mon prochain album sont quasiment terminés. Si je commence à écouter d’autres choses et que ça me plaît, cela risque de finir dans mes morceaux et je n’en ai pas envie. Mon projet solo marche très bien et Flux est pour beaucoup dans ma créativité.

Pour finir, vous avez joué avec Frank Zappa par le passé et vous avez sans doute entendu parler du litige qui oppose Dweezil et son frère Ahmet autour du nom Zappa Plays Zappa. Que pensez-vous de ça ? Bien entendu, c’est triste, mais quelle est la position d’un musicien qui a contribué à l’héritage du Grand Wazoo ?
Je pense que c’est dramatique et regrettable d’avoir étalé ce conflit sur la place publique. Je pars du principe que ce qui concerne la famille reste dans la famille. Je me suis imposé de ne pas prendre partie, d’autant plus que je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de l’affaire. Récemment, Ahmet m’a contacté pour écrire des liner notes pour un album à sortir bientôt et sur lequel je figure. C’est une compilation enregistrée sur quatre nuits dans le cadre de l’album Baby Snakes. Pour autant, je tiens à ma neutralité malgré cette contribution. Il faut saluer Dweezil, car ce qu’il fait mérite le respect. Il met son coeur à faire connaître la musique de Frank au plus grand nombre et il est très sérieux. J’ai joué avec Dweezil une fois à Québec mais pas question d’intégrer son groupe pour une question évidente de temps. Je les ai juste rejoints sur scène et ai livré ma plus belle imitation de Bob Dylan sur « Flakes ». Les gens ont eu l’air d’apprécier (sourires).

Quand nous eûmes vent de cette association de bienfaiteurs auditifs que sont Mark King, Stewart Copland, Vittorio Cosma et Adrian Belew, il fallut se pincer pour y croire. C’est lors d’un passage dans la capitale que la Chromateam a pu s’entretenir avec le génial guitariste qu’est Adrian Belew pour tâcher d’en savoir un peu plus sur ce nouveau super groupe. Et quand on a M. Belew en face de soi, malgré sa simplicité, c’est avec un vouvoiement de respect qu’on le questionne. Morceaux choisis.

 

Chromatique : En toute logique, lors de l’annonce de la naissance de Gizmodrome, on s’est tous demandé ce qu’il se tramait derrière cette association… alors dites-nous tout : où ? quand ? comment ?
Les premiers contacts ont eu lieu il y a deux ans. A l’origine, un appel de Vittorio a tout déclenché. Il m’a demandé si j’étais partant pour apporter ma touche sur des compositions co-écrites avec Stewart Copland en Italie. J’ai dit oui et j’ai donc traversé l’Atlantique pour une dizaine de jours, afin d’enregistrer mes parties. Ça ne s’est pas fait de suite, car j’étais engagé sur d’autres projets. A mon arrivée en Italie, je ne pensais figurer que sur trois-quatre titres. Pas plus. Mais rapidement, avec l’addition de Mark King, quelque chose est née en studio entre nous quatre. On s’est regardé en se disant : «  Et si on faisait de ce projet un véritable groupe ?  ». L’alchimie avait pris. A tous les niveaux : musical, relationnel, en terme de plaisir, … Nous nous sommes tous appropriés les titres en y ajoutant notre style personnel. Au bout des dix jours, tout était en boite. Du coup, la réflexion qui s’imposait était : «  Pourquoi on ne continuerait pas ? Partons en tournée  » !

Nous reviendrons sur la tournée par la suite, mais force est de constater que Gizmodrome est composé de quatre entités très créatives. N’est-ce pas difficile de se fixer des limites et d’éviter que ça parte dans tous les sens ?
Le fait que nous soyons multi-tâches – et j’entends par là, producteurs, auteurs compositeurs – rend les choses plus faciles et on se contente d’aller à l’essentiel. Tout s’est fait rapidement sans se prendre la tête. C’est seulement au moment d’enregistrer les overdubs qu’on s’est demandé ce qu’il fallait de plus. Il y a un producteur en charge de mettre tout ça en forme, pour ainsi dire mais la surprise, elle, elle est toujours là.

Vous parlez de l’effet de surprise. A titre personnel, un musicien comme vous, avec de telles références, parvient-il encore à être surpris en studio que ce soit avec une pointure ou un talent extrêmement bien caché?
C’est exactement ce qu’il s’est passé ici. Dès le début je me suis dit : «  Jouer avec Stewart, ça va être le pied, j’ai hâte ». Mais je ne connaissais pas Vittorio et Mark, du moins en tant que personnes. La mayonnaise a vite pris, bien plus vite que je ne le pensais. On ne peut pas dire qu’il y ait de chien fou dans ce groupe.

Même pas Mark ? Pourtant ce qu’il fait avec Level 42 a fait sa renommée …
Certes mais, ce ne fut pas le cas. Vous l’entendrez sous un jour nouveau. Ne vous attendez pas à du Mark King pur jus. Et c’est aussi valable pour moi.

J’ai envie de dire que ça marche également pour Stewart que l’on sait peu habitué aux mesures impaires, apanage des musiques progressives…
J’ai tout de suite pensé que ça allait être intéressant. J’aime son jeu. Progressif ? Je ne me suis pas posé la question en ces termes. Pour rappel, je ne devais pas faire tout le disque, je comptais profiter de l’Italie après avoir enregistré mes parties (Rires). Mais je dois avouer qu’il m’a beaucoup surpris. On avait ce qu’on a appelé par la suite, «  la boite à gâteaux  » qui était, en réalité, les chansons écrites par Stewart et Vittorio. On en prenait une, on rentrait en studio. On enregistrait trois versions. En fait, quand quelqu’un avait une idée, il endossait le rôle de leader. A ce stade, ils attendaient qu’on apporte une réelle valeur ajoutée personnelle au titre.

Quels ont été les retours sur le premier titre mis en ligne ?
Je ne voudrais pas passer pour un prophète ou autre, mais de ce que j’ai compris les retours semblent prometteurs. Je pense que ce qui a séduit les gens c’est le groove et le plaisir qui se dégagent de ces quatre musiciens a priori reconnus.

Avez-vous toujours, à titre personnel, cette excitation au moment de rentrer en studio ?
Pas toujours, en vérité. Parfois, c’est vraiment par nécessité. Je ne fais plus beaucoup de sessions studio aujourd’hui. Je me concentre sur mon trio. Cela étant dit pour Gizmodrome, je dois avouer que l’envie d’aller plus loin est réelle. Nous avons appris à nous connaître lors de ces sessions mais également lors de dîners intéressants. Là, on a réalisé qu’on était en train de semer les graines de quelque chose qui peut être énorme. Ce sentiment, vous ne l’avez, malheureusement, si peu de fois dans toute votre carrière que vous vous dites qu’il faut absolument en profiter. Cette association est pour moi de grande qualité et ce serait dommage de ne pas en faire profiter le plus grand nombre. C’est pour ça que nous allons partir en tournée pour présenter cet album. C’est actuellement en discussion, mais c’est encore à l’état embryonnaire. Nous allons attendre de voir les réactions à l’album, d’abord.

La transition me semble toute trouvée pour vous demander ce que l’on est en droit d’attendre d’un concert de Gizmodrome ?
Tout d’abord, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de formaté et d’évident. Je m’explique : Stewart est LE chanteur de ce groupe. Mark et moi allons assurer les chœurs et je dois dire que nos voix se complètent à merveille. Stewart est un sacré personnage, un peu comme un acteur qui change de peau, à l’image de Frank Zappa, Les Claypool ou Fred Schneider des B-52’s. Il va jouer le rôle d’un guitariste, mais ne vous leurrez pas, il ne sera pas branché, en dépit des amplis Marshall que vous verrez sur scène. Non, non, ça, c’est moi qui m’en charge ! Il sera également à la batterie, évidemment, mais quand il sera à la guitare et au chant, nous aurons Pete Ray Biggin de Level 42 avec nous. Il nous faudra voir exactement ce qu’on pourra jouer, comme extraits de l’album. J’espère que nous pourrons tout jouer. Après, il s’agira de voir ce qu’on peut ajouter pour constituer un set digne de ce nom. Il est possible que nous piochons dans le répertoire de Stewart et le mien. Mark a déjà fait savoir que ça ne l’intéressait pas trop de jouer du Level 42 et je le comprends, dans la mesure où le groupe est toujours actif. A voir, donc, si nous jouerons du Police ou du King Crimson… affaire à suivre. (Rires).

Voilà qui en faire saliver plus d’un. Mais, au moment où nous parlons, l’album est déjà en boite. Serait-il possible de voir, par exemple, du matériel inédit ou des chutes de studio qui n’ont pas fini sur l’album ?
Il y a effectivement quatre titres que nous avons encore sous le coude. Ils ne sont pas sur le disque tout simplement parce que nous avons choisi ceux que nous pensons être les meilleurs. La situation actuelle est la suivante : nous envisageons d’ores et déjà de commencer à plancher sur le deuxième album. La plus forte des probabilités est que nous jouions certains de ces morceaux en concert pendant les sessions d’écriture. C’est un bon moyen de proposer un premier jet et de revenir dessus par la suite.

Parlons maintenant un peu de votre actualité plus personnelle. Vous avez lancé votre application pour smartphone et tablette. Est-ce que ça a influé l’écriture ou les arrangements ?
Comme j’ai du le dire précédemment, je n’ai pas réellement pris part à l’écriture des titres. J’ai présenté certains de mes titres via Flux à mes collègues (pas tous les membres du groupe, cela étant dit). Ils ont paru intéressés et il est possible qu’à l’avenir, une partie de ce matériel serve pour des nouveaux titres de Gizmodrome. A contrario, si ça ne les emballe pas, je n’aurai aucun problème à m’asseoir avec Stewart et plancher avec lui sur d’autres choses. L’idée première, c’est de se mettre en marche sur le deuxième album avec pour mission de le garder différent … et similaire au premier. (Rires) !

Votre démarche de proposer ces applications est similaire à celle de Jordan Rudess qui en a proposé un grand nombre. Quelle est votre position personnelle vis à vis de la technologie…
La technologie, c’est ma meilleure amie. Depuis des années. Grâce à la technologie, j’ai pu élever ma créativité toujours plus haut. Cela étant dit, je propose des applications mais je passe par un prestataire pour leur donner vie. En somme, je suis la tête et lui, les jambes. Flux est le résultat d’idées que j’avais dans ma tête depuis plusieurs décennies. Pour être plus précis, ça remonte à 1979 alors que j’étais en tournée avec David Bowie. La musique ne doit jamais, selon moi, être deux fois la même. il y a tellement de moyens de faire évoluer une idée, ne serait-ce qu’en y ajoutant des bruits ordinaires, un bruit de voiture ou celui d’une porte qui se ferme. C’était ça, mon idée. Mais comment la matérialiser ? C’était impossible jusqu’à l’apparition des Apps. Trente ans après, j’en ai rêvé et les smartphones l’ont fait (Rires) !

Flux est votre principale création. Avez-vous des idées pour d’autres applications à venir ?
Non, il n’y a pas d’autres applications en projet, mais Flux n’est jamais réellement terminé. Il y a une évolution constante. J’ai déjà une douzaine de titres en chantier prêts à passer la moulinette Flux. J’essaie simplement de matérialiser la musique que j’ai dans la tête et Flux m’y aide parfaitement. Il y une appli dérivée en quelque sorte, Flux FX compatible avec tout : de la musique que vous créez, de la musique déjà enregistrée etc… La raison d’exister de cette application est une réponse à la demande des gens déjà acquéreurs de Flux et qui souhaitaient ajouter des effets supplémentaires à leurs créations.

Vous avez fait partie il y a trois ans, d’un évènement majeur sur la scène progressive, à savoir le Progressive Nation At Sea 2104 mis sur pied par Mike Portnoy. En plus de jouer avec The Adrian Belew Trio, vous avez également rejoint Transatlantic sur scène pour une reprise endiablée de King Crimson. Quels sont vos souvenirs de cette aventure musicale, dans un cadre pour le moins hors norme ?
C’était très sympa. Et amusant car je n’avais pas la possibilité de m’échapper après avoir joué, j’étais entouré par l’océan (Rires) ! L’autre côté sympa c’était qu’il y avait constamment un groupe qui jouait. J’ai joué deux fois avec mon trio avant de rejoindre Mike Portnoy et ses amis pour le grand finale de la croisière. J’ai pris goût à ce cadre et le trio sera d’ailleurs présent sur l’affiche du Cruise To The Edge 2018.

Lors de cette croisière, avez-vous pu voir des groupes que vous souhaitiez voir et, également, en découvrir de nouveaux ?
J’ai vu de jolies choses. En vérité, je ne pouvais pas rester longtemps parce que les gens venaient me voir pendant les concerts et se mettaient à parler. Ce qui, selon moi, n’est pas très respectueux pour l’artiste sur scène. Mais pour résumer, j’ai vu des guitaristes au niveau de jeu effrayant ! (NDR : comprendre par là, que M. Belew a visiblement été subjugué par certains manieurs de manche). J’ai une anecdote sympa. Un soir, quelqu’un est venu frapper à ma cabine et m’a demandé de rejoindre des musiciens qui reprenaient les Beatles à la guitare acoustique. Et là, je me suis fait la réflexion : être sur un festival progressif à jouer des titres des Beatles, avec des musiciens et des groupes qui n’étaient même pas nés à l’époque, reprendre mot à mot les paroles. C’est magique. C’est la marque des grands.



Est-ce qu’un musicien comme vous, avec les références qui sont les vôtres aujourd’hui, est toujours à l’affût de la découverte ?
Non, pas réellement. En vérité, j’ai arrêté de chasser le nouveau talent depuis longtemps. Cela peut paraître surprenant ou égoïste, mais c’est tout sauf ça. Je travaille tous les jours sur ma propre musique. J’enregistre des idées sur mon téléphone quand je ne suis pas en studio. Mine de rien, c’est très chronophage, tout ça. Les titres de mon prochain album sont quasiment terminés. Si je commence à écouter d’autres choses et que ça me plaît, cela risque de finir dans mes morceaux et je n’en ai pas envie. Mon projet solo marche très bien et Flux est pour beaucoup dans ma créativité.

Pour finir, vous avez joué avec Frank Zappa par le passé et vous avez sans doute entendu parler du litige qui oppose Dweezil et son frère Ahmet autour du nom Zappa Plays Zappa. Que pensez-vous de ça ? Bien entendu, c’est triste, mais quelle est la position d’un musicien qui a contribué à l’héritage du Grand Wazoo ?
Je pense que c’est dramatique et regrettable d’avoir étalé ce conflit sur la place publique. Je pars du principe que ce qui concerne la famille reste dans la famille. Je me suis imposé de ne pas prendre partie, d’autant plus que je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de l’affaire. Récemment, Ahmet m’a contacté pour écrire des liner notes pour un album à sortir bientôt et sur lequel je figure. C’est une compilation enregistrée sur quatre nuits dans le cadre de l’album Baby Snakes. Pour autant, je tiens à ma neutralité malgré cette contribution. Il faut saluer Dweezil, car ce qu’il fait mérite le respect. Il met son coeur à faire connaître la musique de Frank au plus grand nombre et il est très sérieux. J’ai joué avec Dweezil une fois à Québec mais pas question d’intégrer son groupe pour une question évidente de temps. Je les ai juste rejoints sur scène et ai livré ma plus belle imitation de Bob Dylan sur « Flakes ». Les gens ont eu l’air d’apprécier (sourires).